En ce début de rentrée scolaire, Edouard Tétreau, un excellent analyste de la vie politique et économique française se pose la question dans les colonnes de mes confrères des Echos (France) : est-ce que cette épidémie vaut la peine de sacrifier une génération ?
Edouard Tétreau a beau être Français, son analyse et ses commentaires sont bien entendu valables également pour la Belgique. D’abord, rappeler que dans leur très grande majorité, les jeunes ont respecté la règle du confinement alors même qu’ils savaient que cette épidémie affecte en priorité les personnes plus âgées. Les jeunes ont donc globalement joué le jeu de la solidarité, au moins durant la période de confinement.
Mais aujourd’hui, les mesures sanitaires d’après confinement restent trop strictes pour eux et ces mesures bouchent l’horizon des jeunes diplômés. Si je me mets à la place d’un jeune, je constate quoi ? Que l’épidémie a été traitée à coup de déficits publics énormes et que celui ou celle qui devra un jour rembourser cette dette, c’est moi le « jeune diplômé ou pas ».
C’est également moi le « jeune » qui va payer pour le chômage corona des uns et des autres. Alors même que – et c’est ça le paradoxe – l’épargne des Belges ou des Français n’a jamais été aussi abondante. Car ceux et celles qui ont la chance de garder leur job ont été forcés d’épargner, faute d’ouverture des commerces. Et ces ménages continuent d’ailleurs d’épargner encore plus car aujourd’hui, c’est pour se protéger de l’avenir.
En revanche, le jeune diplômé, lui, voit que cette rentrée est synonyme de portes fermées. Même les entreprises rentables licencient et pour ne pas être critiquées par leurs syndicats internes, elles s’interdisent souvent d’embaucher des jeunes.
Edouard Tétreau critique ces entreprises rentables qui devraient selon lui embaucher des jeunes diplômés presque par devoir civique – mais allez expliquer cela à un actionnaire. Je donne l’exemple de ces sociétés actives dans la restauration collective en Belgique, elles viennent d’annoncer des plans de licenciements assez lourds et les syndicats les ont dénoncées car ces entreprises sont encore profitables.
Oui, c’est vrai, mais quand vos clients sont surtout des écoles et des institutions publiques qui pratiquent le télétravail et que vous savez que ce télétravail va s’imposer à l’avenir, vous gardez votre staff actuel ou vous l’adaptez à votre chiffre d’affaire des prochaines années ?
Vous l’avez compris, les jeunes diplômés sont aujourd’hui la variable d’ajustement de cette crise sanitaire. C’est inacceptable car ces jeunes ont joué le jeu de la solidarité. C’est aussi inacceptable car ces jeunes peuvent être attirés par les sirènes d’extrémistes politiques ou religieux qui auront du plaisir à recueillir et canaliser leur colère. Et ça, ce sont les plus âgés qui en paieront le prix.
Donc, il faut faire quelque chose pour nos jeunes, mais quoi ? Votre avis m’intéresse !