A la recherche d’un bon plan évasion au soleil au lendemain de ce confinement ? A 1.200 km à peine de nos frontières, sur la première marche de la Croatie, l’Istrie est un coin de pays que d’aucuns surnomment Terra Magica. L’étroite péninsule offre une palette de couleurs qui joue entre le bleu cristallin de la mer et le vert mordoré d’un arrière-pays tapissé d’oliveraies et de vignobles.
Des trésors naturels, un patrimoine historique et une cuisine gourmande ouvrent une porte lumineuse sur des vacances empreintes d’une douceur de vivre toute méditerranéenne.
C’est par le Nord que l’on pénètre en Istrie. A peine la frontière franchie, les plaines verdoyantes de Slovénie laissent place à un paysage vallonné, tout en collines rondes qui épousent le cours paresseux de la Mirna.
Déjà surgit un premier village perché, Buzet, serré autour de son campanile. Une arche en pierre, frappée du lion de St-Marc, accueille depuis des siècles les voyageurs qui découvrent un monde de vieux palais baroques et de donjons. Ancien castrum romain, Buzet s’est développé sous la domination de Venise, la Sérénissime.
Si vous y passez à la fin de l’été, sachez que chaque second samedi de septembre, la petite ville célèbre la truffe blanche durant le festival de la Subotina. Durant toute la journée, elle sort ses plus beaux atours et réveille ses façades endormies. Des baraques surgissent au coin des venelles et dans les porches, proposant du vin de pays : le malvoisie, un blanc au bouquet délicat et le teran, un cru rouge au goût riche et fruité.
On y prépare une omelette géante aux truffes avec plus de 2.000 œufs et 10kg de champignons ! Saltimbanques, clowns, conteurs, musiciens se produisent un peu partout jusque tard dans la nuit pour le plus grand plaisir des enfants émerveillés par ces magiciens de l’ombre.
Les cheveux ramassés sur la nuque, les femmes fendent la foule dans un bruissement de jupons tandis que les hommes qui portent fièrement l’habit les interpellent pour un pas de danse. Toutes les fantaisies sont autorisées du moment qu’elles vous plongent dans le tourbillon d’une fête baroque qui fait la nique à la sévérité de la ville enfermée derrière ses remparts.
L’Istrie verte
Verdoyant et vallonné, l’arrière-pays tapissé de forêts de chênes et de bois de pins, de vignobles et d’oliveraies, égrène ses hameaux perchés d’une colline à l’autre. Il y aurait, dit-on, près de 400 villages médiévaux dominant le paysage. Véritables place-fortes, ils sont cernés de murailles qui leur permettaient de résister aux envahisseurs.
Il est vrai que l’Istrie a suscité bien des convoitises. Romains, Byzantins, Vénitiens, Autrichiens, Italiens, autant de conquérants qui ont toujours reconnu à l’Istrie une position stratégique entre l’Europe centrale et la Méditerranée.
Portole, Groznjan, Motovun, des bastions millénaires qui raviront les amateurs de ruralité et de traditions. Il faut attendre que le jour décline.
Un silence ouaté s’enroule alors autour des venelles livrées à leurs rares habitants et à ceux qui ont choisi d’y passer une soirée ou une nuit. Plaisir divin de flâner de ruelles en porches et de chapelles en maisons patriciennes envahies par des buissons de clématites.
S’asseoir à l’ombre d’un figuier qui s’accroche entre les pierres des remparts et perdre son regard dans la vallée ombreuse, le long de la route qui voltige au loin, entre le bleu du ciel et les reflets bleutés de la mer. S’installer sur une terrasse et s’étourdir aux cépages de ces terres calcaires et généreuses en savourant de délicieux gnocchis relevés de truffe fraîche râpée.
L’Istrie est d’ailleurs à l’image de la truffe, délicate et raffinée pour celui qui prend le temps de la découvrir. Ce bijou gastronomique, que d’aucuns comparent à de l’or blanc, abonde au pied des chênes dans les terres humides et ombragées de Buzet, de Motovun et de Livade.
Ce ne sont plus les porcs qui déterrent le précieux tubercule mais des chiens dressés à pressentir la truffe en la reniflant. En automne, ils sont des dizaines de trufari, des chasseurs autorisés à cette quête particulière, à parcourir les bois avec leur animal en laisse.
On exhume six tonnes de truffes par saison, dont 90% de blanches, les plus fines mais aussi les plus chères qui soient, jusqu’à 2.000 € le kilo. C’est ici que Giancarlo Zigante a découvert en 1999 la plus grosse blanche jamais déterrée, 1,31 kg.
Ce qui lui a valu d’intégrer le Guinness Book mais surtout de faire fortune en déclinant la truffe sous toutes ses formes sur le marché de l’exportation. Depuis son record a été battu par un de ses confrères qui a découvert une truffe blanche de 1,89 kg dans le centre de l’Italie.
A suivre demain…
Informations : Auprès de www.croatia.hr ou encore auprès de www.istra.hr
Quand y aller : Les touristes belges sont les bienvenus en Croatie mais ils doivent être en mesure de présenter les documents requis (contrat de location, acte de propriété, réservation d’hébergement, leasing d’un bateau…) à la frontière, précise l’Office du tourisme croate en Belgique pour éviter toute confusion. Les voyageurs doivent en outre compléter un formulaire sur le site http://entercroatia.mup.hr pour éviter une longue attente à la frontière.
Se restaurer : Paradis gastronomique, l’Istrie est célèbre pour trois produits : le vin, l’huile d’olive et les truffes. Pour découvrir un menu qui se décline jusqu’au dessert autour de la truffe, www.zigantetartufi.com. La région est réputée pour son huile pour ses remarquables qualités gustatives. Pour les amateurs, une route lui est consacrée d’un producteur à l’autre. Le domaine d’Ipša est le premier croate à être cité dans le guide très sélectif Extravirgine consacré aux meilleures huiles d’olive https://ipsa-maslinocaulja.com. Plus de quinze mille ha sont consacrés aux vignobles. Les variétés autochtones de malvoisie et de teran ont été primées dans plusieurs foires européennes. A découvrir d’une cave à l’autre.
Une anecdote : C’est aux Croates que l’on doit notre cravate, qui a été inspirée par le foulard noué autour du cou que portaient les soldats croates lors d’un défilé militaire à Paris sous Louis XIV ! Séduits par cet accessoire, les Français l’ont adopté et adapté en le nommant « à la croate » qui au fil des siècles a évolué en « cravate »…