Courchevel, un des fleurons de la montagne française, avec ses multiples pistes qui en font le terrain de jeu privilégié des skieurs, quel que soit leur niveau de compétence. Mais sait-on que durant l’été, la station devient un coin de paradis pour les amoureux de grands espaces et de liberté, randonneurs ou juste flâneurs, sans oublier l’expérience gastronomique offerte par le Chabichou ?
La montagne ne connaît pas de saison, elle vit toute l’année et si, en hiver, elle offre à Courchevel le plus grand domaine skiable au monde, dès l’été, elle s’habille de vert et invite à de belles randonnées au cœur d’un paysage grandiose, d’autant que la proximité du Parc national de la Vanoise a permis la sauvegarde d’un patrimoine naturel exceptionnel qui encourage toutes les formes conjuguées d’un tourisme vert.
La Demoiselle endormie
Vous êtes un fan de Courchevel l’hiver ? N’y venez pas l’été si vous espérez y retrouver son ambiance naturellement festive et brillante. Dès que les skis, raquettes et autres accessoires ont été remisés, la station semble s’assoupir, attendant sans doute le baiser glacé des premiers flocons pour s’éveiller pétillante.
Quand on quitte la vallée de St-Bon, la route grimpe vers des versants boisés parsemés de replats d’alpages qui se déploient face à un horizon de montagnes hérissé par l’Aiguille du Fruit, La Saulire et la Croix des Verdon.
En passant du monde d’en bas à celui d’en haut, on quitte l’agitation de la nationale pour pénétrer dans la quiétude d’un vieux village, Courchevel 1300, autrement appelé Le Praz, qui a conservé son cachet de hameau savoyard avec des chalets pittoresques enroulés autour de ruelles étroites envahies par les enfants qui y jouent au ballon ou en vélo quand ils ne sont pas au lac du Praz qui borde le village.
Si, d’un côté, ce sont les pêcheurs qui s’y donnent rendez-vous pour y taquiner la truite, de l’autre, dans une aire délimitée, ce sont les plus jeunes et les moins jeunes qui s’en donnent à cœur joie entre toboggans, larges bouées et petits canoës, sous le regard des parents et des badauds qui profitent des abords du lac aménagés pour la promenade, la détente et le pique-nique.
Envie de davantage de quiétude ? Il faut alors grimper jusqu’à la station la plus prisée, Courchevel 1850 qui jouit d’une situation privilégiée en balcon sur une dentelle de sommets : le mont Jovet, le sommet de Bellecôte, le Grand bec, autant d’appels pour s’offrir de belles randonnées et refaire le plein d’énergie.
A cette altitude, le cœur de la station ne s’anime que lorsque les enfants envahissent la plaine de jeux et que les magasins de sport branchés accueillent les estivants trop heureux de profiter des démarques importantes sur les tenues d’hiver de la saison précédente.
Libéré de son manteau hivernal, le village révèle tout son charme : chapelles patinées et chalets ceinturés de balcons en bois et chapeautés de toitures couvertes de lauzes. Le plus emblématique est sans aucun doute l’élégant chalet de bois blanc lazuré du Chabichou dont la façade illuminée par le soleil explose de couleurs avec ses jardinières chargées de pétunias roses.
S’il n’est pas le seul à Courchevel à recueillir les étoiles des guides cotés, c’est en tout cas le seul qui ne ferme jamais, quelle que soit la saison. Un indéniable atout pour tous ceux qui cherchent à se ressourcer dans le confort douillet d’une maison familiale et historique.
Le Chabichou, indissociable de Courchevel
C’est en 1946 que Courchevel a été créée, première station française de sports d’hiver à naître en site vierge. Dans cette zone, les bergers veillaient à ne pas faire pâturer les jeunes veaux car l’herbe verte et drue leur écorchait la langue, « écortzevé » disaient-ils en patois St-Bonnais. Le mot a évolué pour donner Courchevel.
Dans les années 60, la station attire déjà les stars et le showbiz. En 1963, Michel Rochedy, initié depuis sa tendre enfance au goût des bonnes choses sur les terres ardéchoises familiales, décide de s’installer à la montagne où il a rencontré Maryse, sa compagne de toujours.
Le jeune couple s’endette en rachetant à Courchevel un petit chalet de 9 chambres. A l’époque, on y trouve plus de vaches que de skieurs, le lait a le goût de la réglisse et la crème parfume les desserts et le café matinal.
Comme le jeune chef est resté fidèle au goût acquis dans l’enfance, il invente des recettes qui jettent aux oubliettes le rapide steak-frites mais aussi les éternels gratins de pommes de terre ou autres tartiflettes servis généralement dans les stations de ski. Sa philosophie ? « Faites simple, vous risquez de faire bon ».
Épicurien généreux, il veille à travailler avec des produits frais et durant l’été, il invite volontiers les curieux à découvrir son potager qui abrite une soixantaine d’herbes qui parfument les assiettes : agastaches, serpolets, fleurs de sauge, pensées et autres trésors de la nature qui subliment les plats.
