Ça bouge décidément beaucoup dans le secteur de la distribution, en amont — et même très en amont — des agences de voyage. Les GDS s’investissent à fond dans la norme NDC (v. PagTour du 8 août dernier) et des compagnies aériennes comme United ou Qantas leur emboîtent le pas, de même qu’American Express.
Simultanément, l’IATA « planche » sur un nouveau système encore, qui irait encore plus loin. Dans tous les cas de figure, l’agent de voyage doit s’interroger sur ce que sera son rôle demain
Ne dites plus GDS…
Sean Menke, CEO de Sabre, qui ouvrait la deuxième session de conférences de l’AIR Symposium organisé par IATA, ne veut plus que Sabre soit considéré comme un GDS, mais comme une société technologique. Une approche déjà adoptée, soit dit en passant, par ses concurrents d’Amadeus, notamment.
La terminologie « GDS » serait devenue trop réductrice : selon lui, une grande partie des ressources des GDS doit être investie dans l’évolution du marché et notamment dans l’implémentation de NDC. Sabre a d’ailleurs réorganisé les différents départements de la société en encourageant le partage de données et l’analytics.
Il s’agit de créer des solutions en partant d’un point de vue horizontal : demain, le secteur de l’aérien devra par exemple travailler davantage avec le secteur de l’hôtellerie. Face à des Google ou Amazon qui gagnent toujours plus de terrain dans la distribution, Sabre se doit d’être prêt pour répondre au besoin de personnalisation des voyageurs.
Travelport travaille pour sa part sur plusieurs projets avec IBM. Parmi eux, le GDS envisage de simplifier la distribution des contenus hôteliers en recourant à la blockchain d’IBM via des smart contracts.
Des offres sur mesure et en temps réel
De son côté, l’IATA vient de publier un livre blanc sur la Dynamic Offer Creation, un nouveau concept d’optimisation du revenue management dédié aux compagnies aériennes. Reposant sur le Big Data, il permet de fournir aux voyageurs des offres personnalisées pour des demandes spécifiques, et en temps-réel.
Ce système repose essentiellement sur l’exploitation du Big Data et l’élaboration d’algorithmes sophistiqués qui servent, entre autres, à prévoir la demande, optimiser la tarification et gérer la disponibilité de manière flexible.
La création d’offres dynamiques fait passer la dynamique d’un système push à un système pull dans lequel les clients décident exactement de ce qu’ils veulent et où la compagnie aérienne dispose d’une plus grande liberté pour proposer cette offre ‘sur-mesure’.
Un bouleversement nécessaire
L’IATA explique cependant que les avantages apportés par la création d’offres dynamiques exigent un bouleversement total des normes actuelles du secteur aérien. Les offres contextuelles, par exemple, sont difficilement réalisables compte tenu de la complexité des données et de leur régulation.
Mais « en s’éloignant d’un système où les processus d’inventaire et de tarification sont dissociés, les compagnies aériennes ont la possibilité d’utiliser beaucoup plus de sources de données et d’explorer de nouvelles capacités de traitement, tels que l’intelligence artificielle », explique l’IATA dans un livre blanc consacré à cette nouvelle vision.
La vision de l’IATA mettra sans doute quelques années à s’imposer, si elle le peut. Les « sociétés technologiques » — on trouvera bien un autre nom pour désigner les GDS — ont tout à y perdre, alors même qu’elles se sentent déjà menacées par les GAFA, et surtout par Google, et non sans raison.
C’est la raison pour laquelle elles ne peuvent passer à côté de la NDC en se faisant voler le beau rôle par les compagnies aériennes. Les prochains mois devraient voir éclore de nouvelles solutions… qui ne seront pas nécessairement à l’avantage des agences de voyage. C.B.
[Avec Tom.travel]