Dans une analyse, il faut réunir toutes les informations ou pièces du puzzle pour essayer de tracer une vision plausible, bien au-delà des classements pompeux ou des « awards » attribués en général sur le court terme.
Qu’en sera t il dans 5 ou 10 ans?
Pour exemple, après parution du classement des aéroports ACI, Airport Council International, je prends les cas de 2 aéroports : Istanbul et Brussels Airport. Classés respectivement N° 15 mondial et N° 26 au niveau européen aujourd’hui.
Chacun d’eux a un business plan à court/ moyen et long terme mais déjà avec d’énormes différences à la base. Explications:
1) inquiétude légitime pour Brussels Airport.
Catchment aera ou non, le nombre d’habitants de 11 millions en Belgique reste critique pour son évolution basique. Sans parler de sa proximité avec d’autres aéroports belges ou non.
Le plus pénible reste le changement potentiel d’actionnariat. Rien de définitif encore, mais significatif pour l’avenir. Si un Macquarrie (20%) quitte l’actionnariat pour s’installer dans des régions plus attractives ou plus performantes, c’est un argument primordial, surtout lié à la rentabilité à moyen terme.
S’il est remplacé par une entité telle que ADP (Aéroport de Paris) par exemple, ce serait tout sauf une bonne nouvelle. Avec le risque de devenir un aéroport de substitution, pour accueillir un trafic de surplus et donc moins rentable.
Bonne chance aux dirigeants actuels pour convaincre les consommateurs que leur aéroport reste incontournable….même en tenant compte du fait que Bruxelles est la capitale de l’Europe.
2) L’ambition (pour l’instant encore dissimulée) d’Istanbul.
En octobre prochain sera inauguré le nouvel aéroport. Toujours en construction, et pourtant déjà considéré comme un des plus grands aéroports du monde, avec une capacité de 200 millions de passagers. Vous avez bien lu.
Pourquoi prendre Istanbul comme mètre-étalon? Simple !
J’ose la comparaison avec l’aéroport de Dubaï, aujourd’hui N° 3 mondial dans le classement ACI, avec 88 millions de passagers. Dubaï va-t-elle rester N° 3 dans le moyen terme ? J’en doute!
Principal opérateur local, Emirates Airlines exploite un trafic de transit issu du monde entier, avec seulement une population locale de 3,03 millions d’habitants. Sans oublier l’œil inquisiteur de l’UE qui désire ou exige une compétition transparente et sans intervention étatique. Ce n’est pas gagné!
La première réaction du CEO d’Emirates face à l’UE est sans équivoque. Il n’a pas le choix d’ailleurs : il réclame une forme de neutralité de la part de l’UE. Bonne chance. La Turquie, elle, compte presque 80 millions d’habitants, sans compter ses communautés au-delà de ses frontières. Turkish Airlines vole déjà sur plus de 300 destinations !
La volonté première de la Turquie d’être membre de l’UE s’est aussi déjà refroidie, pour ne pas dire oubliée, mais pas la volonté expansionniste de son Président Erdogan ; surtout si l’on imagine que le nouvel aéroport portera peut-être son nom. Mais le plus important reste le développement de TK qui va propulser et la compagnie aérienne, et surtout l’aéroport vers des sommets.
Mon pari? Istanbul Airport, Top 5 mondial dans les 5 années à venir au minimum. Brussels Airport, un statu-quo dans le meilleur des cas, et encore. Malheureusement.