C’est la première société cotée à Wall Street à franchir ce cap symbolique. Disons-le, c’est même historique sans vouloir abuser de ce terme. En valant aujourd’hui 2.000 milliards de dollars, cette seule action américaine pèse aujourd’hui plus lourd que les 40 actions qui composent l’indice boursier de Paris, le fameux CAC 40 (qui lui ne vaut « que » 1880 milliards de dollars).
Ce qui frappe les analystes, c’est qu’Apple reste imperturbable à la guerre commerciale que se livrent les États-Unis et la Chine. Guerre commerciale qui aurait dû faire d’Apple une victime collatérale.
En réalité, si quelqu’un vous dit que la Bourse se porte bien aujourd’hui (sous-entendu : qu’est-ce que tu attends pour y investir tes sous) répondez-lui que ce n’est pas tout à fait juste.
S’il est vrai que le principal indice boursier américaine, le fameux S&P 500 (l’indice qui regroupe les 500 plus importantes sociétés cotées américaines) a effacé cette semaine toutes ses pertes liées au COVID-19, dites aussi à votre interlocuteur que ce ne sont pas toutes les actions qui ont monté, mais quelques-unes en particulier.
En Bourse, on appelle ces valeurs, les valeurs « stay at home » ou en français, les valeurs associées aux activités à domicile. Donc, les valeurs qui ont le plus progressé en Bourse, sont les actions Apple, Facebook, Amazon, Netflix ou Microsoft.
Or, ces valeurs biaisent le jugement car elles ont tellement grimpé qu’elles représentent un quart de la valeur de l’indice S&P 500, et quasi 50% de la valeur de l’indice Nasdaq (l’indice des valeurs technologiques). En d’autres mots, quelques arbres cachent la forêt.
La meilleure preuve, c’est qu’au moment même où Apple franchit la barre historique des 2.000 milliards de capitalisation, l’action ACCOR, qui est le groupe-mère de marques hôtelières comme Ibis, Mercure, Novotel et Sofitel, ce groupe hôtelier lui s’enfonce dans le rouge avec une perte massive de 1,5 milliards d’euros pour le premier semestre 2020. L’action ACCOR est désormais considérée comme spéculative à cause du désastre économique dans le domaine touristique…
Oui, la Bourse est en train, elle aussi, de se polariser, exactement comme la société, entre les gagnants et les perdants du virus. C’est inquiétant et très interpellant à la fois.