Coincé entre un massif montagneux et l’océan Pacifique, en dehors des grandes routes qui traversent le pays, l’Etat de Colima, un des plus petits des 32 états du Mexique est aussi le moins peuplé avec quelque 650.000 habitants soit 115 au km², une faible densité plutôt exceptionnelle au Mexique.
Par ailleurs le réseau routier est développé et permet de joindre la plupart des communautés ce qui facilite les liaisons des uns et des autres et donc les échanges de marchandises.
On ne trouve pas à Colima de grandes pauvretés comme dans d’autres États où les inégalités sont plus criantes. C’est aussi la raison pour laquelle on s’y sent en sécurité.
Niché entre mer et montagnes, l’État de Colima dispose d’un écosystème unique qui fera le bonheur des passionnés de nature d’autant que, comme il est préservé du tourisme de masse, on peut y vivre des expériences 100% nature.
La route des volcans
C’est à Comala, à une dizaine de kilomètres de Colima, la capitale de l’État éponyme, qu’il faut se poser avant de partir vers le Nord pour rejoindre les flancs des volcans.
Le centre du bourg offre les plus beaux panoramas sur les deux volcans qu’on ne se lasse jamais d’admirer à l’heure du coucher du soleil.
L’un d’eux toujours enneigé, le Nevado de Colima, culmine à 4330 mètres et est aujourd’hui assoupi ; le second, le volcan de Fuego, est plus fougueux et il n’est pas rare de l’entendre gronder et cracher des fumées.
Il est en fait le descendant direct de son voisin qui a souffert de l’érosion et de nombreuses avalanches sur son flanc sud. C’est dans cette cicatrice qu’a surgi le volcan de Fuego. Jeune, il est un des plus actifs du pays. Son activité éruptive se manifeste par la formation d’un cône volcanique avec un cratère sommital autour duquel s’accumulent des couches successives de laves et de produits solides éjectés.
Il a atteint une altitude de 3.960 mètres et il n’est pas rare de le voir évacuer des fumées, voire des nuées de cendres qui enrichissent naturellement la terre quand elles ne sont pas trop nombreuses. Quant aux coulées de laves, comme celles-ci sont plutôt visqueuses et épaisses, elles s’écoulent lentement et ne provoquent pas (encore) de dégâts.
Pour découvrir l’arrière-pays, l’idéal est de s’adjoindre les services d’un guide qui non seulement vous mènera vers les meilleurs spots mais en plus enrichira votre découverte avec de nombreuses explications détaillées.
Une excellente adresse est celle du propriétaire de la maison d’hôtes de Comala, la Casa Alvarada tenue par son épouse Mara. Jupiter, qui peut se targuer d’être un expert sur sa région, a créé sa petite compagnie de tourisme qui peut parcourir l’ensemble de l’Etat de Colima. http://www.admiremexicotours.com/
Une première étape sur la route des volcans pourrait être le Centre Touristique de Carrizalillo, à savoir un parc entièrement organisé par les membres de la communauté autochtone qui en sont propriétaires.
Une lagune turquoise cernée par des collines verdoyantes accueille les promeneurs à pied ou à cheval qui font le tour du lac à moins qu’ils ne préfèrent louer un pédalo pour cerner de plus près la faune aquatique qui peuplent les berges.
Une autre lagune plus sauvage, la Maria, est un paradis pour les ornithologues en herbe. Ici tout y est rustique et chacun apporte ses sièges et son pique-nique à moins de parvenir à y pêcher l’un ou l’autre tilapia. L’intérêt est ailleurs, dans l’observation des oiseaux. L’Etat de Colima est reconnu pour être un des sanctuaires aviaires les plus foisonnants d’Amérique du Nord.
On y a recensé pas moins de 473 espèces d’oiseaux dont deux endémiques, le chipe rojo, une variété de passereaux entièrement rouge, et le colorin pecho naranja reconnaissable à la couleur verte de sa tête, son ventre jaune orangé et ses ailes bleues. Dans le silence qui règne sur les berges boisées de la lagune, il est parfois plus aisé de les repérer par leurs chants ! http://birdingpal.org/Mexico.htm
La Réserve de la Biosphère de la Sierra de Manantlán, qui figure sur la liste du réseau mondial des réserves de biosphère de l’Unesco, abrite sur 1396 km2 une zone de montagnes calcaires verdoyantes qui s’étagent de 400 à 2960 mètres d’altitude. On peut y découvrir outre de nombreuses espèces d’oiseaux, près de 3000 variétés de plantes dont 160 espèces d’orchidées.
