Vous aimez vivre au rythme de la nature, vous êtes adepte de randonnées pédestres, vous vous sentez l’âme d’un coureur de bois ou d’une ornithologue chevronnée ? Alors vous serez envoûté par la Gaspésie, cette immense péninsule québécoise qui s’avance dans le golfe du St-Laurent comme une pince de homard.
Dernier sursaut de la chaîne des Appalaches, elle offre un contraste permanent entre mer et montagnes. Sur la côte, les villages n’ont souvent que le débouché de petites vallées et quelques arpents de grèves pour aligner leurs maisons de bois tandis que partout, la montagne, tapissée de forêts, semble tomber à pic dans les eaux du fleuve.
Un territoire incomparable
Vivre à la canadienne, c’est passer les week-end dans un parc ou dans une réserve faunique. Reprendre son souffle et refaire le plein d’énergie.
Se baigner dans l’eau douce d’un lac, se saucer comme on dit là-bas, ou encore en faire le tour, lentement, en pagayant sur son canoë.
Aller dans un parc, c’est goûter à la liberté de marcher, d’écouter les mille bruits ténus des sous-bois : le craquement d’une branche, le ballet rapide des écureuils, le martèlement opiniâtre d’un pic vert.
Le parc national de la Gaspésie, où l’on ne peut guère s’aventurer qu’à pied, s’étire en plein cœur de la péninsule, sur près de 800 km². La chaîne des Chics-Chocs, l’épine dorsale du parc, aligne ses monts dont les cimes culminent à près de 1.300 mètres. Si les sapinières à épinettes noires sont le refuge des orignaux, les sommets, où règne la toundra, abritent des hardes de caribous. Tout un univers subarctique à moins de cinquante kilomètres de la route côtière !
Une légende raconte que lorsque l’ange responsable de la distribution des montagnes, arriva au bout de sa tournée, il se sentit fatigué et décida de déverser pêle-mêle toutes les montagnes que contenait encore son sac dans les eaux côtières du nord de la Gaspésie, dessinant ainsi une géographie étrange et fantasque sur cette frange du littoral sud de l’estuaire.
Ici, l’horizon ne connaît pas de répit, déchiqueté par des pics qui s’inclinent vers la mer. Les parois rocheuses abritent des colonies de goélands argentés et de cormorans à aigrettes. Aux alentours, un enchevêtrement d’îlots montagneux sert de reposoir à des phoques communs de petite taille, l’emblème du parc national du Bic.
Au bout des terres
Tel un index tendu vers le large, le parc national de Fornillon s’étire dans le golfe sur 13 kilomètres. A la pointe du cap Gaspé, un phare abandonné en marque les limites. Ici, la terre s’abaisse jusqu’à se fondre dans les eaux froides d’une mer envoûtante, véritable royaume sans frontières d’oiseaux, de poissons et de mammifères marins. Un sentier pédestre court à flanc de rochers, ralliant des anses ourlées de galets où se vautrent des tribus de phoques.
Au 19ème siècle, le site était habité et bourdonnait d’activités liées au commerce de la morue. Des centaines de familles participaient aux différentes étapes de la production : pêche, transformation et expédition vers l’Europe. Aujourd’hui, le magasin général Hyman recrée cette ambiance d’autrefois et la maison de l’anse Blanchette, non loin de là, évoque ce que fut la vie d’une famille au tournant du siècle dernier.
Sur la Baie des Chaleurs, le parc national de Miguasha étire sur 800 mètres à peine, une dentelle d’escarpements rougeâtres qui bordent la rivière Ristigouche. Ce parc, le plus petit de tout le réseau, préserve un site fossilifère dont la réputation a fait le tour de la planète.
Grâce aux poissons et aux plantes fossiles qui témoignent d’un milieu de vie ayant existé voici 370 millions d’années, on a découvert le chaînon manquant entre la vie marine et la vie terrestre. Ce n’est pas pour rien que le site a rejoint les pyramides égyptiennes et la muraille de Chine sur la liste du patrimoine mondial de l’Unesco.
La Baie des Chaleurs se prolonge jusqu’à Percé, petit port bien connu pour son majestueux rocher troué, gigantesque monolithe de calcaire immergé dans la mer et qui offre, au coucher du soleil, un spectacle toujours renouvelé de sons et lumières. Féerie flamboyante du ciel qui tombe à l’horizon dans le bleu d’encre de la mer, saluée par les cris de milliers d’oiseaux qui plongent en piqué pour happer un poisson argenté glissant dans le roulis de la vague.
Cette joyeuse chorégraphie aérienne s’achève avec la nuit. Les oiseaux rejoignent leurs nids, sur l’île Bonaventure, dont la silhouette escarpée surgit au-delà du Rocher Percé. Les corniches creusées abritent des mouettes tridactyles, des macareux, des cormorans, des goélands et des petits pingouins ailés.
Mais la colonie la plus importante est celle des fous de Bassan qui résident sur l’île de mai à octobre. Protégés sur le site devenu parc national, ils se laissent observer à quelques mètres à peine.
Cette proximité exceptionnelle permet de découvrir le spectacle fascinant de milliers d’oiseaux, tellement occupés à se reproduire qu’ils en oublient la présence des nombreux touristes émerveillés par cette expérience. On se demande comment mâles et femelles, unis pour la vie, parviennent à se reconnaître au sein de cette foule caquetante et bruissant de battements d’ailes.
Il n’est plus possible de séjourner sur l’île Bonaventure et les quelques maisons abandonnées rappellent qu’autrefois une entreprise de pêche jersiaise, le Boutillier Brothers, y était installée et y prospéra durant près d’un siècle.
Pour mieux comprendre ce que fut la vie des premiers colons, Basques, Bretons, Irlandais, etc…, il faut revenir sur la presqu’île, à l’ombre de la petite ville de Percé, dans le petit port de l’Anse-à-Beaufils.
L’ancien magasin général de la compagnie Charles Robin a survécu grâce à la famille Cloutier, passionnée par l’histoire de sa région. C’est ici que les pêcheurs s’approvisionnaient et s’endettaient sur le produit de leur pêche.
Tout est resté dans un joyeux bric-à-brac, réhabilité par les propriétaires qui accueillent les visiteurs en costumes d’époque. En écoutant leurs incroyables anecdotes sur la grande et la petite histoire de la vie gaspésienne, pour un peu, on se croirait revenu au siècle dernier.
Infos https://www.quebecoriginal.com/fr-ca et www.quebecmaritime.ca.
Quand y aller : L’été, bien sûr, en sachant qu’il commence tard au Québec. Pour être sûr de trouver tous les sites ouverts au public, il faut attendre le 20 juin, une saison idéale pour pouvoir encore observer les oiseaux et leurs petits.
Comment y aller : Air Transat propose des vols depuis Bruxelles en direction de Montréal. Il reste à prendre une correspondance jusque Gaspé où il est possible de louer une voiture pour circuler dans la région.
Quelques adresses plus pointues autour des parcs : http://www.sepaq.com/pq/gas/; http://www.sepaq.com/pq/bic/; http://www.sepaq.com/pq/mig/; http://www.sepaq.com/pq/bon/