René Trabelsi recevait à déjeuner vendredi dernier chez Drouant la presse professionnelle touristique française ainsi que quelques titres nationaux. Le nouveau ministre du tourisme a été parfaitement clair : il veut que son pays redevienne « la meilleure destination touristique au monde ». Concrètement il vise 1 million de touristes français à fin 2019. Selon lui, c’est tout à fait jouable. « En 2018, c’est 800 000 de vos compatriotes qui ont voyagé en Tunisie ».
Retour à la table des plus grands
René Trabelsi (à droite sur la photo) veut ainsi faire venir des touristes du monde entier et booster le tourisme culturel et sportif. Outre les Algériens, les premiers visiteurs du pays, il cible une clientèle issue d’Afrique, de Chine et des émirats du golfe Persique. Mais sa priorité reste la France.
« Malgré les nombreux problèmes politiques à régler, les obligations du respect absolu du contrat social avec la population et la situation économique tendue actuellement, nous sommes confiants dans nos capacités à relever le défi » indique Ghazi Gherairi (photo aux côtés du ministre), l’Ambassadeur de la Tunisie auprès de l’Unesco, présent au déjeuner avec les cadres de l’office de tourisme de Tunisie (ONTT).
Un tourisme culturel et familial
La part des réservations familiales, qui selon le ministre, reste le meilleur indicateur de la reprise de l’activité d’une destination touristique, a augmenté de 16 % c’est à dire que ls familles représentent désormais environ 70 % des réservations de l’été 2019.
Et les grands voyagistes européens ne s’y sont pas trompé avec aux premiers rangs Thomas Cook ainsi que le groupe TUI entre autres qui ont tous les deux augmenté leurs vols et accentué leurs engagements hôteliers.
Le tourisme européen en Tunisie a repris avec une forte progression : celle des touristes allemands aurait grimpé jusqu’à 61 %, les Russes 34 % et les Français 28 %. « 2018 aura été un excellent millésime, voire le meilleur depuis 2011. On décomptait près de 7,5 millions de visiteurs entre le 1er janvier et le 30 novembre 2018 (toutes nationalités confondues, ndlr) soit une augmentation de 17 % par rapport à la même période en 2017« .
Le ministre a promis de ne rien faire qui puisse nuire à l’industrie touristique tunisienne
Au cours du mois de novembre, le taux d’inflation en Tunisie s’est stabilisé à un niveau de 7,4 % pour la troisième fois de suite.
Le dinar tunisien a chuté face à l’euro ce qui fait qu’il offre un surcroît de pouvoir d’achat à l’étranger, compte tenu de l’évolution des taux de change et de l’inflation locale..
En moins de six mois, le dinar tunisien a perdu plus de 11 % de sa valeur par rapport à l’euro. Il faut aujourd’hui 3,3 dinars pour acheter un euro.
La Tunisie commerçant essentiellement en euro, cette dépréciation fait grimper les prix et donc génère de l’inflation. Elle devrait dépasser 8 % en 2018.
Ce sont les tunisiens qui sont gravement touchés par une hausse des prix.
Les prix de l’alimentation ont augmenté, en novembre, de 6 % sur un an, contre 6,3 % le mois précédent. Ce taux est expliqué par l’augmentation des prix des viandes de 11,7 %, des dérivés de lait, fromages et œufs de 10,8 %, des poissons de 7,2% et des fruits de 6,4 %.
Par ailleurs, les prix des légumes et des huiles alimentaires ont baissé respectivement de 1,3 % et 1 % par rapport à la même période de l’année dernière. Les prix du groupe transport ont augmenté de 13,5 % en raison de la hausse des prix des véhicules de 16 %, des dépenses d’utilisation des véhicules de 13,5% et des services de transport de 9,8 %.
Pourtant le tourisme devrait progresser plus fortement encore
Selon René-Marc Chikli, le président du SETO, la destination aurait progressé de 8 % fin Janvier par rapport à l’année passée. « Nous nous réjouissons du retour des grandes destinations qui portaient l’activité avant les printemps arabes dont en premier lieu la Tunisie qui progresse de 82 % en trafic sur l’exercice 2017-2018« .
Avec des pistes de développement hors balnéaire telles que le Golf, le Yachting, la chasse, le Mice, le cyclotourisme, le rallye-raid, la plongée ou la randonnée notament.
La Tunisie peut également s’appuyer sur une richesse culturelle inégalée dont sont friands les touristes européens (tout récemment la poterie des femmes de Sejnane vient d’être inscrite sur la liste du Patrimoine culturel immatériel de l’humanité, ndlr).
La sécurité au centre et encore des progrès à faire
Le président du tour opérateur Authentique, Hakim Tounsi, lui aussi présent au déjeuner chez Drouant, se réjouit du retour de son pays au premier plan touristique mais prévient de toute euphorie prématurée :
« Hygiène et environnement, formation du personnel … qualité du produit, transport aérien, remise à niveau de notre outil de travail, redéfinition du classement du parc hôtelier, assainissement du financement du secteur et remise en exploitation de la capacité hôtelière restée fermée à ce jour estimée à près de 150 hôtels, révision des parts de chaque marché pour revenir à une cohérence dans la cohabitation au niveau de la clientèle des hôtels sans laquelle le produit demeurera sans âme et sans avenir, reprise en main de la gestion de la variable recette moyenne touristique en devises, retour à une meilleure cohérence tarifaire au niveau de la prestation hôtelière car le niveau actuel des tarifs est très haut en haute saison souvent 3 à 4 fois plus élevé qu’en basse saison« .
Le tourisme est une source de revenus cruciale
Le tourisme est l’une des principales sources de revenus, cruciales pour l’économie tunisienne. À son apogée, en 2010, le secteur employait environ 12 % de la main-d’œuvre nationale et fournissait 400 000 emplois dont 85 000 emplois directs. Le tourisme apportait plus de 1,2 milliards d’euros au pays et contribuait à 9 % du PIB.
Le pays garde toute son attractivité grâce à ses richesses historiques incomparables et espère revoir ses nombreux voyageurs.
PR