A l’évidence, l’optimisme n’est pas de saison. Et ceux et celles qui le professent font figure d’imbéciles heureux. Normal, à l’inverse de l’optimisme qui demande courage et volontarisme, le pessimisme est une forme de paresse intellectuelle qui sied bien à notre époque.
Le pessimisme ambiant se nourrit de l’hiver, de ses nuits trop longues, du froid ambiant, des médias d’information scotchés en mode négatif pour des raisons d’audimat, sans oublier les fêtes de fin d’année vécues sous le signe du « low cost social ».
Pourtant, 2020 n’a pas été la catastrophe annoncée et 2021 devrait révéler de belles surprises. Pour sortir de la grisaille des commentaires majoritaires, il faut juste oser lever le nez des discours et des statistiques alarmistes. Non pas pour les nier, mais pour les mettre en perspective.
La raison ? La peur, l’aspect inattendu de cette pandémie, les réponses parfois maladroites de nos gouvernants ont pu contribuer à instaurer le sentiment que lorsqu’un choc est intense, il est là pour durer. Bref, que la reprise de la vie normale n’est pas pour demain, voire pour jamais, car les abonnés au robinet des informations pessimistes (pléonasme de nos jours) nous brandissent déjà le spectre des prochaines pandémies.
La réalité est tout autre : si le choc a été rude, les gouvernements et les banques centrales ont réagi avec une vitesse jamais vue auparavant. Ils ont tiré les leçons de la crise financière de 2008 et de la crise de la dette publique de 2012.
Résultat : des plans massifs d’aide à notre économie ont été votés, les restrictions aux déficits budgétaires ont été levées, les Allemands ont même accepté de mutualiser la dette (l’Italie va recevoir plus de 200 milliards d’euros), les banques ont joué le jeu de la coopération (et à l’inverse de 2008, elles sont en bonne santé), les flux d’investissement restent élevés, l’approvisionnement alimentaire n’a jamais connu de rupture (parlez un peu aux personnes qui ont connu la deuxième guerre mondiale), le Brexit s’est terminé par un accord raisonnable, Joe Biden arrive à la Maison Blanche et va normaliser les relations des Etats-Unis avec le reste du monde, et quant aux confinements successifs, ils sont plus fins, plus ciblés qu’en mars dernier et affectent moins négativement la bonne marché de nos entreprises.
Sur ce dernier point, « plusieurs modèles étudiant l’impact des pandémies de grippe nous enseignent que 60% des effets négatifs résultent des décisions administratives de confinement, des distances sanitaires et des restrictions des frontières. Ils sont donc réversibles une fois l’épidémie jugulée » confiait Mathilde Lemoine, économiste en chef du Groupe Edmond de Rothschild à mes confrères du Figaro.
Et, cerise sur le gâteau, pour 2021, nous avons le meilleur plan de relance qui soit selon les économistes : les vaccins. Mais il souffre d’un défaut : la défiance d’une bonne partie de la population à l’égard de l’Etat et de l’industrie pharmaceutique.
Pour que ce plan de vaccination ne tarde pas trop (Israël est l’exemple à suivre), nos ministres devront aussi montrer l’exemple en se vaccinant rapidement sous l’oeil des caméras, et tant pis, si les pétochards du confinement parlent de récupération politique ou de passe-droit.
Ne rien faire, c’est pire, car cela nourrit la défiance de la population. Pour le reste, vu le manque de confiance à l’égard des politiques, des économistes, des virologues (trop de volte-face), il nous reste une dernière carte à jouer : les médecins généralistes.
Ils ont encore la confiance des citoyens et eux seuls pourront administrer la piqûre de la confiance. Gardons à l’esprit que chaque mois de gagné, ce sont autant de chômeurs en moins. Sans quoi, il faudra appliquer ce que préconise un humoriste anonyme : « mettez le vaccin dans la bière et rouvrez les bars… dans une semaine, nous serons tous vaccinés ».