Il faut vivre quitte à mourir ; c’est en substance le message lancé par l’acteur Nicolas Bedos fin de semaine dernière sur les réseaux sociaux.
Son message a donc fait le buzz, comme on dit aujourd’hui, et même les autorités publiques françaises ont dû réagir pour lui rappeler qu’avec sa célébrité, il devrait faire attention à ce qu’il dit ou écrit.
Mais au fond qu’a-t-il dit exactement? Je vous cite son tweet : « Bon, allez, soyons francs. Arrêtez-tout. Tout. Les masques. Les confinements. Excepté face à vos parents très fragiles (…). Nous devons désormais vivre, quitte à mourir. On vit. On aime. On avance. En ce monde de pisse-froid vivons à fond, embrassons-nous, crevons, ayons de la fièvre, toussons, récupérons, la vie est une parenthèse trop courte pour se goûter à reculons ».
Ce qu’a fait Nicolas Bedos, c’est exprimer ce qu’une partie de la population pense aujourd’hui. C’est un peu la thèse de ceux et celles qui pensaient que tout ceci n’était qu’une petite grippe en début de pandémie, c’est en partie la même thèse que ceux et celles qui pensent que l’économie ne vaut pas la peine d’être détruite pour protéger des personnes en fin de vie.
C’est aussi un peu la même thèse de ceux et celles qui cet été parlait d’une « maladie sans malades » et c’est en partie la même thèse que ceux et celles qui pensent maintenant qu’il vaut mieux laisser la population être contaminée, bref qu’il faut jouer la carte de l’immunité collective pour être enfin débarrassé de ce fichu virus.
Selon certains commentateurs les propos de Nicolas Bedos sont surtout des propos de dandy irresponsable. Pourquoi ?
Parce que les calculs effectués en France montrent que si on ne fait rien (en clair, si on joue la carte de l’immunité collective) le coût en vies humaines fluctuerait entre 100.000 et 450.000 morts, qui peut assumer une telle hécatombe !
Mais l’autre leçon à tirer de ce genre de discours, c’est qu’il met à mal les critiques du système capitaliste. On nous dit, on nous répète que nous vivons dans un système ultra-libéral, ce qui est déjà un non-sens pour des pays comme la Belgique ou la France, où l’État ponctionne plus de 55% de la richesse nationale.
Mais surtout, ce qui est nouveau, ce n’est pas le virus mais c’est le regard qu’on porte sur ce virus, sur cette maladie. Pendant des siècles, les morts sont partis dans l’indifférence générale et aujourd’hui, l’économie a été mise à l’arrêt, elle a été sabordée en pleine conscience (sans aucune discussion) pour sauver des vies !
Jamais dans notre histoire la vie n’a été mise à si haut prix. Pour la première fois de l’histoire, la vie est la valeur ultime, comme l’a écrit Olivier Babeau de l’Institut Sapiens. Pour une société matérialiste, dite ultra-capitaliste, vous ne trouvez pas que c’est pas mal ?