Le transport aérien a commencé une très sérieuse évolution depuis le passage de la pandémie. La plupart des pays seront impactés, certains d’ailleurs alliant les difficultés sanitaires et politiques, c’est le cas au Royaume Uni. Les effets du Brexit se feront lourdement sentir sur le transport moyen- courrier.
La France n’est pas épargnée. Les premières décisions sont tombées en milieu de l’année dernière lorsque le gouvernement a bien soutenu sa compagnie nationale à la condition qu’elle abandonne les destinations desservies par le train en moins de 2h30.
Dernièrement Mme Barbara Pompili, ministre de la Transition Ecologique qui couvre également les transports, s’est réjouie de cette mesure en marquant la complémentarité des moyens de transport ferré et aérien. Elle citait en particulier le cas du Bordeaux – Orly en marquant que le TGV était bien à même de relier les deux pôles via la gare de Massy.
Je ne sais pas si Madame Pompili a fait l’essai elle-même du transfert entre les deux. En fait le plus rapide consiste à prendre un train entre la gare TGV et Antony et de là un bus qui amène à Orly 4, le tout en 25 minutes si les correspondances sont immédiates.
Il y a bien d’autres possibilités comme le train jusqu’à la gare de Massy Verrières puis un tram qui s’arrête à Orly au niveau de la Nationale 7, en 44 minutes.
On peut même se rendre à pied jusqu’à la gare de Massy Verrières et prendre un bus qui s’arrête aussi à Orly 4 en pas moins de 49 minutes.
Ou alors tout bêtement prendre un taxi qui fera le parcours en 14 minutes s’il n’y a pas d’embouteillages. Bien entendu, les voyageurs aériens ont en général des bagages plus ou moins importants, ce qui ne simplifie pas les entrées dans les transports publics.
Alors, je me demande si Madame Pompili ne se fiche pas un peu des clients en faisant la promotion d’une interconnexion qui n’existe pas. Je ne lui ferai pas le reproche de ne pas connaître les lieux, mais je lui suggère tout de même de faire le parcours du combattant avec juste une petite valise à roulettes de 10 kilos, en lui rappelant qu’il faut au moins 10 minutes à pied pour rejoindre Orly 4 et Orly 3 voire Orly 2 et 1.
Plus réjouissant est le plan d’Air France pour reconquérir le marché domestique en ouvrant un nombre impressionnant de nouvelles lignes radiales et transversales avec sa filiale Transavia. La Bretagne et Brest en particulier sont très bien servis.
Finalement on voit progressivement s’éloigner Transavia France de sa première vocation largement internationale pour se recentrer sur le marché domestique, sans doute avant de le reprendre totalement.
On se demande alors quel est l’intérêt de garder une marque néerlandaise et s’il ne vaudrait pas mieux recentrer son image sur Air France. La compagnie aurait tout à y gagner et d’abord une meilleure perception de la vocation de la compagnie nationale.
Reste à rendre ce réseau rentable. Les concurrents « low costs » sont redoutables et affichent des prix de revient très inférieurs même à Transavia. La lutte sera certainement dure.
Raison de plus pour ne pas disperser l’image de notre transporteur national.
La situation italienne est tout aussi changeante. Les autorités européennes ont bien autorisé la recapitalisation de feue Alitalia mais à la condition expresse que la nouvelle compagnie change de nom et qu’elle abandonne un certain nombre d’activités qui constituaient une part importante de son savoir faire et de sa rentabilité. Or donc, le nouveau transporteur italien s’appellera ITA (Italia Transporti Aereo).
L’abandon de la marque Alitalia est un vrai coup dur pour cette nouvelle société, à moins que cela constitue un vrai électrochoc pour les personnels qui avaient l’habitude de faire grève pour un oui ou un non et dont la relation avec les clients était tout sauf amicale. Il faut peut-être faire totalement table rase du passé.
On ne peut que souhaiter une belle réussite à ITA. Le marché italien est toujours dynamique et le transport long-courrier sera de toutes façons à reconstruire par toutes les compagnies. Alors elle part sur un pied d’égalité avec ses concurrents. A elle maintenant de faire la preuve de sa capacité de survie.
Mais il reste tout de même la belle marque Alitalia. Combien de temps va-t-elle rester orpheline ? Il ne serait pas surprenant qu’elle soit rachetée par un fonds d’investissements qui pourrait créer un sérieux concurrent à partir d’une feuille blanche, alors qu’il est très facile de se procurer sur le marché d’occasion de très bons appareils à un prix particulièrement attractif, et sans doute des pilotes moins exigeants car conscients de la fragilité de leur position.
Qatar Airways qui avait arrêté l’aventure d’Air Italy, pourrait revenir sur ce marché. On n’a pas fini d’entendre parler de l’Italie.
La Covid aura-t-elle finalement fait plus de bien que de mal au transport aérien lorsqu’on en aura fini avec les dégâts qu’elle a causés ?
Jean-Louis Baroux