Ce mardi, 115 professionnels du tourisme s’étaient rassemblés à Tour & Taxis, à l’invitation de la Communauté autonome d’Andalousie. L’occasion de faire le point sur une destination qui connaît une hausse de 15% de ses visiteurs.
A l’instar des îles Canaries, les 8 provinces, qui constituent la région, s’adressent à un touriste en recherche de qualité et tournent le dos à Torremolinos. La Costa del Sol et son littoral bétonné y fait figure d’exception. Une destination culturelle proposant quelques 900 kilomètres de plages.
Le Flamenco, une danse philosophique
Entendre un espagnol prononcer « Andaloucia » dans sa langue et la musicalité de la destination opère de suite. Les premiers accords de guitara flamenca et une jeune femme, aux accents mauresques, juifs, chrétiens et gitans, agite sa chevelure noire et fait danser chaque millimètre de son corps. Sa robe est cousue pour elle. Des claquements de mains (appelés palmas) accompagnent son chant. Seuls ses poignets dansent du ventre lorsqu’ils agitent les castagnettes d’origine égyptiennes. Sa dignité est celle d’un toréro. Le public est son taureau.
Imaginé au XVIIe siècle, Le flamenco prendrait son nom du célèbre flamand rose. La veste cassée et brisée à la taille de certains danseurs en serait la preuve. Pour d’autres, ce sont nos Flandres, les danses gitanes et germaniques, qui s’y pratiquaient à l’époque, qui auraient permis le développement de cet art si baroque. Pour certains, enfin, ce serait une foule d’autres choses, liées aux influences culturelles et religieuses.
Seule certitude, c’est à Séville que les premiers volants auraient tournoyé, la nuit tombée. Véritable catharsis, le cante se transmet à travers les générations et son expression intime et spirituelle s’apparente à la philosophie.
Le flamenco est inscrit par l’Unesco au patrimoine culturel immatériel de l’humanité depuis le 16 novembre 2010.
Séville, la cathédrale et ses palais hôtel
Le représentant de la ville ne manquait pas d’emphase pour venter sa ciudad ce soir là. Cœur économique, culturel et politique de l’Andalousie, elle serait la ville la plus verte du monde. Nous qui pensions naïvement à Reykjavik, nous n’avions plus qu’à écouter notre hôte et sa logique absolue.
Il nous a parlé de l’amour charnel qui unissait les andalous au taureau. Il nous présenta une revue, dédiée à la bête peinte tant de fois par Picasso. Dans la campagne environnante, le monstre noir y vit en liberté dans d’immenses domaines mais y perd la vie dans l’arène.
C’est comme cela depuis l’antiquité et personne n’imagine une seule seconde que cela puisse changer. Construite au lendemain de la reconquista à l’emplacement d’une mosquée almohade, la cathédrale Notre-Dame de Séville est une des plus imposante du monde. Autour d’elle gravite un chapelet de palais dont quelques uns ont été transformés en hôtels.
Si Cervantès y écrivit les premières lignes de Dom Quichotte lors d’un séjour forcé, ce sont désormais les Français et les Américains qui se bousculent à Séville. Le Belge également car, de mars à octobre, son aéroport est relié à Bruxelles par un vol direct. Des négociations seraient en cours pour relier la capitale européenne et Séville de novembre à février également. Charleroi propose la destination toute l’année.
Cadix et ses yeux de velours
Pour Maria Isabel Montaldo Lopez, la responsable promotion de Cadix, sa ville est la plus ancienne du vieux continent.
Ici aussi, persuadés que Knossos (Crète) remportait la palme en Europe, nous n’avons pu que nous incliner face à son enthousiasme. La seconde surprise se retrouva dans l’assiette.
Pour nous, la cuisine espagnole se résumait aux sardines et à la cerveza servis dans les chiringuitos, sortes de bars installés sur les plages durant les mois d’été. Cet a priori serait nier les excellentes tables qui parsèment la région. Un guide gastronomique fait la part belle aux spécialités locales. Une initiative à recommander.
La région de Cadix compte un tiers des plages régionales et est le berceau du sherry
C’est aussi la Mecque des adeptes de sports nautiques tel le quiet surf. Jusqu’à Gibraltar, les voiles colorées profitent des courants de l’Atlantique pour le plus grand plaisir des sportifs et des spectateurs. Avec une température moyenne de quelques 18 degrés, la région bénéficie aussi d’un des meilleurs ensoleillements d’Europe.
Belle initiative que celle de l’Andalousie de nous rappeler à elle. Grenade, Cadix, Cordoba, Gibraltar…. tant de noms mythiques qui nous racontent une époque où les beautés occidentales et arabes ont pu fusionner pour former un art si singulier. Étrangement, en voyant le tourisme y performer depuis les attentats islamistes, une réflexion s’est invitée telle une évidence. Si la région doit sa richesse aux beautés réalisées sur place par une civilisation musulmane alors à son apogée, elle doit son intérêt actuel aux islamistes et à leurs attentats. Ces derniers ayant recentré les terres « sûres » à quelques territoires bénis des Dieux. Une piste de réflexion s’il en est.