Enfin ! L’étau se desserre (un peu) sur le secteur du voyage : bien que sous certaines conditions, les voyages « non essentiels » seront à nouveau autorisés dès lundi prochain. Une date cruciale, notamment pour l’aéroport de Bruxelles, qui n’a enregistré que 9 % de son trafic habituel en mars.
Pour l’instant, seules certaines parties du Portugal, de l’Espagne ou encore de l’Irlande sont en orange clair. Le reste de l’Europe, dont la France, se situe en zone orange foncé voire rouge. Ainsi, les mesures de « quarantaine » de sept jours à l’entrée en Belgique pourront être supprimées dès la mise en circulation du fameux « certificat vert », que l’Union Européenne prévoit pour la fin juin.
Les voyages vers des pays ou régions peu sûrs du point de vue de la pandémie, comme par exemple le Brésil, resteront interdits. Et, d’une manière générale, il faudra bien entendu se conformer aux mesures en vigueur à destination, comme l’obligation de passer un test ou de se soumettre à une période de quarantaine, à l’aller comme au retour.
Le secteur a besoin d’aides
Certes, cela ne suffira pas à ce que le secteur du tourisme retrouve son rythme de croisière. Hedy Hafsia (photo), directeur de Your Travel et éphémère président de l’Union professionnelle, a rappelé cette fois sur la chaîne belge d’actualités LN24 que, à l’inverse par exemple du secteur Horeca, le personnel des agences de voyage n’a pas cessé de travailler depuis un an, et sans aucun revenu, essentiellement à régler les questions liées au Corona voucher ou des dossiers d’indemnisation.
« Le secteur du voyage, a-t-il ajouté, a besoin d’aides à la relance afin de pouvoir rouvrir la quasi-totalité des agences de voyage, qui doivent retrouver une trésorerie positive ». Car on ne retrouvera pas tout de suite les chiffres d’affaires d’avant la crise, quand le secteur était sain.
Compromis « à la belge »
Très attendu, le Comité de Concertation d’hier mercredi a été, dit-on, le théâtre de belles empoignades, notamment sur la réouverture ou non des terrasses des cafés et restaurants. Le secteur Horeca était hostile à une réouverture partielle de ses établissements, arguant d’une discrimination et soulignant la difficulté d’application dans un pays où la météo est aussi capricieuse…
Une nouvelle fois, les décisions acquises ont fait l’objet d’un « compromis à la belge » où, à défaut de contenter tout le monde, on tente de ne mécontenter vraiment personne : c’est finalement à la date du 8 mai que les terrasses pourront ouvrir, et que le couvre-feu sera aboli.
Accessoirement, si l’on peut dire, les écoles rouvriront aussi leurs portes lundi prochain pour les maternelles et les élèves des primaires (sans masque) et, partiellement, secondaires. Les métiers de contact pourront reprendre leurs activités le 26 avril.
Paradoxalement, Bruxelles et la Wallonie étaient, aujourd’hui, les régions d’Europe les plus touchées par le Covid-19. Depuis le début de la crise, l’Europe déplore à présent un million de morts, dont 23.000 en Belgique — un taux, relativement à la population, comparable à celui de la France : 100.000 décès — et si le chiffre les contaminations ralentissent quelque peu, celui des décès y repart à la hausse, avec une moyenne de 40 par jour. C’est pourtant maintenant que les autorités sanitaires lâchent du lest, sous la pression, à la fois, du mécontentement général et de l’évidente inefficacité de nombreuses mesures, arbitrairement décidées.
L’horreur institutionnelle
Les Belges comprennent mal, en effet, les différences d’une Région à l’autre : le couvre-feu, par exemple, fixé de 22 h à 6 h Bruxelles mais de minuit à 5 h en Région Wallonne ou en Flandre. Quand on sait que la « frontière » entre les Régions passe parfois au milieu du village, voire de la rue…
Et sans compter qu’il était en vigueur de 19 h à 6 h en France, où travaillent de nombreux frontaliers, et de 21h00 à 04h30 aux Pays-Bas. D’une commune à l’autre, même, certaines ayant rendu le port du masque obligatoire même en rue, d’autres non, et bien qu’on sache que cette précaution soit parfaitement inutile.
Il n’est évidemment pas question de remettre en cause le sacro-saint principe de l’autonomie communale, hérité du Moyen Age, pas plus que la régionalisation, héritée de mai 68. Les circonstances montrent cependant que sous sa forme actuelle, le premier royaume fédéral de l’Histoire a généré une horreur institutionnelle dont on voit aujourd’hui les limites.