Les Européens peuvent être fiers d’eux, les 27 ministres des Finances de l’Union européenne n’ont pas commis les mêmes erreurs qu’en 2010 lorsque la crise de la dette publique avait éclaté, juste après la découverte que la Grèce avait falsifié ses comptes publics.
A l’époque, on avait assisté à un divorce entre l’Europe du nord, jugée économe, et l’Europe du sud, jugée dispendieuse. Bref, c’était le bras de fer entre les pays fourmis et les pays cigales, et résultat, l’aide était arrivée trop tard et avec tellement de conditions que le remède avait fait plus de mal que de bien.
La leçon a été comprise même si on a eu peur. En effet, les ministres des Finances de l’Europe se sont enfin mis d’accord ce jeudi soir pour relancer l’économie européenne via un plan de sauvetage de 540 milliards d’euros : il y a 100 milliards qui iraient aider les chômeurs partiels, 200 milliards d’euros de prêts pour les entreprises et 240 milliards de ligne de crédits pour les dépenses de santé.
Les ministres ont beaucoup discuté pour arriver à cet accord, la preuve, la réunion devait démarrer hier soir à 17 heures, elle a d’abord été retardée une première fois d’une heure, avant d’être décalée à nouveau. La raison ? C’est simple, avant de se retrouver en vidéo-conférence, il y a eu beaucoup de tractations bilatérales et ce n’est qu’à 21H30 lorsqu’un accord informel a été trouvé, que la réunion officielle a pu avoir lieu. Après 22H, c’était fini, l’accord était enfin trouvé !
Il faut dire que la France et l’Allemagne ont aidé à trouver cet accord en faisant pression sur le ministre néerlandais des Finances qui se montrait intraitable. En fait, il voulait, mais il n’était pas le seul, que ce fonds de 240 milliards d’euros pour les soins de santé soit assorti de certaines conditions strictes et que les pays qui allaient en profiter en priorité, c’est-à-dire l’Italie, s’engagent à faire des réformes après la crise.
Les Italiens ne voulaient pas en parler car ils estimaient que c’était de l’ingérence inacceptable et que si l’Europe ne pouvait pas être solidaire en pleine crise de coronavirus alors à quoi servait l’union européenne.
Au final, c’est la solidarité qui a primé, et donc, oui, c’est un grand jour pour l’Europe, qui n’aura pas perdu des années à discuter comme en 2010. Les ministres des Finances ont eu raison de s’applaudir eux-mêmes hier soir.
Au fond, si tout va plus vite aujourd’hui, c’est aussi parce que nos élites, nos dirigeants, ont appris les leçons de la crise de 2008 et de 2010. Cela mérite un énorme merci car tout cet argent mis sur la table n’a qu’un seul but permettre aux salariés, aux indépendants et aux entreprises de se relever de cette crise inédite. Le ministre allemand des Finances a raison de dire que « c’est un grand jour pour la solidarité européenne ». Merci donc à l’Europe !