Weekend noir sur les eaux… Deux accidents improbables qui n’auraient jamais dû se produire et qui remettent en lumière la nécessité de réglementations strictes… et de les respecter.
A Budapest, d’abord, comme on le lira par ailleurs, sept touristes coréens passagers d’un petit bateau fluvial hongrois ont péri et 21 ont disparu, sans doute emportés par les eaux du Danube après que leur bateau a été heurté par un autre, de bien plus grande taille. Qu’il ait coulé à pic en… sept secondes dit assez la violence du choc.
Que son capitaine ait été immédiatement mis en examen en dit long, aussi, sur les soupçons d’imprudence, pour le moins, qui pèsent sur ce sexagénaire ukrainien. Était-il sous l’influence de l’alcool ? Mais surtout, que faisaient ces deux navires à 21 heures à Budapest, alors que la navigation nocturne sur le Danube y est interdite ?
A Venise, il n’y a finalement eu aucune victime dans la collision entre le MSC Opera et un minuscule bateau de croisière, si l’on excepte quatre ou cinq blessés légers. Mais il s’en est fallu de peu que la collision ne tourne à la catastrophe, du fait que les 130 passagers du navire de croisière fluviale River Countess étaient en train de débarquer…
Des dégâts considérables.
Si on regarde attentivement la vidéo de l’accident, on voit bien que la vitesse du MSC Opera était beaucoup trop élevée et que le paquebot n’était plus manœuvrable, en raison , semble-t-il, d’un avarie moteur. L’équipage a-t-il tenté d’arrêter la course folle du paquebot en accrochant délibérément le quai et limiter ainsi les dégâts ?
Toujours est-il que l’Opera n’est pas près de reprendre la mer. Il va falloir comprendre pourquoi ses moteurs se sont emballés et faire en sorte que cela ne se reproduise plus. Les ingénieurs vont avoir du travail. Par ailleurs, la coque du bâtiment a souffert, à tribord en raclant le quai, à bâbord en heurtant le River Countess. Les dégâts, en fait, sont très importants.
A quelque chose malheur est bon…
Cela dit, l’accident du MSC Opera aura peut-être le mérite d’accélérer l’interdiction des navires de croisière dans le canal de la Guidecca, déjà emprunté quotidiennement par les navires des lignes régulières qui desservent l’Istrie (Croatie), à Pula et Rabac, ou la Grèce, à Patras et Corfou. Cette interdiction existe pour tant depuis plusieurs années mais n’a encore jamais été appliquée…
Le maire de Venise, Luigi Brugnaro, a une nouvelle fois interpellé le gouvernement italien en ce sens et, cette fois, pourrait être entendu. Le ministre des Transports, Danilo Toninelli, a rapidement réagi : pour lui, « les grands navires ne doivent plus passer par la Giudecca ».
Il se pourrait donc que, après des années d’atermoiements, on soit sur le point de trouver une solution qui protège la lagune. Sans que le tourisme de croisière en soit affecté : les navires de croisière n’apportent en effet que 2,5 % des touristes qui visitent Venise chaque année. Et on n’a jamais démontré que leur interdiction dans la Giudecca les décourage d’y venir.