Quasi privé de voyageurs depuis le début de cette année (de l’ordre de 10% du trafic enregistré en 2019 à pareille époque!), l’ aéroport carolo, qui totalise quelque 650 emplois directs, souffre énormément.
Les pertes pour 2020 sont estimées à 22,3 millions EUR.
Dans ce contexte devenu critique, la branche publique de l’actionnariat (Sowaer= Région Wallonne et Sambrinvest) met les bouchées doubles pour éviter la déconfiture !
Les besoins financiers pour tenir le coup ont été estimés à quelque 40 millions EUR , dont 10 millions acquis (avec l’accord formel de la Commission Européenne ?) via un abandon de créances de Sowaer.
La société Sowaer, pour rappel, n’est autre que le véhicule de La Wallonie pour ses politiques aéroportuaires.
Non paiement des redevances !
Rappelons aussi qu’un arrêt de la Cour de justice européenne impose à la société commerciale d’exploitation Charleroi Airport le paiement d’une redevance annuelle de l’ordre de 15 millions pour l’utilisation des infrastructures aéroportuaires de Gosselies.
En 2020, crise sanitaire oblige, Charleroi Airport a été autorisé à reporter le paiement de cette redevance, avec la bénédiction des autorités européennes. Il semble que ce même scenario de report sera d’application en 2021.
Montée de l’actionnaire privé
Mais on apprend dans le plan de survie de l’aéroport défendu la semaine dernière par les pouvoirs publics wallons que dans le plan de survie estimé à 40 millions, 10 millions viendront via un…. abandon de créance de Sowaer !
Pour le reste et comme dans tout plan de ce type, l’ensemble des «acteurs» (sauf le personnel qui restera au grand complet mais avec plus de flexibilité !) sera invité à contribuer à l’effort de survie.
Concrètement, le partenaire privé minoritaire Belgian Airport (l’italien Save avec ses deux nouveaux actionnaires français et allemand) grimperait de 27,5% à 48% au capital, contribuant ainsi à due concurrence au plan de relance. Soit plus de 10 millions EUR à injecter par ce partenaire privé pour la recapitalisation !
Redistribution actionnariale
Dans cette redistribution actionnariale annoncée, Sowaer et Sambrinvest notamment seraient dilués respectivement de 50,2% à 36% et Sambrinvest de 19 à 13,5%.
Des modifications majeures dans le capital qui devraient intervenir au plus tard en juin prochain au moment de l’assemblée générale annuelle.
Quel effort concédé par Ryanair ?
L’autre grand volet de ce refinancement de survie, dès lors, répétons-le, qu’aucun des 650 emplois directs ne sont menacés, se situe au niveau des clients de Charleroi Airport.
La low cost irlandaise Ryanair assure à Charleroi plus de 80% de l’activité en temps normal. Ce client bénéficie contractuellement (jusqu’en 2025) et depuis de très nombreuses années de conditions très attractives pour opérer de et vers Charleroi.
Ce sont celles-ci que l’aéroport entend revoir (redevances et taxes d’atterrissage) dans le cadre d’un nouveau contrat de partenariat.
Quelles seront les exigences de Ryanair pour accepter cette redistribution des cartes ? Mystère à l’heure actuelle.
Et par Wizz Air ?
Le 2ème client en importance à Charleroi est la low cost hongroise Wizz Air. Ici aussi l’intention est de la faire payer plus, tout en l’encourageant à créer une « base » (avions hébergés la nuit sur le tarmac de Gosselies) sur les bords de Sambre.
A notre connaissance, rien n’est acquis ici non plus. Enfin la lancinante question de la diversification de la clientèle reste posée.
Au-delà de quelques vols annoncés vers les Antilles (françaises et néerlandaises) par Air Belgium, de nouveaux utilisateurs pour la piste, allongée dans les prochaines semaines, doivent être trouvés.
Dans le contexte sanitaire actuel, les compagnies aériennes européennes (ou autres) sont plutôt en mode «survie» que dans la perspective d’ouvrir rapidement de nouvelles routes… intercontinentales !
Bref, c’est peu dire les challenges qui attendent encore les dirigeants et autres nombreux experts gravitant dans et autour de l’aéroport hennuyer ces prochains mois.