« J’ai retourné ma veste quand je me suis aperçu qu’elle était doublée de vison ». La citation appartient au mythique Serge Gainsbourg et figure dans son livre Pensées, provocs et autres volutes, publié en 2006. A l’heure où les Ministères de l’Agriculture, de la Santé et de la Transition écologique ont ordonné l’abattage d’un millier de visons, notamment, de la ferme d’Eure-et-Loir, la question sur l’exploitation des animaux en captivité revient encore sur le devant de la scène.
Après le Danemark, où près de 15 millions d’animaux ont été abattus à cause de la présence d’une forme mutante du coronavirus, c’est maintenant le tour de la France.
Le communiqué des trois ministères a ajouté que le virus mutant a également été détecté chez des visons d’élevage aux Pays-Bas, en Suède et en Grèce, ainsi que dans des cas isolés en Italie et en Espagne, ainsi qu’aux États-Unis.
Comble de l’horreur dans le cas de la province danoise du Jutland occidental : les cadavres réapparaissent à la surface. Cela a été rapporté par les médias locaux, qui affirment que c’est une conséquence des gaz produits lors de la décomposition des restes.
De leur côté, les autorités affirment qu’il n’y a pas de risque de contagion, mais les images choquantes circulent déjà sur les réseaux danois où les internautes n’ont pas hésité à décrire cet événement comme le réveil des «visons zombies» et à plaisanter sur le fait qu’il y aura bientôt des films sur ce fait.
Les plus grands producteurs mondiaux de fourrures de vison pour l’industrie du vêtement sont, selon la WSPA ou Société Mondiale pour la Protection des Animaux, le Danemark, avec 10,9 millions d’animaux ; la Finlande avec 4,8 millions ; les Pays-Bas avec 2,8; les États-Unis 2,7 ; la Russie 2,6 et la Suède: 1,4 million.
En captivité, ces animaux ont une durée de vie moyenne de 6 mois, contre 6 ou 8 ans en liberté. La peau du vison continue d’être celle qui offre le plus d’avantages économiques à l’industrie de la fourrure.
Les antispécistes, connus pour leurs actions directes et souvent violentes du FLA ou Front de Libération des Animaux, dénoncent que les visons ne font pas les gros titres des journaux quand il s’agit de dénoncer les conditions de leur captivité.
Par contre, dès qu’il s’agit d’une nouvelle souche du virus transmissible à l’homme et qui pourrait compromettre l’efficacité d’un futur vaccin humain, de la perte de 6 000 emplois et d’un coût de 667 millions d’euros en perte d’exportations pour le Danemark, l’opinion publique ne détourne plus le regard.
Le fameux « principe de précaution » risque donc de coûter très cher aux pays producteurs, mais il est peut-être le moment idéal pour réfléchir à une réglementation mondiale de durabilité, qui ne mettrait pas fin aux pandémies, mais qui sans doute améliorerait les conditions de vie des humains et des animaux.
C.A.T.