Le patron de bpost souhaiterait mette fin aux tournées quotidiennes. Amid Faljaoui, notre chroniqueur économique, explique les défis que pose l’email à notre poste nationale et ce que peut faire ou ne pas faire la direction pour compenser le déclin du courrier postal.
Il y a des interviews qui frappent l’esprit
C’est le cas de la dernière interview accordée par Koen Van Gerven, le patron de la poste à mes confrères du Soir. Il suffit de la lire pour se rendre compte que le monde change plus vite que prévu.
Question que je pose à nos lecteurs: quand est-ce vous avez glissé une lettre dans une boite rouge de la poste ? Réponse: il y a longtemps sans doute.
Et si c’est le cas, c’est normal. Après tout, nous communiquons de plus en plus par email aujourd’hui. Bien entendu, ce phénomène n’est pas nouveau, et le patron de bpost sait que l’email est un concurrent. D’ailleurs Koen Van Gerven n’a pas attendu l’explosion de l’usage de l’email pour savoir qu’il doit trouver d’autres relais de croissance pour compenser le déclin du courrier postal.
Seulement voilà: ce déclin s’avère plus rapide que prévu. Il y a quelques années encore, le déclin était de 2 ou 3% par an. Aujourd’hui, ce déclin dépasse le taux de 6% par an.
Et à ce niveau-là, que peut encore faire le patron de bpost? Augmenter le prix du timbre ? Oui, mais cette augmentation a une limite et les autorités de contrôle ne le permettent plus ou pas facilement.
Alors, à court terme, il reste une solution qui n’est pas encore décidée mais qu’envisage sérieusement le patron de bpost: c’est de faire en sorte que le courrier ne soit distribué que deux ou trois jours plus tard.
Après tout, ce ne serait pas un drame, car les clients – vous et moi – travaillons avec l’email et les courriers postaux ne sont plus aussi urgents qu’auparavant.
Et quant à ceux ou celles qui voudront que leur lettre arrive le lendemain, pas de souci, ils pourront le faire mais paieront plus pour ce service.
« Le patron de bpost, comme ses collègues à l’étranger, doit trouver d’autres ressources financières. Et ce n’est pas simple, car personne n’a de baguette magique »
Bien entendu, les spécialistes nous ont également dit que la baisse du courrier postal – à cause des emails – sera compensée par l’envoi de colis notamment grâce au succès des sociétés d’e-commerce.
Mais même si l’envoi de paquets par la poste a augmenté de 81% en 5 ans, ce business des colis ne compense hélas pas le chiffre d’affaires perdu par le courrier postal classique.
Et donc, le patron de bpost, comme ses collègues à l’étranger, doit trouver d’autres ressources financières. Et ce n’est pas simple, car personne n’a de baguette magique.
D’ailleurs, le cours de Bourse de bpost a chuté de moitié au cours de ces derniers mois. Pourtant, malgré ses soucis, notre poste nationale gagne encore de l’argent, mais la Bourse, comme vous le savez, est toujours impatiente.
Elle ne voit pas comment bpost va s’en tirer à l’avenir. C’est le défi clairement posé à sa direction.
Au Portugal, par exemple, la poste locale s’est lancée dans des activités bancaires. Aux Pays-Bas, la poste néerlandaise s’est lancée dans la distribution du courrier dans d’autres pays européens, mais aucun de ces modèles n’a donné des résultats fantastiques!
De son côté, en Belgique, bpost cherche son salut dans le rachat d’une entreprise américaine active dans l’e-commerce. Mais pour le moment, cet achat n’a pas donné les résultats escomptés.
Et donc, bpost cherche toujours le modèle économique qui remplacera son modèle actuel. En attendant, une chose est quasi certaine, d’ici peu de temps, le facteur ne passera plus tous les jours chez nous. A cause de nos emails.