L’Italie est aujourd’hui une véritable cocotte-minute. Et le dernier budget qu’elle a présenté à l’Europe le démontre bien: si l’Italie ne se ressaisit pas, c’est la zone euro qui risque de trembler car l’Italie est un autre morceau que la Grèce. Ici, on parle de la 3ème puissance économique de la zone euro. Amid Faljaoui, notre chroniqueur éco, nous en dit plus sur cette cocotte minute.
L’Italie est en train de se transformer en cocotte-minute. Si cela tourne mal, toute la zone euro sera concernée. Tout cela à cause du gouvernement populiste actuel qui a refusé de respecter les règles européennes.
En clair, ce gouvernement présente un budget pour l’année 2019 avec un déficit de 2.4% alors que le ministre des Finances italien avait promis d’être en-dessous des 2%.
Dit comme cela, ça a l’air technique et de peu d’importance. En réalité, ce refus d’avoir un déficit sous la barre des 2% est crucial pour l’Europe et en particulier pour la zone euro.
La Bourse de Milan a d’ailleurs chuté vendredi dernier de presque 4%. Et les taux d’intérêt italiens ont augmenté assez fortement, ce qui est un signe de méfiance des marchés financiers. Pour l’Italie, cette augmentation des taux d’intérêt s’apparente à un suicide car la dette publique de l’Italie est déjà de 132%.
Le remboursement de la dette est déjà le premier poste budgétaire de ce pays. Visiblement, la coalition qui est au pouvoir n’a pas peur. Elle part du principe qu’elle doit respecter ses promesses électorales, y compris de baisse des impôts pour les sociétés et les particuliers. Et que s’il le faut, -en tout cas, c’est ce qu’a dit le porte-parole du gouvernement italien-, les partis populistes au pouvoir n’hésiteront pas à licencier les hauts fonctionnaires du ministère des finances si les recettes fiscales escomptées ne sont pas au rendez-vous en 2019.
Autrement dit, ce gouvernement populiste est prêt à livrer une chasse aux sorcières pour arriver à ses fins. Mais les spécialistes pensent au contraire que c’est ce gouvernement qui tombera le premier.
Pourquoi ? Parce que le ministre des Finances, qui est un technocrate et qui rassurait les marchés financiers et la commission européenne, a perdu sa première bataille. Il n’a pas pu empêcher le dérapage budgétaire.
« Quand l’Italie vote populiste, nous ne pouvons pas hausser les épaules, cela nous concerne aussi: autant le savoir ! »
Il n’est d’ailleurs resté à son poste que par patriotisme et pour éviter une crise supplémentaire à son pays. Ensuite, si c’est le droit des italiens de voter pour des partis populistes, ils n’ont en revanche pas le droit de ne pas respecter les règles européennes. Nous avons une monnaie en commun et c’est l’euro. En ayant une monnaie commune, nous avons accepté d’être interdépendants. Ce qui veut dire que nous devons respecter des règles communes pour éviter que les écarts des uns ne fassent du mal aux autres.
Un exemple : si les marchés financiers n’ont plus confiance en l’Italie, ils perdent aussitôt confiance dans les autres maillons faibles de la chaine.
Et c’est pourquoi vendredi dernier, les taux d’intérêt ont augmenté en Italie, mais aussi pour la Grèce et tout cela met la pression sur des pays comme le Portugal et l’Espagne. Les plus égoïstes se diront ‘tant pis, cela concerne les pays du sud de l’Europe et pas la Belgique ou la France’.
Ce serait une erreur de jugement. La plupart des banques belges ou françaises – et ce sont d’ailleurs les mêmes – ont des titres de la dette publique italienne en portefeuille.
Et donc si l’Italie – qui je le rappelle est tout de même la 3ème puissance économique de la zone euro – devait faire la culbute, ce sont les épargnants belges et français qui peuvent en faire aussi les frais.
En résumé, c’est que nous ne sommes plus isolés, toutes nos économies sont interdépendantes. Quand le Brexit risque de se terminer par un non accord, la Flandre est la première touchée après l’Irlande! Et quand la Turquie dérape ce sont aussi nos banques qui sont aux premières loges. Quand l’Italie vote populiste, nous ne pouvons pas hausser les épaules, cela nous concerne aussi: autant le savoir !