Le Conseil National de sécurité a validé ce mercredi l’ouverture des frontières belges vers et au départ des pays faisant partie de l’Union européenne, le Royaume-Uni compris, et des 4 autres pays membres de la zone Schengen à partir du 15 juin 2020 (résumé dans l’article de LaLibre). Cela signifie que les voyages à l’étranger seront bientôt possibles pour tous les Belges. Notre secteur peut enfin entrevoir une perspective à court terme ; c’est important, tant pour le secteur des voyages que pour les voyageurs. Oui mais…
1 – Tant d’incertitudes encore
Il manque encore tant d’informations quant aux destinations ouvertes aux citoyens belges. Comment s’y retrouver ? Quelles sont les mesures prises sur place ? Celles-ci conviendront-elles aux voyageurs ? Les voyagistes sont aujourd’hui les mieux armés pour informer les voyageurs des destinations possibles. En contact permanent avec leurs partenaires locaux, ils pourront également informer des dispositions prises sur place pour respecter les obligations sanitaires nationales.
2 – Réouverture des agences
Depuis le 11 mai, plusieurs agences ont déjà ouvert leurs portes, geste très apprécié des habitants de leurs quartiers, de leurs clients fidèles. Les autres n’ont jamais cessé de travailler, à huis-clos, en télétravail pour rapatrier, répondre aux clients, annuler, reporter, transformer tous les voyages annulés en bons à valoir.
Selon un sondage lancé la semaine dernière, 60% des agences ne pourront se permettre, financièrement parlant, d’ouvrir leurs portes dès le 15 juin, en « business as usual » car pour payer les factures, il faut vendre, et les ventes, malgré l’optimisme du secteur, ne vont pas redémarrer comme avant. Pas encore.
Le client a peur, les frontières s’ouvrent petit à petit, les restrictions locales ne sont pas encore harmonisées malgré la demande de l’Europe, certains partenaires affichent une santé financière vacillante et devront, dans les mois à venir, prendre des décisions stratégiques. Nous rappelons que les tour-opérateurs et agents de voyages sont actuellement les seuls à être couverts en cas de faillite ou de retour de la pandémie. Une bonne raison de réserver ses vacances via une agence de voyages.
3 – La Belgique : le pays le plus dangereux du monde
Nous déplorons la perception négative de notre communication internationale concernant le nombre de décès en Belgique : nous sommes aujourd’hui perçu comme un des pays les plus dangereux du monde.
Quel dommage, tant pour le voyage incoming (les opérateurs belges) que le voyage outgoing (les Belges qui partent à l’étranger) : le rêve d’évasion a pris un coup dans l’aile. Mais nous nous relèverons, soutenu par les Belges en demande de voyages… Autrement ?
Les professionnels du secteur travaillent depuis quelques semaines déjà à une offre adaptée aux mesures de sécurités imposées. L’agent de voyage pourra vous conseiller votre destination d’été pour vivre vos vacances en toute sécurité.
4 – La crise a frappé le secteur : quelques chiffres et des demandes non encore entendues
La perte de chiffre d’affaires du secteur est aujourd’hui estimée à plus de 2 Mds € et concerne tant les voyages annulés depuis mi-mars, que l’absence totale de vente depuis ce fameux 13 mars. La perte de la marge de ce secteur s’élève lui, à 396 M€. Cette marge est la rémunération des agences de voyages permettant de payer, à 75%, les coûts fixes du bon fonctionnement d’une agence. Nos entreprises ont déjà versé près de 300 M€ en montants non récupérables à leurs fournisseurs (compagnies aériennes, hôtels…).
Aujourd’hui, le secteur insiste sur ces demandes non encore entendues:
- la prolongation du système de bons à valoir jusque fin septembre car le secteur n’a pas les liquidités suffisantes pour rembourser les vacances perdues, ainsi que l’harmonisation de ces bons à toute la chaîne de valeur, pour éviter l’effet domino;
- la prolongation des mesures sociales actuelles (chômage temporaire, droit passerelle…) jusque fin 2021 au moins: le secteur sera un des derniers à pouvoir se relever ;
- une aide aux entreprises en complément à l’aide unique de 4.000€ ou 5.000€ déjà octroyée selon la région, similaire à ce que la Flandre propose (160€/jour de fermeture/agence) en y incluant les ASBL du secteur, oubliées jusqu’à présent;
- une exonération des charges sociales durant 3 ans; plan d’aides de crédit garanti par l’Etat sur 5 ans; une réponse attendue de la Fédération Wallonie Bruxelles pour les voyages scolaires annulés;
- la création d’un fonds d’urgence pour couvrir les frais non récupérables, les frais de rapatriements que les agences ont avancés sur leurs propres deniers, la perte de revenu suite à une activité à l’arrêt. Nous estimons ce fonds aujourd’hui à 671 M€ ;
- la prolongation des garanties d’état, possibilité de créer des réserves exceptionnelles et de reconstruction pour les années à venir ; La validation du système « carry back » pour notre secteur, tout comme il a été accepté pour le secteur agricole;
- la révision approfondie de la directive européenne régissant les voyages à forfait, en collaboration avec le secteur…
On nous parle au niveau européen de 540 Mds € annoncés pour soutenir les indépendants et PME ; de 200 Md € pour soutenir le tourisme. Quelle est la part que la Belgique pourra obtenir ? Quelle part pourrons-nous recevoir de ce fonds européen?
Aujourd’hui, tout est encore flou, mais nous ne perdons pas espoir : les Belges veulent voyager, notre secteur a traversé la crise de 2008, l’irruption du volcan islandais, les attentats, les tsunamis et tant d’autres élément…
Nous survirons au Covid19 !