Comment le crash du Boeing 737 MAX ressuscite un débat qui remonte à 1755

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Le capitalisme est sans pitié pour les défaillances, c’est le cas pour l’action Boeing qui a déjà plongé de plus de 12% depuis l’écrasement de l’appareil de la compagnie aérienne Ethiopian Airlines.

La sanction est d’autant plus forte que depuis lors le Wall Street Journal a dévoilé que les autorités américaines ont ouvert une enquête sur le processus d’approbation par le régulateur du transport aérien des avions Boeing 737 MAX impliqués dans les deux dernières catastrophes aériennes.

Il était d’ailleurs temps que les Américains se bougent, car cette catastrophe aérienne a soulevé quand même pas mal de questions. Si en Asie et en Europe, on a réagi très vite en clouant au sol les appareils concernés, les Etats-Unis ont mis du temps avant d’agir à l’identique. C’est ce qui a fait penser à certains que la guerre commerciale se jouait également au travers de ce drame.

Autrement dit, les Chinois qui aspirent à devenir un jour un grand constructeur aéronautique ont réagi très vite car ils se réjouiraient d’une telle déconvenue d’un des fleurons industriels américaines.

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Quant aux Européens, s’ils ont été aussi rapides pour clouer ses appareils, la question se pose aussi : auraient-ils été aussi rapides si c’était un Airbus et pas un Boeing ? Au-delà de ces interrogations cyniques, mes confrères du Monde rappellent que cet horrible drame réveille une très vieille question, aussi vieille que Voltaire et Rousseau. Cette question, la voici: quelle est l’attitude qu’il faut pendre face aux catastrophes ?

Au départ, les autorités américaines se sont montrées frileuses. Elles disaient, dans les grandes lignes, que tant que la culpabilité du Boeing 737 MAX n’était pas avérée, il continuerait de voler.

C’est ce que Le Monde appelle joliment la présomption d’innocence mais cette fois, appliquée non pas à un être humain mais à une machine! En revanche, les députés américains ont fait pression car ils estimaient qu’en cas de doute, il fallait s’abstenir de faire voler ces engins. C’est le principe de précaution qui existe fort heureusement aujourd’hui pour le climat mais aussi pour les biotechnologies.

C’est là qu’on se rend compte que la discussion sur ce principe de précaution n’est pas nouvelle. C’est un débat qui renvoie comme l’écrit Le Monde à la polémique entre Voltaire et Rousseau sur la destruction de Lisbonne en 1755.

Vous voyez, ce n’est pas nouveau. Selon Voltaire, cette destruction de la ville de Lisbonne est le résultat du hasard, d’un coup du sort. Alors que selon Rousseau, c’est l’homme qui est responsable de tous ces morts car il a édifié une ville trop dense dans un endroit dangereux. Et voilà comment le crash du Boeing 737 MAX ressuscite un débat datant de 1755!

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