Mais qu’est-ce qu’ils attendent pour nous dire quand ce confinement se terminera enfin, que je puisse reprendre mon boulot comme avant ? Cette phrase vous avez dû l’entendre souvent et peut-être même l’avez-vous prononcée vous aussi ? « Ils », ce sont bien entendu nos autorités politiques.
Au moment d’écrire ces lignes, j’ignore encore la décision qui sera prise par le gouvernement de Sophie Wilmès ce mercredi 15 avril. Mais une chose est certaine, je n’aimerai pas être à la place des politiques en ce moment. La santé n’a, en effet, pas de prix et il faut tout faire pour éviter un maximum de morts.
Mais de l’autre côté, les lobbys patronaux sont là pour rappeler – à juste titre – qu’un arrêt trop long de l’économie pourrait être plus mortel encore… L’étude publiée par The Lancet (la référence des publications médicales) montre que la hausse du chômage suite à la crise de 2008 est à l’origine de 500.000 morts supplémentaires par cancer (dont 160.000 en Europe). Autrement dit, la crise économique tue aussi les gens.
Pour en revenir aux politiques, leur rôle est difficile
Les médecins sont les premiers à avoir leur mot à dire dans cette sortie de crise et en fins psychologues de l’âme humaine, les politiques les envoient d’ailleurs au front médiatique. Normal, en ces matières, le politique n’a aucune crédibilité et fait bien de rester en retrait. Pour la communication à court terme, c’est top. Mais à un moment donné, c’est à l’autorité publique de trancher et non pas au médical.
Et là, c’est le drame, car jusqu’à présent aucune solution présentée par les scientifiques n’est satisfaisante sur le plan économique et social. Au point qu’Eric Le Boucher, chroniqueur vedette du quotidien économique Les Echos (France), pense que nous sommes en quelque sorte revenus au point de départ.
A savoir, que les deux seules manières de résoudre cette crise, c’est soit via un vaccin, soit via une immunité collective (accepter que 60 à 70% de la population soit contaminée pour qu’elle produise des anticorps, modèle choisi par la Suède.
Bref, selon lui, on tarde (report du déconfinement), on biaise (on va faire des tests massifs), mais à un moment donné, si rien ne marche dans un délai raisonnable, il faudra bien, écrit-il, accepter un nombre plus élevé de morts sous peine de tuer définitivement l’économie et d’avoir un drame social encore plus effroyable. Évidemment, c’est un scénario qui fait froid dans le dos, et on espère tous qu’il se trompe.
On l’a compris, après le débat viendra la polémique
D’autant que les biais psychologiques humains prendront très vite le relais. Pensez au « biais rétrospectif », celui qu’en langue de tous les jours, on appelle « l’effet rétroviseur ». Après coup, nous en avons tous fait l’expérience, tout est toujours plus clair, plus limpide. Forcément, on a enfin la réponse et le passé s’éclaire avec les informations du présent. Vous en doutez ?
Rendez-vous d’ici quelques mois : si les morts sont moins nombreux que prévu (notre souhait à tous), vous entendrez les uns dire « tout ça pour ça ? ». Et si par malheur, le nombre de morts explose, alors cela sera le choeur du « c’était criminel, mais pourquoi le gouvernement n’a pas réagi plus fortement et beaucoup plus tôt ? ».
Donc, je réponds en quelque sorte à ma question de départ : nos politiques sont conscients de l’extrême difficulté de prendre une décision. Ils tremblent déjà, rien qu’à l’idée de se tromper. Et il faut dire que les autorités scientifiques ne les aident pas avec des avis aussi divers et changeants. Mais bon difficile de les blâmer aussi dans un dossier aussi complexe.
Affaire à suivre donc…