C’est toujours sa propre région que l’on connaît le moins, dit-on. Ce n’est vraiment pas mon cas : j’ai plaisir à parcourir la « morne plaine » ! Cette expression n’est à mon sens due qu’à l’obligation de faire une rime, parce que Victor Hugo connaissait bien la région : dans d’autres textes, il cite Ronquières et Braine l’Alleud !
Partons donc de Waterloo sur la N5 pour atteindre Plancenoit : c’est sur son territoire que sont élevés la plupart des monuments dédiés aux héros et aux victimes de la bataille de 1815 : des colonnes, un aigle blessé, une pyramide : tout le romantisme douloureux de l’époque…
Vieux-Genappe est un village différent de Genappe : il ne faut pas confondre ! Le musée provincial du Caillou, sur la Chaussée de Bruxelles, s’y trouve, mieux connu sous le nom de « Dernier QG de Napoléon ». Un musée bien conservé, bien aménagé, avec un vaste parking, ce qui n’est pas négligeable.
A trois km, Genappe était jadis le plus petit village de la province, avec seulement 2.000 habitants sur 59 ha. Aujourd’hui, après la fusion des communes, c’est une ville de plus de 9.000 habitants bien pourvue en centres commerciaux.
Son histoire est riche du passage du futur Louis XI, du Duc de Wellington, du prince Jérôme Bonaparte et du maréchal Blücher, ces trois derniers ayant même logé dans l’auberge du « Roi d’Espagne ». Enfin, c’est à Genappe que les Prussiens s’emparèrent de la voiture de Napoléon.
Loupoigne possède quelques très grosses fermes, dont celle du Hazoi qui perpétua longtemps la tradition régionale des fermes roses. Aujourd’hui c’est un très beau haras. Mais la curiosité de Loupoigne, c’est sa chapelle Notre-Dame-de-Foy, curieusement pourvue de quatre clochetons d’angles.
Il faut savoir que Robert de Celles, village sur les hauteurs de Dinant, était seigneur de Loupoigne, et il fit bâtir en même temps cette chapelle et l’extraordinaire église de Foy-Notre-Dame, sur la commune de Celles.
Baisy-Thy se vante d’être le lieu de naissance de Godefroid de Bouillon. Rien dans les faits historiques ne le prouve, et les livres d’histoire français font naître de chef de la première croisade à Boulogne-sur-Mer, pays de son père qui avait épousé Ide d’Ardenne, héritière du duché de Bouillon.
Dans l’église, une dalle funéraire porte de nom de Dame Cupis de Camargo. Rien à voir avec un joueur de foot bien connu ; il semble que cette dame était parente de Marie-Anne de Camargo, célèbre danseuse de l’Opéra de Paris, admirée par Voltaire.
Si vous passez à Houtain-le-Val en vous dirigeant vers Nivelles, levez le pied, par prudence d’abord, mais surtout pour ne pas rater sur votre droite la vue splendide sur le château. En 1944, les Allemands tentèrent de l’incendier, mais les villageois réunis réussirent à éteindre le feu.
Nivelles possède l’une des plus belles églises de Belgique : la collégiale Ste-Gertrude et son célèbre jacquemart de Jean de Nivelles. La ville fut créée par Gertrude, fille de Pépin l’Ancien, lui-même Maire du Plais de Dagobert Ier au VIIe siècle.
La spécialité de Nivelles est la fameuse « tarte al djote », c’est-à-dire à la bette (ou blette), une tarte salée donc, au fromage gras, qui se mange chaude et largement beurrée. Mais il existe aussi une autre spécialité moins connue : les doubles ? Ce sont des crêpes de sarrasin repliées sur un fromage gras de Nivelles. Tout cela est léger, comme vous vous en doutez.
Pour atteindre l’extrême Ouest de la province, passez par Bornival, petit trésor dans la campagne, avec entre autres sa ferme exceptionnelle du Castia, dont le porche monumental est flanqué de deux tourelles.
Il mérite aussi que l’on s’y arrête et que l’on parcoure à pied ses rues pittoresques. Vous y trouverez le musée de la Forge du Bonheur, et les mariés de toute la région connaissent la surprenante salle du Palais de Plume.
Saintes est un village situé sur la frontière linguistique. En flamand, il s’appelle plus précisément Sint-Renelde. Une procession en cavalcade s’y déroule chaque année, depuis le centre du village jusqu’ à la source miraculeuse, que vous pouvez approcher en partant de la ferme du Laubecq (autre lieu événementiel).
Sur le chemin du retour, Braine-le-Château est immanquable, non seulement à cause de son superbe pilori, mais aussi de sa monumentale ferme rose, dans la vallée du Hain. Sur la route qui va vers Hal, l’arrêt au Bois de Hal, dans les premiers jours du printemps, est un must absolu, si toutefois vous arrivez à garer votre voiture : le bois tapissé de jacinthes bleues est une véritable merveille, et probablement unique par sa dimension.
Braine-l’Alleud, enfin, la plus vaste commune de la province et l’une des plus peuplées, se prévaut de la Butte du Lion, plus connue sous le nom de « Lion de Waterloo » et son Centre du visiteur, immanquable. La ferme d’Hougoumont, toute proche, fut le théâtre d’une terrible bataille entre Français et Anglais, laissant sur place pas moins de 6000 morts.
Waterloo, par la grâce de cette sanglante bataille, est une petite ville connue dans le monde entier. Elle donna son nom à la bataille parce qu’il était facilement prononçable par les Anglais… Enfin, c’est le bruit qui court, et qui ne plaît pas du tout à Braine-l’Alleud.
(L’idée de cet itinéraire a été puisée dans le beau livre Charmes et Secrets de la Belgique, publié chez Lanoo en 1997.)