Les taux d’intérêt vont augmenter en Europe. L’homme qui a donné le signal de cette hausse est Belge et économiste en chef à la banque centrale européenne. Cette remontée des taux va-t-elle nous faire plaisir ? Pas sûr du tout.
Les taux d’intérêt sont en train de grimper partout en Europe. Pas seulement en Italie, mais dans des pays aussi solides que l’Allemagne. La faute à qui ? Au Belge Peter Praet, l’économiste en chef de la banque centrale européenne. Par quel tour de magie, cet économiste belge a-t-il réussi à accentuer la hausse des taux d’intérêt en Europe ?
C’est simple, il a en quelque sorte prévenu les marchés financiers que lors de la prochaine réunion des dirigeants de la banque centrale européenne, le 14 juin prochain, il est probable qu’ils annonceront la fin de l’argent gratuit. En résumé, pour nous sortir de la crise, la banque centrale européenne s’est jusqu’à présent débrouillée pour maintenir les taux d’intérêt à court terme au plancher, autour de 0%.
Ça n’a pas fait l’affaire des épargnants, du moins ceux qui n’investissent pas en Bourse et se contentent de leur livret d’épargne, mais en revanche, les endettés – donc l’Etat et beaucoup de ménages – ont pu souffler. C’est l’évidence même, lorsqu’on a de grosses dettes publiques ou privées, mieux vaut avoir des taux d’intérêt les plus faibles possible pour assurer le remboursement.
La croissance est repartie, mais elle montre déjà des signes d’essoufflement
Mais voilà, la banque centrale européenne estime que l’économie européenne va mieux et qu’elle n’a plus besoin de la béquille des taux d’intérêt faibles. Il est donc probable que la situation va se normaliser. En français courant, ça veut dire que la banque centrale européenne va laisser les taux d’intérêt à court terme remonter progressivement.
C’est cette perspective qui commence à faire peur à certains observateurs. Aux Etats-Unis, par exemple, les taux d’intérêt sont aussi repartis à la hausse. Mais aux Etats-Unis, l’économie se porte bien et le taux de chômage est à son plus bas historique. Dans la zone euro, ce n’est absolument pas le cas. La croissance est repartie, c’est vrai, mais elle montre déjà des signes d’essoufflement.
Quant au chômage, s’il est faible en Allemagne, c’est encore loin d’être le cas dans d’autres pays dont la Belgique, et en particulier à Bruxelles et en Wallonie. Et puis, il y a l’Italie qui risque de poser un problème à l’euro. En effet, le gouvernement qui est au pouvoir veut baisser les impôts et en même temps augmenter les dépenses publiques. Il ne faut pas être un grand économiste pour comprendre que la dette publique italienne va exploser puisque ces largesses seront financées par de la dette.
Or, si les taux d’intérêt se mettent à grimper, les Italiens vont se retrouver pris à la gorge. Bref, la question aujourd’hui, c’est : est-ce que la zone euro peut se permettre d’avoir des taux d’intérêt plus élevés ? Le débat ne fait que commencer !