La Basse-Silésie, qui s’étire dans le sud-ouest de la Pologne, est à l’image du pays, fidèle à ses anciennes croyances, écartelée entre ses villes et ses villages, ses jeunes et ses vieux, l’espoir européen et la nostalgie du passé.
Le voyageur qui s’égare dans les ondulantes campagnes polonaises pourrait croire qu’il se trouve dans un pays figé dans une époque révolue. Et pourtant, dès qu’il s’attarde dans les ruelles qui ceinturent le rynek – la grand-place – de chaque ville, il est saisi par le tourbillon d’une modernité joyeuse et accueillante.
La Basse-Silésie n’échappe pas à son histoire
Allemande pendant sept siècles, elle redevint polonaise après la seconde guerre mondiale. 3 500.000 Allemands furent expulsés et remplacés par des Polonais « rapatriés » d’Ukraine et de Lituanie. Toute trace de culture allemande fut rayée, comme si le régime communiste avait directement hérité la région des rois polonais de la dynastie Piast qui y régnaient au 13ème siècle.
Depuis 1989, avec la chute du rideau de fer, le pays secoue ses tabous. Avec l’accroissement de touristes allemands dont beaucoup sont d’anciens habitants de la contrée ou leurs descendants, apparaît même une résurgence du sentiment allemand.
Wroclaw, une ville composite
Le charme de la région jaillit au fil de cette surprenante symbiose entre des identités plurielles qui dessinent le contour des campagnes et donnent leurs couleurs aux villes. Wroclaw, par exemple, affiche toutes les contradictions de son passé tourmenté. Capitale régionale de la Silésie, quatrième ville du pays, elle est encore connue sous son nom allemand, Breslau.
Détruite à 70% pendant la deuxième guerre mondiale, elle a préservé et restauré son superbe centre historique médiéval. La cité est traversée par le fleuve Oder dont les multiples bras balisent un labyrinthe d’îlots reliés par une centaine de ponts.
Certains sont des blocs de métal suspendus par des dentelles de fer, d’autres de simples passerelles en bois. Ostrów Tumski, l’île de la cathédrale, est le berceau de la ville où sont réunies tant d’institutions religieuses que les habitants de Wroclaw l’ont baptisée pompeusement le « Vatican polonais ». 7 églises dont une imposante cathédrale, un palais épiscopal, des maisons de chanoines, autant d’édifices qui forment un ensemble unique de l’architecture gothique du pays.
Toutefois au-delà de ce patrimoine architectural, ce qui attire le regard à Wroclaw, ce sont les krasnales, à savoir un petit peuple de gnomes barbus, la version minuscule et en bronze des nains de jardin, qui parsèment depuis une vingtaine d’années les rues de la cité. Ils racontent tous une curiosité de la ville mais encore faut-il les dénicher.
Ils rappellent aussi que dans les années 1980, un mouvement anarchiste « Alternative Orange » a osé braver l’État en peignant sur les murs des lutins facétieux. A la chute du régime communiste, la ville a voulu commémorer le mouvement en créant une statue qui très vite a été suivie par d’autres.
Encore aujourd’hui il fleurit de nouveaux lutins farceurs et ils seraient près de 400 !
Les retrouver c’est une manière amusante et insolite de découvrir la ville en famille et entre amis.
Il existe de nombreux lieux enchanteurs à Wroclaw
Le long des anciens abattoirs transformés en boutiques d’antiquaires se dressent, pour le plus grand plaisir des enfants, des statues d’animaux qui rappellent quelle fut la destinée du quartier.
La place au Sel où autrefois se trouvaient les comptoirs des marchands de sel rassemblent aujourd’hui les échoppes de fleuristes qui restent ouverts tard dans la nuit pour permettre aux amoureux d’offrir à toute heure du jour et de la nuit un joli bouquet composé à l’élue de leur cœur.
Enfin, la perle de la ville n’est autre que la place du Marché, curieusement déployée autour de l’hôtel de ville, créant ainsi de multiples places qui s’animent au gré des heures qui s’écoulent.
Avec ses escaliers, ses pignons triangulaires à gradins et ses loggias abondamment sculptés et décorés de frises, l’hôtel de ville est l’emblème de Wroclaw, un témoignage orgueilleux de son opulence d’antan.
Tout autour de la place s’alignent de belles maisons patriciennes qui, du gothique à la renaissance et du baroque au classique, racontent la longue histoire de la ville. Aujourd’hui, elles abritent des boutiques de souvenirs, des cafés, des pubs et des restaurants qui ne désemplissent pas.
On se donne rendez-vous au pied de l’ancien pilori, les groupes musardent en faisant le tour de la place, les uns se laissent séduire par les jeux de lumière dans la fontaine, d’autres se surprennent à écouter les baladins et autres saltimbanques qui animent la place et tous, ils envahissent les terrasses pour se réunir autour d’une bière brassée dans les caves même de l’hôtel de ville.
Et Wroclaw devient belle dans son extraordinaire décor d’apparat qui s’illumine de mille feux au soleil couchant. (Suite demain)
Texte : Christiane Goor Photos : Charles Mahaux
Infos pratiques :
3 sites incontournables : celui de la ville de Wroclaw www.visitwroclaw.eu, celui du Tourisme de Basse Silésie www.dolnyslask.travel et celui du Tourisme de Pologne www.pologne.travel. Sans oublier la route des châteaux à suivre sur www.szlakzamkowipalacow.eu.
Se loger : outre les châteaux transformés en hôtels
www.zamekczocha.com, www.kliczkow.com.pl et www.zamekksiaz.pl, on peut également se poser dans le Palac Lomnica, un impressionnant manoir acquis en 1834 par Carl von Kuster, un ambassadeur prussien qui veilla à restaurer cette belle résidence et à créer aux alentours un jardin romantique bordé par la rivière Bobr.
Avec la fin de la guerre, le château fut réquisitionné par les autorités polonaises qui y installèrent une école qui s’y maintint jusqu’en 1979. Le site fut alors abandonné. Toutefois en 1991, Ulrich von Kuster, petit-fils du dernier propriétaire des lieux, put acquérir les ruines du site et avec son épouse ils entamèrent la restauration du palais pour y créer un centre culturel et un musée passionnant à visiter.
Le bâtiment voisin qui a des allures de manoir abrite aujourd’hui des chambres d’hôtes très prisées par les touristes allemands qui aiment à se plonger dans une ambiance révolue entre des photos de jadis, des meubles d’époque et une décoration très soignée.
Dernière touche qui permet d’alimenter la famille et les occupants des lieux, une ferme avec sa boulangerie et sa cuisine qui propose leurs productions sur la table du restaurant. www.palac-lomnica.pl
Souvenirs : n’hésitez pas à visiter la fabrique de céramiques de Boleslawiec qui remonte au 16ème siècle et est toujours active en partageant de belles traditions appréciées hors des frontières polonaises. Tous les produits qui déclinent essentiellement de la vaisselle sont ornés à la main à l’aide de petits cachets en bois qui figurent entre autres des pois, des cercles, des fleurs, des queues de paon, etc… www.ceramiczna-przygoda.pl