L’Algérie, victime de la malédiction des matières premières

Sur le papier, l'Algérie devrait être un pays riche, et ses 42 millions d'habitants ne devraient pas manifester comme ils le font aujourd'hui.

Il y a des pays qui se suicident comme la Grande-Bretagne et puis d’autres qui sont, hélas, victimes de la malédiction des matières premières comme l’Algérie, ou le Venezuela avant lui.

Sur le papier, l’Algérie devrait être un pays riche, et ses 42 millions d’habitants ne devraient pas manifester comme ils le font aujourd’hui.

Dans « March of Folly », l’écrivaine américaine Barbara Tuchman dit qu’il arrive que des nations décident de se suicider. On le voit aujourd’hui avec le Brexit. Sous prétexte de respecter un référendum tronqué et manipulé par des politiciens sans scrupule, une grande nation est en train de se suicider devant nos yeux.

D’autres nations sont dans le même cas, prenons l’exemple de l’Algérie, mais nuançons quelque peu : ce pays n’a pas décidé de se suicider, et d’ailleurs sa population a gardé un souvenir vivace de la guerre civile qui l’a mis à feu et à sang. En revanche, l’Algérie est victime, exactement comme le Venezuela, de ce que les économistes appellent la « malédiction des matières premières ».

Sur le papier, l’Algérie devrait être un pays riche, et ses 42 millions d’habitants ne devraient pas manifester comme ils le font aujourd’hui si la manne pétrolière avait été bien gérée. Or, exactement comme pour le Venezuela, les rentes gazière et pétrolière ont servi à distribuer des subventions, que cela soit pour l’essence ou la farine, uniquement afin d’assurer au pouvoir politique en place une paix sociale. Le pétrole et le gaz remplacent en somme les pains et les jeux de la Rome antique.

Et le reste de la manne pétrolière a surtout servi à enrichir les dirigeants locaux plutôt que la population algérienne. Selon Le Figaro, les dirigeants algériens ont ponctionné plus de la moitié des réserves de la banque d’Algérie, ils ont fait tourner la planche à billets et ils ont même interdit l’importation de 850 produits, allant de la mayonnaise aux arômes… Le résultat est clair : selon la Coface, un organisme d’assurance-crédit à l’exportation, l’indicateur de risque social en Algérie est à son plus haut niveau depuis la création de cet indice en 2008 !

La malédiction des matières premières, c’est quand un pays, par le hasard de la géologie, se retrouve assis sur une rente et, au lieu d’en faire bon usage, comme en Norvège, se contente de dilapider cette manne. Quand il n’y a qu’à se baisser pour trouver de l’argent dans son sous-sol, les autres secteurs sont souvent délaissés, pas ou peu développés.

Résultat, quand le prix de l’or noir est divisé par deux, comme il l’a été au cours de ces dernières années, c’est la panique, car il n’y a pas d’autres secteurs économiques pour prendre la relève. La preuve, le pétrole et le gaz représentent la quasi-totalité des exportations algériennes et environ deux tiers des recettes publiques de l’Algérie.

Voilà comment un pays, dont 50% de la population a moins de 30 ans, se retrouve bloqué dans son développement. Le pays de naissance de Saint Augustin, ce magnifique pays qui devrait être le plus riche d’Afrique du nord, est aujourd’hui victime de sa dépendance excessive à l’or noir et au gaz. C’est cela la malédiction des matières premières.

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