Les touristes qui ont choisi la Turquie cet été ne l’avaient peut-être pas remarqué, mais le pays était sous le régime d’état d’urgence. Celui-ci vient d’être levé hier. Selon le porte-parole de la Présidence, il pourrait toutefois être rétabli en cas de « situation vraiment exceptionnelle ».
L’état d’urgence avait été décrété, initialement pour une durée de trois mois, au lendemain de la tentative de putsch du 15 juillet 2016 mais a été systématiquement prolongé pour permettre aux autorités de mener de vastes purges, non seulement parmi les putschistes présumés et les personnes perçues comme leurs sympathisants, mais aussi des opposants pro-kurdes, des journalistes et des ONG. Pas moins de 153 journalistes sont actuellement derrière les barreaux en Turquie, accusés, même s’il n’en est rien, de « soutenir des mouvements terroristes ».L’état d’urgence est également associé au limogeage ou à la suspension de postes de dizaines de milliers de fonctionnaires.
L’opposition n’est pas rassurée
Sa levée intervient moins d’un mois après la victoire de M. Erdogan à des élections cruciales qui lui ont apporté de nouveaux pouvoirs, comme la possibilité d’émettre dans de nombreux domaines des décrets à valeur de loi.
L’annonce de la fin de l’état d’urgence n’a d’ailleurs pas rassuré l’opposition, qui accuse le gouvernement de vouloir prolonger ses effets à travers un projet de loi « antiterroriste » présenté cette semaine au Parlement. Ce texte contiendrait, selon l’AFP, plusieurs mesures inspirées de l’état d’urgence, comme la possibilité pour les autorités de continuer de limoger les fonctionnaires liés à des « groupes terroristes » pendant encore trois ans. Une autre mesure vise à élargir les pouvoirs des gouverneurs des provinces, qui pourraient interdire l’accès à certaines zones.
Le retour des touristes
Ankara affirme que de telles mesures sont nécessaires pour ne pas affaiblir la lutte contre le « terrorisme » après la levée de l’état d’urgence.
Pour autant, les touristes reviennent en masse en Turquie : leur nombre augmenterait cette année de 32 %, selon le ministère turc du Tourisme, qui s’attend à en accueillir 36 millions en 2018, largement au-dessus des prévisions. L’Iran serait le premier pays « fournisseur », suivi de l’Allemagne et de la Géorgie.
[Source : Le Monde]