Les 3.000 m² de l’espace muséal installé dans la gare de Liège-Guillemins sont cette fois consacrés à Napoléon Bonaparte dont on célèbre ce 5 mai le bicentenaire de la mort. « Napoléon au-delà du mythe » propose en effet une approche objective et critique qui permet de découvrir différentes facettes de cette personnalité hors normes.
L’exposition s’organise autour de différentes thématiques, une douzaine, jalonnées de grands décors immersifs qui plongent le visiteur entre autres dans un champ de bataille avec bivouac de quoi mettre en lumière le stratège militaire, ou encore dans une salle de bal aux Tuileries qui illustre les fastes de la Cour pour impressionner toutes les cours étrangères.
Même à Ste-Hélène, Napoléon imposait le respect du protocole jour après jour et il sera jusqu’à son dernier souffle l’empereur Napoléon faisant fi des Anglais qui voulaient le ramener au simple rang de général Bonaparte.
Un peu d’histoire
L’exposition s’ouvre sur un flash-back avec le retour triomphal de ses cendres à Paris, en 1840, depuis le rocher de Sainte-Hélène où il vécut les 6 dernières années de sa vie. Elle poursuit par la mise en perspective du contexte qui lui a permis de prendre peu à peu le pouvoir : un survol rapide de la fin de l’Ancien Régime, de la Révolution de 1789, de la chute de la Monarchie (avec une mise en scène sanglante de la guillotine), de la République et du Directoire.
Nous sommes alors en 1795, Napoléon Bonaparte est nommé général de l’armée de la République après avoir maté une insurrection de 25.000 royalistes à Paris et il devient très populaire après avoir vaincu les Autrichiens en Italie en 1797.
La campagne d’Égypte de 1798 n’est pas un grand succès militaire mais sa popularité reste intacte et à son retour en octobre 1799, tout est en place pour le coup d’État du 18 Brumaire (9 novembre) et Napoléon Bonaparte arrive à imposer sa nomination comme Premier Consul.
Il a 30 ans quand il devient chef de l’État. D’autres coalitions vont se succéder jusqu’à la dernière à Waterloo qui lui sera fatale. Il aura livré 57 batailles dont 42 victoires, 11 défaites et 4 au verdict incertain. Les plus fameuses sont partiellement évoquées au fil de l’exposition.
Le plus intéressant se trouve, au-delà du bivouac de campagne recréé, dans les nombreux détails qui donnent sens à la vie de la Grande Armée toujours accompagnée, haranguée et disciplinée sous la houlette de son général.
La construction de la légende
Le sacre de l’Empereur qui se couronna lui-même et posa ensuite la couronne sur la tête de Joséphine, le tout sous la bénédiction du pape Pie VII est incontournable. La présence du pape et le choix de la cathédrale Notre-Dame ne sont pas anodins.
Aucun roi de France n’a été sacré par un empereur hormis Charlemagne en l’an 800, un illustre prédécesseur. Par ailleurs Napoléon voulait se démarquer des rois de France qui étaient traditionnellement couronnés à Reims.
Le choix de la cathédrale peut apparaître aux catholiques comme un gage de réconciliation après le bannissement de leur religion par la Révolution française. Napoléon fera d’ailleurs le serment de gouverner dans les seuls intérêt, bonheur et gloire du peuple français. Il sera au service du peuple et non pas maître de la France.
Autre thématique essentielle, la maison de l’Empereur où il veillera à ce que l’apparat et le faste retrouvent leur éclat. Napoléon Bonaparte naît en 1769 soit 60 ans après la découverte d’Herculanum et 21 ans après le début des fouilles de Pompéi. Ses campagnes en Italie et en Égypte, où pour cette dernière il a emmené quelque 167 ingénieurs, artistes et scientifiques, lui ont permis de s’imprégner encore davantage de cette civilisation antique.
Alexandre le Grand et Jules César sont ses modèles et on ne s’étonne pas de retrouver une large influence de l’Antiquité dans ses réalisations architecturales comme dans les éléments de décoration qui l’entourent. Il a initié ainsi la construction de la Madeleine qui devait être un temple à la gloire de la Grande Armée avant de devenir une église sous Louis XVIII, mais on lui doit aussi deux arcs de triomphe, celui du Carrousel et celui majestueux achevé en 1840 sous lequel on veilla en dernier hommage à faire passer son catafalque contenant ses cendres.
Pour que le faste de sa cour ne rappelle pas la royauté, Napoléon veille à ce que ses représentations empruntent tout à la Rome antique. C’est la naissance du style Empire qui deviendra le style officiel des cours européennes à partir de 1810, une diffusion facilitée par le goût néoclassique bien installé en Europe depuis les fouilles d’Herculanum et de Pompéi.
A découvrir dans la vaisselle de Sèvres, les tabatières, les portraits, les gravures, les biscuits, les pièces de monnaie où il apparaît couronné de lauriers tel Jules César.
Infos pratiques : Un site www.europaexpo.be. L’exposition se tiendra sur le site de la gare Liège Guillemins jusqu’au 9 janvier 2022. Le ticket est à prendre en ligne, le prix d’entrée inclut un audio-guide. Une réduction de 50% est accordée sur le prix du voyage en train jusqu’à l’exposition (trajet aller-retour)