Victime d’une gestion très politique depuis plusieurs décennies, Thai Airways International se trouve à l’agonie, incapable de faire face à une concurrence très active des compagnies low-cost sur son marché régional et des compagnies du Golfe à l’international.
Devenu un gouffre financier depuis une douzaine d’années avec l’injection de milliards de dollars tous les trois ans en moyenne, la compagnie a pourtant accumulé une dette de plus de 500 Mds € ! Après des pertes de 329,7 M€ en 2018 et 2019, la compagnie a de nouveau enregistré des pertes de 343,8 M€. Sa situation semble donc intenable en cette période de pandémie, l’ensemble de ses lignes internationales ayant été suspendues avec une reprise partielle seulement prévue le 1er juillet.
L’équivalent du Chapter 11
Le gouvernement avait décidé à l’origine de réinjecter 155 Md€ dans son transporteur national. Mais face au tollé général dans l’opinion publique sur cette abondance de fonds, le gouvernement thaï a fait machine arrière et décide de placer la compagnie en redressement sous la responsabilité du tribunal des faillites. L’équivalent d’un «Chapter 11» -la loi sur les faillites- aux USA.
Dans le même temps, le gouvernement a cédé 3,17% de ses actions à une institution financière locale, abaissant sa part dans le capital de 51,03% à 47,86%. Cette mesure permet de retirer à Thai son titre de compagnie d’Etat, ce qui lui offre plus de souplesse dans sa restructuration. Elle pourra par exemple faire appel à des professionnels étrangers et même, si nécessaire, être techniquement mise en faillite.
Instrument essentiel
Cette solution de faillite ne devrait vraisemblablement pas se produire. Thai Airways International est de fait considéré comme un instrument essentiel au développement de la Thaïlande et à sa prospérité économique. Envers les professionnels du tourisme, la compagnie assure qu’elle continuera de voler mais elle va restructurer ses activités. On prévoit le départ de 6000 employés sur un total de 22’000 et la mise à la retraite d’un certain nombre d’avions.
La compagnie va devoir également donner une part plus grande aux algorithmes afin d’adapter son offre tarifaire a la compétition et être plus agressive. Thai Airways International reste de fait souvent plus chère que la concurrence et avec un produit qui s’est dégradé, la faute revenant souvent à une flotte vieillissante.
La réduction d’une partie de la flotte va de fait permettre de retirer enfin les appareils les plus anciens encore en service. Thai Airways est l’une des rares à toujours exploiter des Boeing 747-400, dont l’âge moyen atteint pratiquement 22 ans. Ses Boeing 777 offrent également un âge moyen de près de 12 ans.
Zurich au programme de juillet
La compagnie va probablement fermer un certain nombre d’escales ou les transférer à sa filiale hybride, Thai Smile. Un mouvement qui avait déjà été amorcé depuis quelques temps avec le transfert des lignes sur Bombay, Calcutta, le Cambodge, le Laos ou encore Penang. Certaines lignes secondaires cependant pourraient disparaitre mais les réseaux sur l’Europe, l’Australie ou vers la Chine devraient largement être préservés, étant les plus générateurs en flux de passagers.
La compagnie a d’ailleurs mis en ligne son programme prévisionnel à partir de juillet. Thai va ainsi reprendre ses liaisons a destination de 37 destinations internationales. En Europe, elle reprend ainsi ses vols vers sept destinations, dont Paris et Zurich. Paris CDG sera relié à raison de trois fois par semaine en Boeing 777-300ER tandis que Zurich bénéficiera de quatre liaisons hebdomadaires également en Boeing 777-300ER.
(Luc Citrinot, Bangkok)
très bon article. merci