Les marchés boursiers terminent cette semaine en petite forme. Il faut dire qu’ils sont en proie au doute… Un doute qui est instillé par des hommes politiques dont le comportement erratique effraie la Bourse.
Prenons les pays émergents, qui sont sous pression en ce moment et ont moins la cote des investisseurs, c’est aussi en partie à cause de déclarations maladroites d’hommes politiques. Le dernier exemple, c’est le président turc qui annonce que, s’il gagne les élections, alors, je le cite : « Je prendrai le contrôle de la banque centrale et de la politique monétaire. »
C’est évidemment très maladroit comme déclaration, et il n’en fallait pas plus pour que la livre turque soit en chute libre. Pour tenter d’arrêter cette chute, la banque centrale turque est obligée de relever ses taux d’intérêt, mais cette remontée des taux étrangle bien entendu l’économie turque.
Mais la Bourse n’est pas seulement effrayée par ce qui se passe ou se dit dans certains pays émergents, elle a aussi peur des changements d’attitude de Donald Trump. Le président américain vient d’annoncer à son homologue nord-coréen que tout compte fait, il est prématuré qu’ils se rencontrent en juin prochain comme c’était prévu.
Avec Trump, on ne sait jamais s’il dit ce qu’il pense ou s’il bluffe, comme il l’explique bien dans son livre consacré à l’art de la négociation. Mais en attendant d’en savoir plus, la Bourse a décidé d’opter pour la version pessimiste et a donc mal réagi à ce énième tweet du président américain
« Avec Trump, on ne sait jamais s’il dit ce qu’il pense ou s’il bluffe »
Et en Europe, c’est l’Italie, dont j’ai parlé hier, qui inquiète les marchés financiers. Le plus étonnant, c’est que les investisseurs, malgré leur inquiétude, ne sont pas encore en mode panique. Pourquoi ?
Mais parce que, comme le rappelle la lettre d’informations « chronique agora », les investisseurs se souviennent qu’après tout le drame du Brexit n’a pas eu lieu. Ils se souviennent aussi que plus personne aujourd’hui ne parle de la Grèce, ils se souviennent que le drame de la Catalogne n’a pas eu lieu et surtout, ils se disent qu’en cas de problème, la banque centrale européenne est là pour veiller au grain.
En réalité, si les taux d’intérêt italiens ne sont pas encore à un niveau qui étrangle l’économie local, c’est que dans leur malheur, les Italiens ont au moins une chance : l’essentiel de leur dette publique appartient à des Italiens. Il n’y a qu’une petite partie de cette dette qui est entre les mains d’investisseurs étrangers, et cela c’est une bonne nouvelle pour l’Europe.
La mauvaise nouvelle pour l’Europe, c’est que Mark Zuckerberg, le fondateur de Facebook, a été auditionné par le parlement européen. A priori, c’est positif, oui, sauf qu’autant le patron de Facebook a consacré 6 heures aux députés et sénateurs américains, autant il n’a consacré que 37 minutes à peine aux députés européens… Comme l’a fait remarquer Marc Fiorentino, un commentateur boursier, il s’est même permis de dire aux députés européens qu’il voudrait qu’on respecte l’horloge car la discussion avait déjà pris 15 minutes de retard. Fiorentino a raison d’écrire que c’est à ce genre de déclaration désinvolte qu’on juge le poids de l’Europe pour un Américain.