Avec un peu de recul, on peut se dire aujourd’hui que la crise du coronavirus est à la fois un drame et une opportunité.
Un drame car, au-delà bien entendu des morts, il a propagé le virus de la méfiance qui est encore plus rapide visiblement que le Covid-19 lui-même. La perte de confiance est d’abord venue de Chine : pourquoi le gouvernement a-t-il attendu 20 jours avant de déclarer l’épidémie ? C’est clair qu’en attendant aussi longtemps, les autorités chinoises ont aggravé l’épidémie…
Aujourd’hui, le citoyen ne se pose plus la question de la Chine, mais de son pays : est-ce que l’Etat fait ce qu’il faut pour m’empêcher d’attraper le Covid-19 ? Depuis, quelques jours, on est retombé un échelon plus bas encore : est-ce que mon entreprise fait aussi ce qu’il faut ?
Comme l’écrivait avec humour Edouard Tétreau chez mes confrères du journal Les Echos (France) : dois-je porter plainte si mon employeur me serre la main ? La perte de la confiance est donc la première leçon de cette épidémie.
Les morts affichés au compteur, même s’ils sont dérisoires par rapport à un épisode de grippe classique qui, comme le rappelle Les Echos, tue entre 290.000 et 650.000 personnes par an (chiffres de l’OMS), mais malgré ce rappel, la peur est là.
Or, la peur peut vite se transformer en angoisse, voire même en panique, et c’est cette panique qui peut bloquer l’économie et appauvrir des pays entiers. Le drame du coronavirus, c’est d’abord cette méfiance !
Pourtant, comme le fait remarquer Jean-Marc Vittori des Echos, ce drame est aussi une chance. Tout d’abord, parce que ce virus est clément : sur cent victimes, il prend la vie de 3 ou 4 d’entre-elles, c’est évidemment trop, mais si ce virus est plus contagieux que la grippe, il l’est moins que la rougeole et la gastro-entérite. Pourquoi dire que c’est une chance alors que tout le monde semble si inquiet ?
Parce que Jean-Marc Vittori a raison de rappeler que les épidémiologistes tirent la sonnette d’alarme depuis des années sur le risque d’un désastre causé par un virus nettement plus dangereux que le covid-19. En effet, il suffit de regarder le programme des sommets de Davos pour voir que ce danger d’épidémie est cité comme un danger principal depuis des années.
En fait, c’est ici qu’il faut voir le coronavirus comme une opportunité. Il nous montre nos lignes ou points de faiblesse, et il donne l’occasion aux autorités politiques et au dirigeants d’entreprises de mieux se préparer à la prochaine crise sanitaire. Le coronavirus, pour ne citer qu’un seul exemple, a fait plus contre les aspects négatifs de la mondialisation que des millions de pétitions d’ONG.
Les politiques belges ont ainsi découvert que les masques, qui protègent leur population, sont fabriqués en Chine et qu’ils doivent attendre 40 jours avant d’espérer en avoir. Les entreprises ont découvert qu’en pratiquant le stock zéro (une hérésie en ces temps de taux d’intérêt à 0%) et en ayant tous leurs fournisseurs en Chine, elles étaient devenues hyper fragiles.
En clair, ce que tout le monde redécouvre, c’est que l’efficacité économique ne peut pas se faire au détriment de notre sécurité (physique et économique), et cela c’est déjà une très belle leçon.