Ce mardi 3 mars, 52 Aras de Spix, dont 3 provenant de Pairi Daiza, ont décollé de Berlin pour Petrolina (Brésil). Le rêve de Pairi Daiza et de ses partenaires de réintroduire les Aras de Spix (ces magnifiques perroquets bleus éteints dans la nature et connus du grand public par les films d’animation « Rio ») à l’état sauvage devient réalité.
Ce projet, s’il est couronné de succès, salue une première mondiale, jamais l’Homme n’ayant réussi à réintroduire à l’état sauvage une espèce d’oiseau éteinte dans la Nature.
Ce 3 mars 2020, journée internationale de la Vie sauvage, est un grand jour pour celles et ceux qui travaillent depuis des années en vue d’une réintroduction de cet oiseau rare éteint dans la nature depuis 20 ans.
Pour Pairi Daiza, la Pairi Daiza Foundation, l’ACTP (Association pour la conservation des perroquets menacés, située à Berlin), l’ICMBio (Institut Chico Mendes de Conservation de la Biodiversité) et le gouvernement brésilien, unis dans ce projet, la réintroduction de l’Ara de Spix dans son milieu naturel était en effet une priorité absolue.
Le départ vers le Brésil d’une première population d’Aras de Spix nés parmi les hommes est ici une étape fondamentale en vue de la reconstitution, en milieu naturel, d’une population de perroquets suffisamment large et protégée pour assurer la survie et le développement de l’espèce au sein de l’écosystème duquel elle n’aurait jamais dû disparaître.
L’oiseau le plus rare au monde
Découvert par le naturaliste allemand Johann Baptist von Spix au début du 19ème siècle, l’Ara de Spix est un perroquet relativement petit (entre 50 et 60 centimètres), léger (moins de 400 grammes) et caractérisé par un plumage bleu vert, des cercles bleu clair autour des yeux et, pour les jeunes, une ligne blanche sur le bec.
Il vivait dans la Caatinga, biotope semi-désertique du nord-est du Brésil. Chassé par l’homme, victime de la destruction de son habitat, l’Ara de Spix a disparu de la Nature en 2000 et l’espèce est officiellement déclarée « éteinte » à l’état sauvage. Seules quelques dizaines de spécimens vivent encore en captivité.
A Berlin, les experts du centre de reproduction et de conservation de l’ACTP recueillent ces derniers spécimens vivants, veillent à la survie de l’espèce depuis des années, et mettent en place des programmes de reproduction. Plusieurs dizaines d’individus y sont choyés, comme autant de derniers descendants d’une espèce au bord de la disparition définitive.
En 2018, l’ACTP a confié à Pairi Daiza Foundation de jeunes Aras de Spix dans le cadre de ce grand projet de conservation de l’espèce. Le parc animalier belge est le seul en Europe où le public peut voir ces oiseaux si rares. Pairi Daiza et Pairi Daiza Foundation ont par ailleurs construit, au coeur du parc de Brugelette, un Centre de Conservation et de Reproduction de l’Ara de Spix et d’autres oiseaux rares.
Un projet d’envergure mis sur pied pour un budget de 3 millions d’euros. De nouveaux couples d’Aras de Spix vont prochainement y être accueillis, en provenance de Berlin, avec l’espoir de voir naître de nouveaux et nombreux bébés qui, eux également, pourront être réintroduits dans la nature dans les prochains mois et années !
Un processus de réintroduction minutieux
Pour préparer le retour des Aras de Spix dans leur milieu naturel, les autorités brésiliennes ont créé deux immenses réserves naturelles dans la Caatinga (Nord-Est du Brésil) où toutes les conditions seront posées pour assurer la survie des perroquets qui seront relâchés.
Un centre de remise en liberté a par ailleurs été construit par l’ACTP avec le cofinancement de la Pairi Daiza Foundation (à hauteur de 1,5 million d’euros) dans une grande propriété entièrement dédiée au projet et qui porte le nom de Pairi Daiza.
Cette propriété est située dans une zone complètement reboisée et surveillée. Elle s’étend sur plusieurs milliers d’hectares, ce qui devrait garantir à l’espèce un avenir sûr et prospère.
Durant plusieurs mois, les oiseaux arrivés de Berlin ce mardi y seront préparés à leur réintroduction dans la Nature. Un processus qui prendra plusieurs mois et qui verra les Aras de Spix être mis en contact avec d’autres espèces d’oiseaux (des Aras de Illiger) qui leur serviront de « tuteurs » pour apprendre les bons réflexes de survie dans la Nature.
Une période d’acclimatation qui leur permettra notamment d’apprendre à dénicher les bons arbres pour nidifier, à trouver les bonnes nourritures et éviter les plus toxiques ou à se protéger des rapaces, prédateurs de l’espèce.
Une fois cet apprentissage de la vie en liberté inculqué, les Aras de Spix pourront être relâchés dans la Caatinga, lors de la prochaine saison des pluies. Des balises seront alors posées sur certains des oiseaux, pour que la communauté scientifique puisse suivre ces premiers oiseaux définitivement réntroduits dans la nature. D’autres réintroductions seront ensuite réalisées, les années suivantes, pour constituer une population suffisamment large pour assurer la survie de l’espèce.
Eric Domb, fondateur et CEO de Pairi Daiza, Tim Bouts, Directeur zoologique du parc et Catherine Vancsok, Directrice Scientifique de Pairi Daiza Foundation font le voyage avec ces oiseaux rares. Eric Domb : « Nous espérons réintroduire régulièrement des individus jusqu’à ce que la reproduction naturelle soit suffisante pour assurer la pérennité de l’espèce. Cela pourrait prendre quelques années mais quelle belle perspective que celle où des hommes et des femmes réparent les fautes de l’Homme. »