Le Queen Maud Land porte le nom de la reine Maud de Norvège, qui vécut jusqu’en 1938, et était l’épouse du roi Haakon VII. C’est en allant à la pèche à la baleine entre 1927 et 1937 que Lars Christensen, pourtant bien loin de sa base, réclame un droit exclusif de pêche dans la région. Et en 1930, Hjalmar Riiser-Larsen est le premier à mettre le pied sur la banquise, et en revendique la souveraineté pour la Norvège. Mais l’Allemagne nazie, dont la boulimie territoriale n’avait pas de limite, la confisque pour la rebaptiser Nouvelle-Souabe. Voilà pour l’histoire.
On ne vous étonnera pas en disant que cette immense région de 2,7 millions de km² (soit 84 fois la Belgique, près de 5 fois la France !) est recouverte de glace ; mais loin à l’intérieur, des pics montagneux apparaissent, dont le plus élevé culmine à 3148 m. Le Queen Maud Land est habité, mais uniquement par quelques scientifiques qui occupent les 12 stations installées sur le continent, dont la station belge Princesse Elisabeth.
Parlons maintenant de cette autre terre norvégienne qu’est l’île Bouvet, ou Bouvetøya en norvégien. C’est une île volcanique inhabitée de l’Atlantique Sud. Elle n’est en rien concernée par le Traité international sur l’Antarctique, puisqu’elle est située juste au Nord de la zone couverte par ce Traité. C’est aussi l’île la plus éloignée du monde, à 1700 kilomètres de la terre de la reine Maud, à 1900 kilomètres des îles Sandwich du Sud, et à 2600 kilomètres de la côte de l’Afrique du Sud. Isolement garanti.
L’île ne fait que 49 km², elle est quasi entièrement recouverte d’un glacier, et elle doit sa formation à un volcan que l’on dit inactif. Pourtant, il suffit de creuser à 30 cm de profondeur pour obtenir la température de 25°, ce qui est tout de même un signe… La dernière éruption date de 4000 ans.
C’est un Français Jean-Baptiste Charles Bouvet de Lozier, qui dès 1739 a découvert l’île lors d’une mission d’exploration ; mais il n’y a pas débarqué. Et comme en plus il s’était trompé dans les coordonnées de sa position géographique, il faudra attendre sa redécouverte en 1808, par un nouveau chasseur de baleine.
En 1927, la première expédition Norvegia débarque, et revendique l’île pour la Norvège. L’île ne fait pas partie du Royaume de Norvège, mais est toujours sous souveraineté norvégienne. Ce qui veut dire que la Norvège pourrait la vendre, par exemple.
Depuis 1971, Bouvetøya a le statut de réserve naturelle. Il n’y pousse que des lichens, des mousses et des champignons, mais n’imaginez pas ici de beaux bolets ! C’est un lieu de reproduction des oiseaux marins.
On y recensait il y a 40 ans environ 117.000 manchots macaronis et à jugulaire, mais ce nombre est tombé aujourd’hui à moins de 60.000. On peut y voir aussi 100.000 fulmars, des pétrels, des prions, et occasionnellement des albatros.
Et puis il y a les phoques, surtout l’éléphant de mer et l’otarie à fourrure. Et enfin on peut à l’occasion admirer au large des variétés de baleines, de dauphins, de rorqual et d’épaulards.
Précisons encore que le droit pénal, le droit privé et le droit procédural norvégiens s’appliquent à l’île, sait-on jamais : c’est bon à savoir s’il vous prenait l’envie d’y débarquer à votre tour.
Ce qui serait d’ailleurs une très mauvaise idée : il est quasiment impossible d’y débarquer tant les côtes sont déchirées et abruptes. Le meilleur moyen, c’est l’hélicoptère embarqué. Alors vous pourrez établir le premier point internet de l’île, grâce à ses lettres officielles : .bv !
À suivre : les Îles Andaman & Nicobar