Alors que le mouvement s’essouffle, on peut déjà dresser le bilan, en ce début d’année, de ce que les « gilets jaunes » ont coûté à la destination France.
La brutale dégradation de l’image du pays a non seulement percuté l’activité à court terme, mais pourrait peser sur la fréquentation du pays au début de cette nouvelle année. Pour Paris et l’Île-de-France, le repli de l’activité en décembre par rapport à un an plus tôt a été de l’ordre de 10 %. La seule zone Champs-Élysées/Montaigne — particulièrement ciblée car c’est le quartier des magasins de luxe très prisés par les visiteurs étrangers — a vu son chiffre d’affaires chuter jusqu’à -30 % après l’acte V des « gilets jaunes.
Des réservations qui ne repartent pas
« Le mal qui a été fait est considérable », estime Jean-Virgile Crance, président du groupement des chaînes hôtelières GNC qui, outre les annulations, relève un « coup de frein sur les réservations, en retrait de 20 % par rapport à décembre 2017, et qui ne repartent pas ».
Dans le secteur cafés-bars-restaurants, 78 % des commerçants ont enregistré un retrait d’au moins 10 % de leur chiffre d’affaires, et jusqu’à plus de 30 % pour 23 % d’entre eux.
Christian Mantei, directeur général d’Atout France, a noté une baisse des réservations aériennes pour le début de 2019 entre le 1er novembre et le 12 décembre, de 4,8 % pour la France et de 5,4 % pour Paris …
4,4 Mds€ partis en fumée
D’après la Banque de France, la facture de ces cinq semaines de mouvement s’élève à 4,4 milliards d’euros, qui sont partis en fumée. Le chiffre n’est pas détaillé, mais inclut sans doute le montant des dégâts commis par les casseurs et les heures supplémentaires des forces de l’ordre.
Du côté des super et hypermarchés, ce sont déjà 700 M€, hors week-end dernier, qui ont été perdus par les grandes surfaces alimentaires et 2 Mds € pour le reste de la grande distribution, comme les magasins d’électroménager.
Qu’on y ajoute les dix milliards d’euros lâchés par le gouvernement sous la pression des gilets jaunes pour augmenter le pouvoir d’achat des plus modestes — bien que la grande distribution devrait, là, plutôt en profiter — et on aura une petite idée du coût des manifestations qui, par ailleurs, auraient provoqué la mise au chômage partiel de près de 43.000 personnes mais aussi, rappelons-le, la mort d’une dizaines d’autres, même s’il elles ont été le plus souvent victimes d’accidents de la circulation liés aux manifestations .
Mais comment en est-on arrivé là ?
Les protestataires de tout poil savent aujourd’hui utiliser les réseaux sociaux tandis que des médias peu soucieux d’une approche sérieuse du phénomène, leur servent de haut-parleur.
Voilà comment un mouvement, né à l’origine d’une grogne contre l’augmentation des taxes sur le diesel, s’est rapidement transformé en un catalogue d’exigences [lire ici leurs 42 propositions] allant du rétablissement de l’ISF à celui… de la peine de mort, châtiment suprême dont le président de la République lui-même, faute d’avoir démissionné, devrait être la première victime.
Initié par des citoyens sans doute de bonne foi mais totalement inexpérimentés, le mouvement des « gilets jaunes » a aussi été immédiatement infiltré, manipulé puis téléguidé par de sombres officines d’extrême droite, majoritairement.
Enfin, le Pouvoir s’est révélé incapable de gérer cette crise, largement inattendue, autrement que par de nouvelles promesses qui, au cas où elles seraient tenues, ne feront qu’aggraver les finances publiques d’un pays dont, on se fait fort de le souligner, le déficit est très exactement égal au montant total de la fraude fiscale.