En Europe, nous avons parfois la fâcheuse tendance à donner des leçons au monde entier, et notamment aux Américains…
Une preuve ? Fin de l’année dernière, nos politiques et nos médias portaient un regard dénigrant sur la politique sanitaire des États-Unis et sur le modèle social américain. C’est vrai que le déni de Donald Trump face au covid-19 a fait perdre du temps et provoqué des morts inutiles aux États-Unis.
Mais ce pays n’est pas la première puissance économique et politique du monde par hasard ! Au-delà des premiers errements, qu’a fait Joe Biden, une fois élu à la Maison Blanche ? Il a dit qu’il allait vacciner 100 millions d’Américains sur 100 jours. And guess what, il l’a fait ! Aux Etats-Unis, on vaccine 2,5 millions de personnes par jour contre 500.000 personnes début janvier.
Et pendant ce temps, en Europe, on patine… 12% de la population européenne a reçu au moins une dose, contre 37% aux États-Unis, 43% en Grande-Bretagne et je n’ose plus vous parler du score fantastique d’Israël.
Alors, sauf à être sadique, pourquoi revenir sur ce fiasco européen ? Mais parce qu’en sortant de la crise pandémique avant nous, les Américains ont gagné la bataille du rebond de la croissance. Les Chinois, qui sont à l’origine de la crise, sont déjà sortis de crise et puis maintenant c’est autour des États-Unis, et nous, en Europe, on sortira bons derniers… C’est dingue alors que Pasteur est pourtant né en Europe et pas en Chine ni aux États-Unis.
Le résultat est tristement simple : alors que les prévisions de croissance sont revues à la hausse pour les États-Unis, elles sont revues à la baisse pour notre vieux continent. La faute à qui ? La question mérite d’être posée surtout dans une société dont les médias sociaux sont toujours à la recherche d’un coupable.
Pour comprendre, notre échec, notre fiasco collectif en tant qu’Européens, il faut lire un article du New York Times, publié ce 20 mars. Il tourne justement sur les réseaux sociaux.
Officiellement, nous avons été plus lents à la détente, parce que c’est l’argent du contribuable qui est en jeu et qu’il faut ne pas le dilapider nous a-t-on dit et répété. Mais en réalité, à cause de nos délais administratifs, à cause de notre principe de précaution, à cause de nos législations différentes de pays à pays, et surtout à cause du fait qu’on s’est contenté de négocier les prix à la baisse, au lieu de jouer le jeu du partenariat avec l’industrie pharmaceutique (comme l’a fait la Grande-Bretagne, Israël et les États-Unis), nous sommes logiquement servis les derniers.
En gros, comme le dit l’un des experts interviewés par le New York Times : celui qui est le premier à la table, et qui paie pour être le premier pour choisir dans le menu, est aussi celui qui va déjeuner le premier ! Pour ma part, vu notre lenteur à la détente pour négocier avec l’industrie pharmaceutique, j’aurai plutôt tendance à dire que « si vous n’êtes pas à la table des négociations, c’est que vous faites partie du menu ».