Il y a maintenant un peu plus d’un an que le secteur de la croisière est en arrêt technique. Malgré une reprise graduelle, il n’a toujours pas retrouvé son rythme d’activité. Président de l’association internationale des compagnies de croisière (CLIA), Pierfrancesco Vago, qui est aussi le patron de la compagnie MSC, s’exprime sur cette crise et détaille les défis à relever dans un long entretien accordé à notre confrère Mer et Marine,
Reprise des croisières en France le 30 juin
« Nous avons aujourd’hui identifié des régions et des itinéraires permettant la reprise pour chaque marché et nous allons assister à une montée en puissance progressive ». Ainsi, en France, l’activité reprendra ainsi à compter du 30 juin, date à laquelle les croisières seront de nouveaux autorisées au départ ou à destination des ports français. Mais Pierfrancesco Vago ne voit cependant pas le retour à la normale avant l’année prochaine.
La vaccination fera partie du voyage
« Les vaccins changent la donne contre la pandémie, c’est une évidence, estime Pierfrancesco Vago, et l’opinion publique évolue favorablement. Je pense donc que la vaccination fera à terme partie des voyages et d’ailleurs, dans notre industrie, certaines compagnies ont décidé de ne reprendre leur activité cet été qu’avec des clients vaccinés. Nous verrons aussi comment va évoluer la question des pass sanitaires au niveau des Etats car tout dépendra finalement des décisions que prendront les gouvernements », rappelle Pierfrancesco Vago. (NDLR : Norwegian a annoncé que sa première croisière à partir d’un port américain depuis l’arrêt forcé, réservée aux passagers complètement vaccinés, partira le 7 août de Seattle. Carnival et trois de ses filiales, Princess Cruises, Holland America Line et Carnival Cruise Line, prévoient de reprendre les trajets entre Seattle et l’Alaska à partir du 24 juillet.)
L’endroit le plus sûr
Pour ce dernier, avec une véritable bulle sanitaire à bord comme lors des escales, la croisière est sans conteste l’endroit le plus sûr pour un voyage touristique. Pourquoi ? parce que l’industrie de la croisière a mis en place des protocoles sanitaires qui vont plus loin que tout ce que l’on peut trouver dans le secteur des voyages, de l’hospitalité et du divertissement.
Aux Etats-Unis, les efforts sur la campagne de vaccination sont considérables et le président Biden parle d’atteindre l’objectif d’une immunité collective d’ici le début du mois de juillet. Dans ce contexte, les choses se présentent vraiment bien maintenant pour permettre une reprise des opérations, avec comme objectif juillet ou août. Pierfrancesco Vago évoque aussi la complexité de la gestion des équipages et de la remise en service des navires, qui demande entre 60 et 90 jours
Chaque jour, 2.500 emplois perdus…
Le président de CLIA souligne l’impact de la crise sur l’économie : en 2019, l’industrie de la croisière générait 1.2 million d’emplois et 155 milliards de dollars d’activité économique, dont 50 milliards de salaires et charges. Chaque jour de suspension a entraîné 2.500 pertes d’emplois directs ou indirects.
Pour la France, les retombées étaient avant la crise de 4 milliards d’euros par an, pour plus de 2000 emplois, notamment aux Chantiers de l’Atlantique et aussi autour des ports français qui accueillent des navires.
Sur les chantiers navals, les commandes ont heureusement pu être maintenues. Entre 2021 et 2022, vingt nouveaux navires vont entrer en flotte, ce qui signifie que l’industrie continue d’aller de l’avant et que les investissements sont toujours là, assure Pierfrancesco Vago.
Des croisières plus vertes, élément de compétitivité
Pour relever le défi environnemental, le secteur a déjà investi 20 milliards notamment dans les nouvelles technologies, même si la croisière représente moins de 1% du transport maritime, qui n’est lui-même responsable que de 2,2 % des émissions globales de gaz à effet de serre. Et « le développement de technologies vertes va être un élément essentiel de compétitivité face à la concurrence internationale », estime Pierfrancesco Vago
Sur la taille des navires, en revanche, Pierfrancesco Vago ne croit pas qu’elle va diminuer car si la croisière a connu une croissance très importante, elle ne représente encore aujourd’hui que 2% des flux touristiques.
[Source : Mer et Marine]