Ce n’est pas une période facile pour les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon), ces nouveaux géants de l’économie. Et je ne parle pas que des déboires de Facebook…
Le premier réseau social mondial traverse la pire crise de sa jeune histoire. Facebook est aujourd’hui sommé de donner des explications aux différents gouvernements concernés. Quant à la Bourse, elle a fortement sanctionné le cours de son action, car elle part du principe que des mesures légales seront prises en matière de données personnelles et qu’elles seront mauvaises pour le business de la firme, un business qui je le rappelle consiste essentiellement à vendre nos données personnelles à des annonceurs.
Mais au-delà du cas Facebook, ce sont également les autres géants du Net, comme Google, Apple et Amazon, qui sont aussi dans le collimateur de la Commission européenne. Cette dernière vient de proposer de taxer ces mastodontes sur leur chiffre d’affaires. Plusieurs États européens ont déjà essayé de les taxer de leur côté par le passé, mais à chaque fois, cela a été un flop monumental. D’où l’idée aujourd’hui de proposer à l’ensemble de l’Europe de taxer ces GAFA, exactement comme Donald Trump ne se gêne pas pour taxer l’acier et l’aluminium européen.
La différence, hélas, c’est qu’en Europe, la fiscalité exige l’unanimité des pays autour de la table. En clair, il suffit qu’un pays bloque pour que la nouvelle taxation ne voie pas le jour. Or, des pays comme le Grand-Duché du Luxembourg ou l’Irlande se sont fait une spécialité d’accueillir ces géants du Net sur leur sol. Et il est clair qu’ils ne voudront pas se tirer une balle dans le pied.
« La volonté de taxer les géants d’internet arrive un peu tard… »
Et puis, l’autre point faible de cette volonté de taxer les géants d’internet, c’est qu’elle arrive un peu tard. Pourquoi ? Mais parce que Trump a baissé les impôts pour les entreprises qui rapatrient le cash qu’elles ont en dehors des États-Unis. Résultat: des firmes, comme Apple par exemple, ont déjà annoncé qu’elles allaient rapatrier ce cash et donc déjà accepté de payer le fisc américain, 38 milliards de dollars dans le cas de la firme à la pomme. De son côté, Microsoft a déjà payé 13 milliards de dollars. Et même Facebook a accepté de payer 2,3 milliards de dollars.
Au total, et à la date d’aujourd’hui, le fisc américain a déjà récupéré 64 milliards de dollars auprès de quatre géants du numérique. Traduction: les Européens sont des naïfs. Ils veulent taxer les géants du net, c’est bien. Sauf que ces géants viennent de vider leur cagnotte au fisc américain et qu’il ne restera plus grand-chose à taxer pour les Européens. C’est à se demander si Trump est aussi stupide qu’il en a l’air ?