De nombreux petits fascicules ont été publiés dans la collection « Hommes et Paysages » par la Société Royale Belge de Géographie et l’ASBL Sites Archéologiques Wallons. Tous ont un titre qui commence par « Itinéraire » et proposent des parcours à thème dans toute la région wallonne et à Bruxelles.
Nous nous penchons aujourd’hui sur deux itinéraires des mégalithes en Wallonie.
Nous vous faisons grâce de l’histoire tellement méconnue de ce « mouvement », né peut-être de la civilisation Seine-Oise-Marne, ce qui d’ailleurs n’explique pas les mégalithes du sud de la France, de l’Espagne, du Portugal ou des îles Orcades.
En Belgique, le mégalithisme est surtout représenté par d’assez nombreux menhirs, et quelques plus rares dolmens.
L’itinéraire N° 1 (142 km) que nous empruntons part de Ramioul, une grotte « interactive » et surtout un musée, le Préhistomuseum, situé sur la commune de Flémalle. On peut voir à l’extérieur du bâtiment une pierre de 2 tonnes posée sur des rondins et entourée de cordes, pour permettre éventuellement d’expérimenter le transport et l’érection des mégalithes.
Mais 2 tonnes, c’est une paille par rapport à d’autres pierres bien plus grosses, et transportées parfois sur des dizaines de kilomètres, à travers collines, rivières, forêts…
Deuxième étape, l’incontournable site mégalithique de Wéris, proche de Durbuy. On peut y voir, dans un espace de 2km sur 3, le Dolmen Nord et le Dolmen Sud, le « champ de la Longue Pierre », le menhir Danthine, l’ensemble des trois menhirs d’Oppagne, et enfin le Pas Bayard à Barvaux..
Les dolmens sont toujours considérés comme des chambres funéraires, ce qui est loin d’être prouvé. La dalle la plus lourde pèse 30 tonnes : bien plus que l’expérimentation proposée à Ramioul !
Notre itinéraire nous mène ensuite à Marche, avec son beau Musée de la Famenne qui présente sur une carte les différents sites préhistoriques de la région, tel le cromlech (ou « Pierres du diable ») de Forrières ou l’allée couverte d’Hagimont.
Vers 1850, un juge de Marche notait qu’on voyait à Forrières 17 grandes pierres de grès qui appartenaient vraisemblablement à 6 dolmens disposés en cercle: notre Stonehenge !
On peut encore voir, à 650 m au N-O de l’église de Waha, la Pierre Saint-Hubert, qui servit un temps de borne entre la Bourgogne de Charles-Quint et les possessions de l’abbaye de St-Hubert.
Le site suivant est l’un des hauts-lieux du tourisme belge : les grottes de Han. Il faut savoir qu’outre les superbes grottes creusées par la Lesse et le parc animalier (allez-y pour le brame du cerf !), il existe à Han un musée du Monde Souterrain qui expose de nombreux artefacts remontant au Néolithique final, soit environ 2500 ans avant notre ère : poterie, outils en silex, bois de cerf, dents d’animaux, pointes de flèches…
On se dirige ensuite vers Dinant, et peu après Celles et le splendide château de Vèves, on atteint Furfooz avec ses Trou des Nutons et Trou du Frontal, qui ont servi comme lieux d’inhumation collective, fermés par une dalle de pierre.
Le second itinéraire proposé fait 221 km. Il part de Velaine-sur-Sambre (Auvelais) où se trouvent un menhir appelé « Pierre qui tourne » et un polissoir. Le menhir fait 3 m de haut et 5 m de pourtour.
Le site suivant se trouve dans les Fagnes namuroises, à Fagnolle, le pays de l’écrivain wallon Arthur Masson et son héros Toine Culot, obèse ardennais. Fagnolle présente des traces d’un possible cromlech : une pierre isolée appelée « Pierre aux sacrifices », située à 100m de 8 gros blocs et 10 autres plus petits, disposés en cercle d’environ 12 m de diamètre, au sommet d’une élévation qui domine le paysage.
Ensuite, non loin de la Nationale 99 qui va de Couvin à Chimay, entre les villages de Gonrieux et de Baileux, on peut voir la Pierre-qui-Tourne, formant limite entre les provinces de Namur et du Hainaut. C’est un menhir de 2,75m de haut, fait dans une roche poudingue qui n’existe pas dans la région.
De Chimay, il faut remonter vers Beaumont et traverser Rance jusqu’à Sautin où l’on peut voir 2 « pierres-qui-tournent », protégées par un grillage. Continuant vers Charleroi, on s’arrête à Gozée et sa Zeupire, « pierre de Zeus » peut-être. Une pierre en forme de trapèze d’1,7m de haut, et d’un poids estimé à 25 tonnes.
Ensuite nous nous dirigeons vers Thuin, Merbes-Ste-Marie et Haulchin, la région de production du l’excellent crémant belge.
La pierre de Haulchin a été érigée sur la place du village, mais elle n’est que ce qu’il reste d’une pierre bien plus importante trouvée à 2km de là.
Il nous reste à voir le plus beau menhir de Belgique. Il faut pour cela passer par Mons et prendre la direction de Tournai, contourner Antoing, suivre la route de Valenciennes et enfin traverser Hollain. A 2km environ, la pierre est signalée, et elle se voit d’assez loin.
On l’appelle « Pierre Brunehaut », ce qui est évidemment un anachronisme assez outrancier, puisque cette reine franque est morte en 613 ; mais elle a laissé son nom à la chaussée dite de Brunehaut qui passe à 200 m. Le menhir de 25 tonnes est sur hauteur, à laquelle il ajoute ses 4,5m qui émergent du sol.
En 1819, alors que la pierre menaçait de s’écrouler suite à un affaissement de terrain, la commune décida de la redresser, et il fallut pas moins de 1.000 personnes pour effectuer ce travail ! Cela en valait la peine : la pierre, dont le sommet est taillé en biseau selon une pente qui, paraît-il, suit le lever de soleil à l’équinoxe de printemps, est sans conteste un haut-lieu de la région.
On se demande pourquoi, dans quasi tous les livres consacrés au mégalithisme, la Belgique est totalement ignorée. Alors, rendez-leur visite !