Donald Trump a donc maintenu sa position de taxer les importations d’acier et d’aluminium. Alors qu’on se plaint des hommes politiques qui ne respectent pas leur parole, ici, les Américains sont gâtés, voilà un président qui ne revient pas sur ses positions. Mais est-ce vraiment un bien ?
Pour Bill Bonner, un commentateur économique américain (fondateur de la lettre d’information « chronique Agora »), le côté borné de Trump est la preuve qu’en politique, on préfère les accords gagnant-perdant que les accords gagnant-gagnant.
D’abord, parce que l’Europe, pour ne citer qu’elle, ne se laissera pas faire et a déjà annoncé qu’elle allait cibler sa riposte. En visant des secteurs ou des marques légendaires comme Harley-Davidson, une marque américaine iconique dont les ventes souffrent déjà. Si l’Europe augmente ses tarifs douaniers, Harley-Davidson risque d’avoir de grosses difficultés. Au final, les taxes douanières de Trump feront plus de mal que de bien aux secteurs nationaux qu’il souhaite défendre.
L’Américain Bill Bonner, avec son bon sens habituel, nous rappelle qu’une guerre commerciale est surtout conçue pour récompenser les élites aux dépens des autres. Les élites, ce sont les secteurs qui bénéficient de la protection de l’État américain parce qu’ils ont des relais au sein du monde politique. Et cette protection se fait au détriment des autres secteurs et des citoyens. On estime qu’il y a seulement 200.000 emplois dans les secteurs de la production d’acier et d’aluminium aux États-Unis: ce sont eux qui seront les gagnants de cette guerre commerciale. Et d’ailleurs, la Bourse ne s’y est pas trompée: le cours de bourse des sidérurgistes a augmenté ces derniers jours.
« Donald Trump, comme beaucoup de politiciens, ne connaît que les accords gagnant-perdant »
En revanche, les sociétés industrielles, les fabricants aéronautiques et les fabricants automobiles ont vu leur cours chuter. Tout cela veut dire quoi ? Mais qu’il y a plus de personnes et de sociétés qui utilisent l’acier et l’aluminium que des personnes qui en produisent. Et ce sont hélas eux les perdants de cette guerre commerciale. Les fabricants automobiles américains, nous dit Bill Bonner, utilisent en moyenne 1.500 kg d’acier dans chaque voiture. Ce coût additionnel va forcer les fabricants de voitures américains à augmenter leurs prix de vente… Ce n’est pas l’idéal quand on a pour slogan « America First ».
En fait, Donald Trump, comme beaucoup de politiciens, nous dit Bill Bonner, ne sait pas ce qu’est un accord gagnant-gagnant. Il ne connaît que le gagnant-perdant, ce qui est sans doute vrai en politique, car un parti remplace l’autre, alors que dans la vraie vie, les seuls accords valables sont les accords gagnant-gagnant. Or, en initiant une guerre commerciale, il va détruire la productivité de toute l’industrie américaine pour faire plaisir à un seul secteur.
Et les chefs d’entreprises, nous dit encore Bill Bonner, sont des êtres humains comme les autres: si on leur en donne l’occasion, ils préfèrent largement être protégés plutôt que de subir une concurrence honnête. « Sauf que la protection fait partie des pires choses que l’on peut infliger à une entreprise: autant dire à ses enfants de ne pas se casser la tête avec leurs devoirs ! », dixit Bill Bonner.