On a déjà vu les velléités d’indépendance de Forvik (voir Découverte – Destination N°18), mais qu’en est-il du reste de l’archipel ? C’est surtout dans son passé qu’on le trouve ballotté entre Norvège, Écosse et Royaume-Uni.
Les Shetlands comptent une centaine d’îles qualifiées de « subarctiques », au sud-est de Féroé. Particularité géographique : l’archipel est bordé à l’ouest par l’Atlantique, et à l’est par le Mer du Nord. Sur certains points élevés tel que le Ronas Hill (450 m d’altitude), on peut voir autour du solstice d’été (21 juin) le soleil de minuit ! Et plus rarement une aurore boréale.
La population est de 23.000 habitants, dont 8000 à Lerwick, la capitale et port important, située sur la plus grande île, celle de Mainland. Le climat, comme on peut s’y attendre, est « océanique », c’est-à-dire qu’il est doux, mais qu’il pleut 250 jours sur 365 ! Et le soleil ne se montre en moyenne que 45 jours par an…
Bien avant les empreintes laissées par les Vikings, les vestiges préhistoriques sont très nombreux : on ne compte pas moins de 5000 sites, les plus anciens datant de plus de 6.000 ans ! Mille ans plus tard (vers -3400), on trouve les premières traces néolithiques, ce qui est assez tôt pour l’Europe et surtout pour un endroit aussi isolé : des restes de maisons circulaires en pierres et des outils d’agriculture comme une houe, par exemple.
De nombreux cairns parsèment les îles, ainsi que des mégalithes, parmi lesquels on trouve une curiosité typiquement écossaise : les brochs. Ce sont des tours assez hautes, en pierres sèches, circulaires, assez semblables aux nuraghes de Sardaigne.
Du temps des Romains, qui n’ont jamais conquis l’Ecosse, la population locale est composée de Pictes (ainsi appelés parce que, croit-on, ils se peignaient le visage). De 9e au 14e siècle, les Vikings norvégiens occupent les îles, qui sont aussi revendiquées par les rois écossais. Mais le commerce se fait essentiellement avec le port de Bergen, membre de la Ligue Hanséatique.
Les ligués achètent du poisson aux Shetlands et y vendent de la bière : échange de bons procédés. Sans doute aussi du blé, parce que les terres agricoles sont réduites, il s’agit surtout de pâturages à moutons. Ces derniers offrent leur laine, une des plus douces qui soit et qui fait le bonheur des industries drapières du continent. Et outre le mouton de race Shetland, n’oublions pas les fameux poneys, le chien de berger, et même les oies.
Mais ce qui a tout bouleversé sur ces îles, c’est la découverte dans les années 70 du pétrole de la Mer du Nord. Exploité conjointement par l’Ecosse et la Norvège, il est évident que cette exploitation a rapproché les Shetlands et le pays scandinave.
Les autres sources de revenus des îliens sont la laine shetland et la pêche : surtout celle du maquereau, mais aussi de la morue et du hareng. L’emploi a explosé, la richesse est venue, et comme à chaque fois, sont apparus quelques mouvements indépendantistes. La plupart des habitants ne sait pas bien si elle se considère comme écossaise au scandinave. Des traditions vikings ont perduré aux Shetlands, comme la très spectaculaire Up Helly Aa, une procession aux flambeaux qui se déroule au mois de janvier, avec des centaines de participants habillés comme les Vikings.
Pour le visiteur, ce qu’il est important de savoir sur l’archipel, c’est d’abord ce qu’on y mange : mouton, bœuf et fruits de mer. Et y boit de la bière. On peut visiter de nombreuses réserves naturelles, dont trois sont « nationales », qui protègent un grand nombre d’espèces d’oiseaux marins. Il n’y a quasi pas d’arbres sur les îles, sans doute coupés jadis pour le chauffage ou les besoins de la marine. Alors les locaux se chauffent encore parfois à la tourbe, très présente. Pas de mammifères sauvages non plus, à l’exceptions de souris et de rats, sans compter les lapins.
On atteint les Shetlands en 12 heures de ferry depuis Aberdeen ou Kirkwall, mais le plus facile reste l’avion. Loganair opère dix fois par jour environ depuis l’aéroport de Sumburgh (à 40 km de Lerwick), vers Edinburg, Glasgow, Aberdeen ou Londres, avec à bord essentiellement des employés des firmes pétrolières. Le terminal pétrolier de Sullom Voe est le plus grand d’Europe !
Enfin le tourisme n’est certes pas à négliger : les bateaux de croisière s’arrêtent régulièrement aux Shetlands, en route vers des destinations encore plus nordiques, et y débarquent près de 30.000 visiteurs. Rien de tel que la croisière pour visiter le Nord !