La faune n’est pas en reste avec 60 espèces de reptiles et trois grands félins, le jaguar, le puma et l’ocelot. Au fil de la randonnée, on découvre des écosystèmes différents, entre forêt tropicale, forêt de chênes et forêt alpine entre autres et quelques superbes cascades comme El Salto qui tombe sur 15 mètres de haut dans une piscine rocheuse naturelle qui invite à de mémorables plongeons au cœur d’une végétation luxuriante. http://manantlan.conanp.gob.mx/
Au plus près des volcans, le Parc National Nevado de Colima abrite les cônes jumeaux. Toutefois, c’est bien le Nevado, le volcan éteint qui offre aux marcheurs une réserve écologique unique avec de profonds canyons, des forêts de pins et de chênes et une faune d’une grande richesse.
Ne vous y aventurez pas sans vous faire accompagner par un guide car les sentiers sont nombreux et on risque de se perdre facilement.
Pour observer au plus près le volcan de Fuego, les plus aventureux rejoindront le hameau de Yerbabuena à 3 km au sud-ouest du volcan, qui offre une vue époustouflante sur le cône actif. @parquenacionalvolcannevadodecolima
Terre de mangroves
Après la montagne, la mer et plus précisément le labyrinthe des mangroves de l’estuaire Palo Verde où il est possible d’apprécier le rôle essentiel des marais de palétuviers sur la biodiversité tout en observant oiseaux, iguanes et crocodiles.
Sur la côte Pacifique, on a pu préserver dès 2011 dans la lagune de Cuyutlán la mangrove de Estero Palo Verde recensé site Ramsar, ce qui signifie la reconnaissance internationale de cette zone humide afin de la protéger des dégradations ou transformations éventuelles vers d’autres usages.
Il est évident que l’agriculture, les activités d’extraction du sel à Cuyutlán et le développement des réseaux routier et ferroviaire tout comme l’agrandissement du port de Manzanillo ont eu un impact destructeur sur la survie de la mangrove. Des 6589 ha de zones humides d’origine, on est passé à 3237 ha.
C’est pourquoi le Centre Ecologique El Tortugario a vu le jour pour développer des projets de recherche et des ateliers de sensibilisation auprès de la population locale et des décideurs politiques.
Une première activité stratégique a été la création d’un camp de tortues, à savoir que les accès à la plage sur une trentaine de kilomètres sont préservés pour permettre aux tortues marines de venir y enfouir leurs œufs en toute quiétude, œufs qui sont ensuite déterrés et replacés dans des nids d’incubation protégés des prédateurs et surveillés pour que dès la naissance des petites tortues, celles-ci puissent être remises à la mer.
Une opération à laquelle participent les visiteurs émerveillés par la fragilité de ces petits animaux animés d’un incroyable instinct de survie qui les mène directement vers les flots.
Une autre activité est celle de la préservation des mangroves qui servaient d’habitat aux crocodiles dits de rivière qui vivent dans les lagunes en bordure de l’océan.
Fin du siècle dernier, une étude a signalé que cet animal chassé par l’homme était en danger d’extinction dans l’Etat de Colima.
Le Centre Ecologique est devenu un lieu d’études et d’intégration du reptile avec une formation auprès de la population pour les prévenir de toutes les attitudes imprudentes qui ont provoqué quelques accidents.
Lors d’une petite virée en bateau au fil des petites rivières surplombées de palétuviers qui prennent racine dans les eaux et se déploient en arc au-dessus de nos têtes, on peut sans doute croiser l’un ou l’autre de ces reptiles à ne pas confondre avec un tronc d’arbre flottant sur l’eau.
Les iguanes verts sont d’autres animaux que l’on peut observer dans ce fouillis de branchages. En danger d’extinction également pour être un mets de choix pour la population, plusieurs d’entre eux ont été capturés et vivent dans le centre où ils se reproduisent. Leurs œufs sont maintenus dans des incubateurs et la progéniture est réintroduite dans son milieu naturel après un an de captivité. www.tortugariocuyutlan.com.
Texte : Christiane Goor – Photos : Charles Mahaux