Les Bourses européennes étaient en pleine folie ce lundi. Les indices de la Bourse de Bruxelles, de Paris, de Francfort, de Londres, de Madrid et d’Allemagne étaient tous en hausse de 6 à 8 % voire même 11 % à Athènes.
C’est évidemment énorme comme gain boursier sur une seule journée, et c’est normal, le groupe Pfizer/BioNTech a annoncé ce lundi que son vaccin, qui est en phase 3 (c’est-à-dire en phase de test sur des humains) a un taux d’efficacité de 90%.
Mes confrères du Parisien et de l’excellente lettre d’information TTSO nous donnent une idée de ce que cela représente : 90% de taux d’efficacité, c’est presque autant que le vaccin contre la rougeole, qui est le plus fiable aujourd’hui avec un taux d’efficacité de 95%. En revanche, le taux d’efficacité de la grippe saisonnière varie entre 40 et 60% selon les années. En clair, 90% d’efficacité pour un vaccin anti-covid, c’est superbe, d’autant qu’on estime généralement qu’un taux de 60 à 70 % permettrait d’endiguer la propagation du virus.
Ce n’est donc pas étonnant d’entendre des investisseurs boursiers littéralement euphoriques dire, je le cite : « c’est l’information de l’année, peut-être même de la décennie ». Et un autre d’ajouter : « le vaccin contre le coronavirus est trouvé ». C’est vrai que les investisseurs du monde entier ont envie de tourner la page de ce satané covid-19 et imaginer un monde sans confinement et déconfinement.
Maintenant, s’il ne faut pas bouder son plaisir, il y a quand même au moins un bémol ou deux à apporter à la nouvelle de ce lundi. D’abord, le groupe Pfizer/BioNTech a clairement indiqué qu’il ne pourra livrer que 50 millions de doses en 2020. En revanche, ce laboratoire a promis 1,3 milliard de doses pour 2021.
Comme une partie de ce vaccin a déjà été réservé pour les États-Unis, nous autres, Européens, devrons patienter jusqu’en 2021 pour y avoir accès… Mais bon, il n’y a pas que Pfizer qui est dans la course au vaccin. Selon l’OMS, 10 essais cliniques de vaccins sont en ce moment en phase 3 dans le monde, ce qui est très rassurant.
Et puis, l’autre bémol (parmi d’autres) à apporter à l’euphorie actuelle, c’est de savoir si tout le monde voudra se faire vacciner… Un sondage du World Economic Forum montre que 73% des adultes sont prêts à le faire, mais il ne faut pas se le cacher dans des pays comme la Belgique ou la France, une partie de la population se méfie aussi de ces vaccins.
Pour ma part, alors qu’on célèbre les 50 ans de la disparition du général De Gaulle, je pense à ce géant dont le maître mot était l’espoir et qui a toujours pensé que la volonté humaine peut toujours infléchir l’événement. Ce vaccin est la traduction du génie humain et de notre volonté aujourd’hui d’infléchir le virus. Mais d’ici là, restons très prudents, gardons nos masques et nos gestes barrières, le combat n’est pas encore terminé.