On le sait peu, mais la Malaisie est un État très récent, puisqu’il date de 1963 seulement. Un État qui renferme d’autres États fédérés, comme c’est le cas pour le Sarawak : un nom qui fait rêver. En 1978, la compagnie Air France m’invite à un « voyage d’étude » chez les Dayaks, « les coupeurs de tête », pour me remercier de mes bonnes ventes ; et ce voyage se fait en Concorde !
Un voyage que je n’ai jamais fait, pourtant, ayant cédé aux supplications de ma chef d’agence pour qui ce fut le voyage de sa vie. Heureusement, elle m’a tout raconté.
Au cours de son histoire, l’actuelle Fédération de Malaisie était un conglomérat de 11 Etats, séparés géographiquement : en effet, la partie Ouest est le prolongement de la péninsule thaï, et la partie est couvre un tiers de l’île de Bornéo ; et entre les deux, un bras de mer qui fait, au plus étroit, 400 km de large ! C’est un peu comme si la Belgique ne faisait qu’un Etat avec la Normandie, par exemple. Le tout sous régime colonial britannique.
Au 19e siècle, le Sarawak est gouverné par le Sultanat de Brunei (qui en est aujourd’hui une enclave). Mais le Sultanat ne s’occupait pas du tout de ce territoire de forêt vierge, aussi les Dayaks se révoltent et réclament leur indépendance.
Durant la dernière guerre, ce sont évidemment les Japonais qui s’emparent du pays, et les Britanniques se replient sur Singapour. La production de riz du pays est saisie pour nourrir l’armée japonaise, ce qui amène la famine de la population locale, jusqu’à la reconquête en 1945 par les troupes australiennes.
En 1957, lors de la décolonisation, le Sarawak hésite à rejoindre la Fédération malaise (tout comme Singapour, d’ailleurs, qui resta finalement indépendant), peu sûr qu’il est d’avoir son dû dans la croissance industrielle explosive de l’Etat malais. Ce qui crée évidemment un malaise…
De nos jours, le Sarawak, largement autonome, suit la constitution de la Malaisie, laquelle est gouvernée par un roi au rôle purement symbolique, choisi pour cinq ans parmi les neuf sultans des Etats fédérés : ce doit être unique au monde.
Situé juste au nord de l’équateur, ce plus vaste Etat de la Malaisie (plus de 4 fois la Belgique) possède logiquement un climat équatorial très humide, et il est couvert à 80% par une forêt équatoriale qui fait à la fois sa richesse et son malheur : la déforestation fournit des bois rares, l’une de grandes ressources de l’Etat, et permet en plus la plantation d’hévéas et surtout de palmiers à huile, indispensable pour nos tartines ! Le drame, c’est que l’habitat des magnifiques « hommes de la forêt », traduction des mots orang-outang, est terriblement menacé.
Outre ces cousins si proches de l’homme, le pays est peuplé à 30% de Dayaks de la mer ou Iban, ensuite à égalité (25% chacun) de Malais et de Chinois, le reste appartenant à des groupes locaux très minorisés. Les chasseurs de têtes ont entretemps été christianisés et sont devenus des agriculteurs, cultivant tout ce dont les commerçants européens veulent avoir depuis la Renaissance : des épices, du poivre, du riz, du café, du cacao, et bien sûr de l’huile de palme.
Outre l’agriculture, la pêche est une activité traditionnelle de ces peuples de marins ; mais la principale richesse vient aujourd’hui de l’’exploitation des ressources de pétrole et de gaz naturel, qui à eux deux représentent plus de 70% du PIB du pays.
Autre ressource, de plus en plus exploitée : le tourisme ! Chaque année, ils sont 5 millions à venir au Sarawak, et sous leur pression, on commence à prendre conscience du trésor que représentent les derniers orang-outangs, enfin bien protégés. Le pays dispose d’un nombre important d’aéroports locaux et de deux aéroports internationaux, à Kushing, la capitale, et à Miri. Une très longue autoroute appelée la Trans-Bornéo relie sur plus de 2000 km les villes principales de Sarawak, et les plupart des fleuves et rivières sont utilisées comme voies navigables.
Le touriste est vraiment gâté au Sarawak. Il ira par priorité voir les orang-outangs dans la Réserve de Semenggoh ; il visitera le parc national Bako (un peu infesté de vipères…), une collection de grottes spectaculaires, et aussi le village-type des Dayaks avec ses maisons longues sur pilotis. Et le marché nocturne de Sibu est un incontournable.
Miri et Kushing sont des villes ultra-modernes qui n’ont rien à envier à Singapour, par exemple. Elles comptent de nombreux hôtels en front de mer, et sont d’accès très facile depuis Kuala Lumpur ou Singapour. Sans hésitation : vendez Sarawak (avec Travel Sensation, par exemple).