Nous l’avons déjà dit plusieurs fois : le propre de PagTour est d’être une tribune libre, où chaque chroniqueur a le droit d’exprimer ce qu’il pense. Et donc, forcément, il arrive que nous ne soyons pas d’accord entre nous. Voici un beau cas d’école : Air Belgium.
Nous ne partageons absolument pas l’avis de notre chroniqueur Obélix à propos d’Air Belgium. Le patron de la compagnie établie à Mont-St-Guibert est loin d’être un inconnu, il a déjà une longue carrière dans l’aviation, notamment chez TNT, spécialiste du fret aérien.
Et c’était bien l’idée derrière Air Belgium : transporter du fret entre la Chine et la Belgique, tout en ouvrant aussi aux passagers. Hélas, les embûches ont été nombreuses.
Premièrement, si Mr Terzakis a obtenu de l’argent de la région wallonne, c’est que hélas de nos jours les banques ne prennent plus aucun risque, et ne prêtent qu’aux riches. Il faut bien que les pouvoirs publics investissent dans le capital à risque si l’on veut faire bouger les choses.
Deuxièmement, le choix de Charleroi n’était pas le premier. Terzakis s’est adressé à Liège, puis à Brussels Airport. Là, on peut penser qu’il a été un peu « cocufié », puisqu’à peine sorti du bureau de la Direction, un message partait à destination de Cathay pour les avertir qu’une ligne vers Hong Kong allait s’ouvrir.
Et Cathay n’a fait ni une ni deux, et est venue à Bruxelles. Ajoutons que, si c’est une folie pour Air Belgium d’ouvrir une ligne vers Hong Kong, ce doit en être une aussi pour Cathay… Or, ça marche.
Troisième problème, et non des moindres
Puisqu’il ne restait plus que BSCA comme base de départ, il fallait s’accommoder des restrictions dues à la piste. Des aménagements ont été faits sur la largeur pour permettre à des quadriréacteurs de décoller, mais c’est la longueur qui pose problème pour un décollage à pleine charge. C’est une limitation qui a coûté beaucoup d’argent.
Quatrièmement, Air Belgium a dû faire face à un tour-opérateur chinois qui n’a pas tenu ses promesses, pour la x-ème fois. Pourtant le marché chinois est devenu le plus gros marché au monde, et donc nous persistons à dire que l’idée était bonne.
Quant à émettre des doutes sur l’avenir d’autres destinations, quelles soient chinoises ou américaines, c’est un peu comme si on critiquait Ryanair pour ouvrir une ligne sur Béziers : qui va à Béziers alors que Carcassonne ou Montpellier sont déjà desservies ? Ou comme si on émettait des doutes sur n’importe quel vol de Norwegian vers des villes secondaires des USA. L’aviation a subi un tel développement que des lignes dites secondaires sont devenues extrêmement populaires.
Pas question donc d’accuser Air Belgium sur son ignorance du marketing : il y a un marché immense depuis et vers la Chine, Cathay ou Hainan Airlines le prouvent, de même que les récents projets de fret par train vers Liège et Anvers.
Enfin, les fonds publics ne sont pas perdus
Air Belgium existe toujours et occupe pour le moment une niche bien particulière du marché : celle des « remplacements », avec beaucoup de succès et avec une compétence reconnue. L’aventure Air Belgium permettra aussi à Charleroi d’avoir enfin, un jour, une piste suffisamment longue, et surtout d’acquérir le savoir-faire en opérations long-courrier.
Nous avons lu à ce propos des avis très durs sur le « service » à Charleroi : c’est oublier que le service est donné en fonction de ce que le client paie. Et nous avons fait l’expérience, le service « business » d’Air Belgium n’est en rien comparable au service des opérateurs low-cost sur le même aéroport. Tous ceux qui ont cru à ce projet n’ont pas perdu leur temps ni l’argent public, l’avenir nous le montrera.