Petit retour sur cette mode des filtres à selfie, pas si anodine, ni innocente

De prime abord, la mode des filtres à selfie semble plutôt sympathique et retoucher son visage semble en effet anodin. Mais en réalité, ces filtres à selfie sont potentiellement dangereux et peuvent provoquer des troubles obsessionnels. Une sorte de sucre « visuel », car on en devient accro sans s’en rendre compte.

La mode des selfies avec filtres bat son plein. Des applications, comme Snapchat et Instagram, sont d’ailleurs devenues les temples du selfie moderne. Il ne s’agit plus aujourd’hui de se tirer bêtement le portrait, mais au contraire, de l’embellir, voire de le modifier au moyen de filtres.

Les utilisateurs de ces filtres, qui se comptent par centaines de millions, ne savent sans doute pas qu’ils utilisent la technologie de la réalité augmentée, une technologie qui, selon Le Figaro, permet à n’importe qui d’incruster des effets spéciaux, dignes du cinéma, sur son propre visage ou celui de ses enfants par exemple.

Ces utilisateurs sont juste ravis de se rendre plus beaux que nature ou de pouvoir se grimer en petit chat ou en dragon capable de cracher du feu. Des applications comme Snapchat, Instagram et Facebook en profitent d’ailleurs pour gagner de l’argent avec des filtres sponsorisés par des annonceurs comme Nike, L’Oréal et Clarins.

Mais au-delà de cet aspect mercantile, il y a aussi un aspect de santé mentale qui n’est pas évoqué sauf par quelques chercheurs en médecine qui n’ont pas hésité à tirer la sonnette d’alarme à l’encontre de ces filtres. C’est vrai, vouloir être plus beau qu’en réalité n’est pas un rêve nouveau. Le Figaro rappelle qu’il y a quelques années encore, les patients des cliniques de chirurgie esthétique venaient avec des photos de célébrités et demandaient à ressembler à ces acteurs ou actrices.

C’était déjà en soi dangereux car bien souvent les photos de ces acteurs sont elles-mêmes retouchées dans les magazines féminins ou people, via des logiciels comme Photoshop. Bref, on voulait ressembler à des gens qui, eux-mêmes, ont une beauté artificielle.

Mais aujourd’hui, grâce à ces filtres qui sont installés par défaut dans les appareils photos de nombreux smartphones, ce même niveau de perfection est accessible à tous sans même savoir se servir d’un logiciel comme Adobe Photoshop ! Adieu donc imperfections de la peau, adieu donc asymétrie du visage, grâce à ces filtres nous devenons plus beaux qu’en réalité.

Or, justement, aux États-Unis, ces filtres ont provoqué une ruée chez les chirurgiens esthétiques car les mordus de ces nouveaux ‘philtres d’amour’ veulent ressembler à leurs propres images retouchées. Les médecins s’en inquiètent car ces selfies filtrés brouillent dans l’esprit de leurs utilisateurs la différence entre réalité et fantasme ; des chercheurs américains pensent que ces filtres à selfie favorisent ce qu’ils appellent la « dysmorphophobie » chez les jeunes.

C’est une sorte de trouble obsessionnel qui pousse les utilisateurs de ces filtres à se préoccuper exagérément d’un défaut physique léger ou inexistant. Pour lutter contre ce trouble obsessionnel, il faut passer par des antidépresseurs et, hélas, une étude, publiée en 2017 sur ce sujet, montre que 80% des personnes souffrant de « dysmorphophobie » ont des idées suicidaires toute leur vie…

En fait, le danger de ces portraits hyper-retouchés, comme l’indique Le Figaro, c’est que c’est l’équivalent du sucre visuel, on en devient accro sans le savoir… Donc, oui, les filtres à selfie ne sont pas anodins, comme tout ce qui nous rend accro, c’est une drogue, sympa et inoffensive de prime abord, mais une drogue quand même !

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