Prendre l’avion vous expose à des radiations. Il parait même que voler en avion expose le corps à plus de radiations que de travailler sur un réacteur nucléaire. Dit comme ça, ça fait froid dans le dos pourtant, mais c’est une réalité !
Et elle inquiète pas mal de monde dont les employeurs des personnels navigants et certains services HSE (hygiène sécurité et environnement) de sociétés faisant voyager fréquemment leurs employés. Alors pourquoi le vieil adage dit que les voyages forment la jeunesse… ?
Cette irradiation est-elle une réalité ou bien une doxa (Ensemble des opinions reçues sans discussion, comme évidentes, dans une civilisation donnée. Une « fake news » dans le monde moderne).
Je vous propose donc de regarder de plus près la réalité des faits
Tout d’abord, il faut savoir que la radioactivité est un phénomène naturel auquel nous sommes tous exposés. La terre reçoit en permanence un rayonnement ionisant issu de l’espace. Nous sommes en permanence bombardés par des microparticules qui voyagent à une vitesse proche de celle de la lumière. C’est ce que l’on appelle le rayonnement cosmique. Pour la Terre, le plus gros générateur de rayonnement est le Soleil.
Par bonheur, le rayonnement cosmique est en grande partie dévié par la double protection que compose le champ magnétique terrestre et les couches d’air de l’atmosphère.
L’exposition à la radioactivité naturelle en avion dépend de 3 facteurs :
L’altitude : Plus l’on s’élève en altitude, plus la couche protectrice de l’atmosphère se réduit et plus on est exposé aux rayons cosmiques dont les valeurs paraissent impressionnantes.
A 10.000 m. d’altitude (niveau de croisière des avions de ligne), le rayonnement est 100 à 300 fois plus élevé que sur Terre au niveau de la mer… En fait, l’exposition aux radiations double tous les 1.500 mètres d’altitude. Les populations montagnardes sont donc exposées à des doses plus fortes que la moyenne des habitants du Plat Pays.
De fait, la dose reçue pendant votre semaine de vacance au ski correspond à un vol en haute altitude de 4 heures. Avouez que vous commencez à regretter l’air pur de la montagne ou vos vacances aux Antilles…
La latitude : Elle joue aussi un rôle crucial car les rayons cosmiques sont déviés par le champ magnétique terrestre. A proximité des pôles, l’exposition au rayonnement est plus importante.
Un voyageur empruntant une route passant par le pôle Nord pour aller de New-York à Hong Kong recevra une dose trois fois plus importante qu’un vol similaire se déroulant à proximité de l’équateur car la protection de l’atmosphère et du champ magnétique terrestre est environ deux fois moins efficace aux latitudes polaires qu’à l’équateur.
La durée de vol : Plus le vol est long, plus vous êtes exposés.
Bon, ce n’est pas pour autant qu’il faut paniquer même si les compagnies aériennes prennent très au sérieux le fait que leur personnel navigant soit exposé à des doses accrues de radiation. Les expositions restent modestes.
Le passager d’un vol Londres New-York à 11.000 mètres d’altitude recevra une dose de 0,032 mSv (millisievert) ce qui correspond à l’équivalent d’une radiographie dentaire panoramique ou bien à une présence de 24 heures au bord de la mer (en encore, pas en Bretagne car le granit est émetteur de radiations).
D’après l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire, il faudra cinq allers et retours à un habitué de la ligne Paris New-York (voyageur ou membre d’équipage) pour recevoir une dose de radiation de 1 mSv (soit l’équivalent d’une radio du bassin correspondant à 4 mois de présence au sol près de la mer).
Un millisievert est également le seuil d’exposition moyen recommandé pour le public par la Commission Internationale pour la Protection Radiologique. C’est à peu près 40 % de la valeur moyenne annuelle produite par la radioactivité naturelle.
Les autorités confirment qu’un millisievert supplémentaire reste une dose faible dont on n’a pas pu prouver qu’elle présente un risque. Pour information, les doses annuelles admises pour les personnes travaillant dans l’industrie nucléaire sont de 20 mSv en Europe et de 50 mSv aux États-
Unis.
Toujours pour information, une directive européenne impose aux compagnies aériennes de suivre les doses reçues par leurs équipages et de les informer quand elles dépassent la limite de 1 mSv.
Cette communication est importante car les doses s’additionnent et si le navigant doit passer des examens
radiographiques, il doit être à même d’en informer son radiologue.
Aux États-Unis, la prestigieuse Health Physics Society confirme que, pour les passagers fréquents et le personnel navigant, le risque global peut être considéré comme inexistant et ce même si ces derniers volent depuis 30 ans.
Même si le risque est réellement limité, plusieurs pilotes pointent du doigt le fait que leur corporation a un taux plus élevé de cancer que la population générale. Des études sont en cours dans plusieurs pays pour affirmer ou infirmer ce constat.
De son côté, l’association des pilotes professionnels américains demande à ses membres qui pourraient être affectés par les radiations (antécédents d’expositions, examens d’imagerie médicale utilisant des radiations…) de demander des trajets plus adaptés (du court-courrier par exemple).
D’autre part ils ont demandé aux autorités de pouvoir contourner les scanners d’imagerie des postes d’inspection filtrage des aéroports.
En conclusion, si les doses de radiation reçues en vol restent négligeables, la vigilance s’impose pour les voyageurs réguliers ainsi que le personnel navigant qui pourraient être amenés à faire des examens radiologiques impliquant de fortes doses de rayon X.
A titre d’information, vous pouvez calculer les doses reçues lors de vos vols grâce au projet S.I.E.V.E.R.T. (Système Informatisé d’Évaluation par Vol de l’Exposition au Rayonnement cosmique dans les Transports aériens) mis en ligne par l’excellente IRSN sur le lien suivant : https://www.sievert-system.org/#Calcul.
Alors bons voyages et surtout, ne vous privez pas de voler ou bien d’aller à la montagne ou aux Antilles !