Au fur et à mesure qu’on se rapproche de la date fatidique du Brexit, c’est-à-dire le 29 mars, les Britanniques sont de plus en plus nerveux et ont peur de manquer de salades ou de produits frais. Mais cette peur, du moins à court terme, est exagérée. C’est ce que nous explique notre chroniqueur éco.
Les Britanniques sont nerveux. Officiellement, leur gouvernement a jusqu’au 29 mars prochain pour trouver une solution, sinon ce sera une sortie sans accord de l’Union européenne : un Brexit sauvage. Et ça, personne n’en veut, car ce serait synonyme de chaos.
D’abord, rassurons tout le monde : ce scénario est peu probable. Les européens arriveront à se mettre d’accord pour accorder – in extremis – encore un peu de temps aux Britanniques.
Mais ce temps sera compté, car le report ne pourra pas dépasser le 2 juillet prochain, date à laquelle les nouveaux députés européens entameront leur mandat.
Quant aux parlementaires britanniques, même les tenants d’une sortie de l’Union européenne ne veulent pas qu’elle se fasse dans le désordre. Or, justement, c’est ce désordre qui inquiète les Britanniques. Les articles sur d’éventuelles pénuries fleurissent ici et là.
Les uns pensent qu’ils vont manquer de salades et les autres de fruits frais. Il faut dire que le patron de Tesco, l’équivalent de notre enseigne Carrefour ou Delhaize, a eu la phrase qui fait mouche. En gros, il a dit à ses compatriotes que « si on se satisfait de corned-beef en boite et de pêches au sirop, alors tout ira bien ».
« Brexit: le pire n’aura pas lieu le 29 mars ou le 2 juillet prochain mais beaucoup plus tard »
C’est une manière indirecte de rappeler aux Britanniques qu’ils peuvent faire des stocks, mais qu’ils ne peuvent pas emmagasiner des produits frais, des produits périssables. C’est ce genre de propos qui nourrit évidemment des articles apocalyptiques, dans lesquels on imagine des centaines de camions qui feraient la queue à Douvres en attendant de pouvoir passer de l’autre côté de la Manche.
En réalité, comme l’explique le correspondant du journal Le Monde à Londres, cette vision est fausse. D’abord, parce qu’il y a des plans d’urgence prévus des deux côtés. Ainsi, les immenses embouteillages de camion à la frontière n’auront pas lieu car des mesures d’exception sont déjà planifiées.
De même, les usines ne vont pas se délocaliser du jour au lendemain de Grande-Bretagne. C’est normal, les investisseurs ne vont pas jeter les milliards qu’ils ont investi sur un coup de panique. Mais comme le rappelle le correspondant du Monde à Londres, l’erreur habituellement commise par nous tous dans ces cas-là, c’est de surestimer l’impact du court terme et de sous-estimer l’impact du long terme.
Autrement dit, le pire n’aura pas lieu le 29 mars ou le 2 juillet prochain mais beaucoup plus tard. En effet, si une solution n’est pas trouvée, il y aura un lent délitement de l’économique britannique. Et ça, c’est tout sauf une bonne nouvelle. Mais heureusement, l’histoire a déjà montré que le pire n’est pas toujours certain !