Amoureux du travail bien fait, il ne tarde pas à décrocher un premier macaron en 1979, complété par un second cinq ans plus tard. La maison grandit, elle a gagné ses 4 étoiles. Pour fêter le cinquantenaire de leur belle aventure, les Rochedy ont créé un complexe de bien-être qui court sous la piste de ski, le fameux boulevard du Chabichou, un petit paradis de bien-être.
Lieu de remise en forme mais surtout de détente et de volupté idéale après une journée sportive, quelle que soit la saison. Dernier-né, le Chabotté, un restaurant bistronomique, adossé à une boulangerie-épicerie fine où défile tout le village, trop heureux de s’offrir des produits d’exception à prix doux dans une ambiance familiale.
En 2018, changement de propriétaire et rénovation complète intérieure très réussie, avec un décor brut où tout respire le confort. Côté cuisine, Michel Rochedy secondé depuis 1987 par Stéphane Buron, meilleur ouvrier de France, lui a laissé la place et celui-ci a fait une entrée fracassante en obtenant en solo sa première distinction, un double macaron !
Le Katz et Le Sidonie enrichissent cet univers qui devrait prochainement voir apparaître une extension, un autre satellite dans ce monde étoilé. Le Katz, bistronomie au pied des pistes, assure décontraction et détente jusque très tard grâce à l’animation musicale et artistique tandis que La Sidonie offre une ambiance délicatement cosy autour de son bar.
Encore plus haut, une bouffée d’oxygène
Pour mieux se fondre encore dans le grand silence de la montagne, il faut chausser ses bottines et grimper vers le refuge du Grand-Plan, à quatre heures à peine de Courchevel. Très vite la marche se révèle être le rythme juste pour saisir l’instant.
Le sentier balisé s’élève au-dessus de la combe d’un ruisseau, il grimpe en douceur dans un décor de pâturages fleuris cernés de parois rocheuses. Peu à peu on s’approprie la beauté du site, on oublie le poids du sac à dos, on sent l’organisme qui s’allège et se purifie au fil de l’itinérance.
Quand enfin on voit surgir le grand chalet en bois qui semble posé au cœur d’un écrin montagneux, on s’étonne d’y être déjà. Des chiens accourent pour mieux vous guider vers la terrasse où le gardien du refuge accueille ses hôtes avec un verre de vin du pays ou de génépi.
Installé sur les itinéraires de randonnées du Parc National de la Vanoise, le refuge attire ceux qui ont le goût de la randonnée. Quatre lacs enchâssés sont disséminés aux alentours.
Bleus, émeraude ou noirs, tout est question d’heure, ils animent les massifs avec leurs jeux de miroirs reflétant les cimes des alentours. Spectacle sans cesse renouvelé à découvrir à son rythme.
Pour ceux qui se donnent la peine de gravir le massif en adoptant le pas souple et lent des Savoyards de souche, la montagne révèle ses charmes secrets : une rhapsodie mouvante de lignes, de couleurs et de sons qui surgissent en écho : une pierre qui roule sous le sabot d’un chamois, la clarine des vaches tarines à la robe auburn, le sifflement strident des marmottes surprises dans leurs jeux.
Magie d’une sieste réparatrice sur un tapis de fleurs d’alpage : le millepertuis, l’astragale queue de renard, l’anémone des Alpes, la gentiane, l’armoise, la joubarbe, la campanule alpestre, l’orchidée, le lys de St-Bruno, et bien d’autres encore qui font le délice des troupeaux qui passent l’été à l’estive.
Elles y produisent un lait parfumé, l’ingrédient essentiel du fromage de Beaufort, un fromage à pâte pressée cuite que le gardien partagera à toutes les sauces sur sa table d’hôtes, pour le plus grand plaisir de tous.
Pendant que les enfants découvrent le plaisir des chambres partagées, les adultes prolongent la soirée.
Un moment de partage d’expériences et d’émotions, une rencontre qui ouvre à chacun de nouveaux horizons avant de plonger dans une nuit sereine à 2300 m d’altitude.
Infos pratiques.
Infos : Le site www.courchevel.com est bien documenté sur les activités d’hiver et d’été de la station. A parcourir également le site du Parc national de la Vanoise qui a fêté en 2013 ses 50 ans www.parcnational-vanoise.fr.
Y aller : Au départ de Bruxelles, la station est à quelque 900 kilomètres, une distance aisée à parcourir en une étape durant l’été.
Se loger : Le Chabichou propose des forfaits de quelques jours ou plus en y incluant des activités et des repas dans ses deux restaurants www.lechabichou.com . Cet été la pandémie a malheureusement fermé Le Chabichou, rendez-vous est pris dès décembre 2021. A Courchevel Le Praz, une autre adresse moins cossue sans doute mais bien agréable mérite le détour, Les Peupliers, en face du lac, une maison chaleureuse et familiale www.lespeupliers.com
Le refuge du Grand Plan : Ouvert en été uniquement, il offre un service de restauration, de nuitées et diverses activités de montagne pour ceux qui le désirent www.refuge-grandplan.fr.