La république de Nauru est un État indépendant, l’un des plus petits du monde. C’est même la plus petite république du monde avec ses 2.130 ha. Vous me direz que la Cité du Vatican ne fait que 44 ha et Monaco 202, mais ce ne sont pas des Républiques ! Et avec ses 1.3000 habitants, l’île a l’une des plus fortes densités de population au monde!
Elle se trouve (pour le cas où vous auriez envie d’y aller), dans un parallélépipède rectangle formé par la Micronésie, les îles Marshall, Tuvalu et Salomon. C’est-à-dire au milieu de nulle part, réellement, mais en plein sur l’équateur (enfin, à 40 km près, ce qui n’est rien en plein Pacifique).
Il n’y a qu’une route, qui fait le tour de l’île en 12 km, le reste étant constitué de pistes non goudronnées. Toute la population vit sur la côte ; le centre de l’île, une sorte de plateau à 200 m d’élévation, ressemble un peu au maquis corse. La côte est parfois entrecoupée de mangroves, et les plages parsemées de blocs de roches dressés et épars.
C’est en 1798 que l’île est découverte par un Britannique qui l’offre à la Couronne. Mais entre 1888 et 1914, elle est possession allemande, puis australienne, puis japonaise pendant 2 ans lors de la guerre, avant un retour à l’Australie, jusqu’à son indépendance en 1968.
L’île a toujours dû sa subsistance à l’exploitation du phosphate, qui lui a donné une grande richesse tout au long du 20e siècle ; jusqu’au jour où il n’y avait plus de phosphate. Faillite de l’Etat, avec ses corollaires : paupérisation, misère même, épidémies, etc. Cela doit être dur de passer d’un niveau de vie presque égal à celui de l’Arabie Saoudite, au statut d’un des pays les plus pauvres du monde.
Durant l’occupation japonaise entre 1942 et 1944, les habitants de l’île ont été largement déportés et soumis au travail obligatoire dans les îles Truk, dans l’actuel Etat de Micronésie. Seuls un peu plus de 700 déportés sur des milliers ont survécu et sont revenus sur leur île.
Malgré l’indépendance, l’Australie reste très présente : c’est le dollar australien qui a cours, et le sport-roi est le football australien, une sorte de rugby très rapide où quasiment tous les coups sont permis. Spectacle assuré !
Avec la disparition du phosphate, l’Etat de Nauru devient presque un Etat-bandit. C’est un paradis fiscal qui tente de faire de l’argent par tous les moyens, par exemple en déposant plainte en 1989 auprès de la Cour Internationale de Justice, contre l’Australie, en vue de lui réclamer des dommages pour les destructions causées par l’exploitation du phosphate. En ça marche.
Mais l’île se livre aussi au trafic de passeports, au blanchiment d’argent, et actuellement elle sert de prison, genre bagne, pour l’Australie qui y envoie les indésirables et tous les candidats-réfugiés qu’elle refuse. On n’en parle jamais, dans la lointaine Europe.
Autre ressource sujette à caution : un gentil chantage politique… Nauru est ainsi un des très rares Etats qui a monnayé sa reconnaissance de quelques pays contestés : de Taiwan, de l’Abkhazie, de l’Ossétie du sud… Elle défend contre tous la chasse à la baleine, afin de s’assurer l’aide économique du Japon. Pas très joli, tout ça.
Nauru est une république de régime parlementaire : il n’y a que 18 députés, mais c’est plus qu’en Belgique par tête d’habitant : un député pour 320 électeurs !
Nauru est isolée, c’est le moins que l’on puisse dire. Les gros bateaux ne peuvent y accoster à cause des récifs. Heureusement, les Japonais y ont laissé une piste d’atterrissage, de laquelle partent les avions de la compagnie nationale Our Airline. L’isolement signifie aussi un coût de la vie très élevé, en tout cas pour tout ce qui relève de l’importation.
Ce n’est donc pas encore ici que vous passerez vos prochaines (ou lointaines) vacances, d’autant que le billet d’avion pour l’Australie n’est pas donné, et depuis ce continent jusqu’à l’île perdue, c’est presqu’aussi cher !
Alors, que dites-vous, la fois prochaine, d’un tour à Chypre-Nord ?