Le parc Disney de Shanghai a du souci à se faire car de nouveaux concurrents émergent dans le divertissement. Récemment, plus de 700.000 visiteurs chinois ont profité d’une semaine de vacances pour se ruer sur un nouveau parc à thème à Haining (près de Shanghai), qui propose des shows de lumière et des spectacles à réalité augmentée.
Le boom technologique en Chine
Avec leur casque de réalité virtuelle, ces spectateurs chinois se sont exclamés « oooh » et « aaah » pendant une dizaine de minutes devant un show aquatique et de lumière qui met en scène tortues, dauphins, mais aussi… Des modèles virtuels qui enfilent les dernières créations de mode à base de cuir et de fourrure. Aucun rapport, mais nous sommes en Chine, et il se trouve que la ville qui abrite le parc est aussi celle qui abrite le plus grand magasin de cuir du pays…
Plus que partout ailleurs en Asie, la Chine embrasse l’émergence et la puissance technologiques des hologrammes et de la réalité augmentée pour encourager le public à découvrir de nouveaux divertissements. Pas moins de 2,2€ milliards ont été investis dans le secteur du voyage et des loisirs en Chine depuis 2016.
« Jusqu’à il y a peu, les Chinois recherchaient des packages basiques, voire low cost, alors que maintenant, ils veulent de l’aventure », commente Zhou Kai, directeur d’un bureau d’étude basé à Pékin. Les législateurs chinois encouragent ce type de développement car cela favorise la consommation intérieure et donc l’économie.
Concurrence régionale
Ce parc à Haining espère rivaliser avec les shows de lumière de la Marina Bay Sands de Singapour ou même encore avec l’opéra de Sydney. Mais il doit déjà faire face à la concurrence d’une douzaine d’autres villes chinoises avant !
Depuis que l’e-commerce affaiblit la vente de cuir dans la ville, le « Haining Park » a permis d’attirer plus de 3,9 millions de visiteurs depuis son ouverture en septembre l’année dernière, chacun payant environ 80 yuan (14€) pour un ticket.
Un pari sur l’avenir
« L’idée est simple : les touristes viennent ici pour acheter du cuir pendant la journée, et ils en profitent pour assister au show le soir », explique Zhou Wei, fondateur de Nth Power, la start-up qui se cache derrière le parc à thème du gouvernement. « Il ne s’agit pas seulement de la vente de tickets, tout d’un coup, vos restaurants et vos hôtels se remplissent aussi ».
Cette start-up a dirigé environ 30 projets de ce type à travers le pays, y compris l’installation d’un mur-écran géant et tactile qui « accueille » une méduse virtuelle dans un aquarium, bien réel, dans la province de Guizhou. Certains gros acteurs de l’internet chinois sont en train de prendre le train en marche, souvent en partenariat avec des autorités gouvernementales locales.
La technologie s’étend partout
Dans la ville de Wuhu, dans la province d’Anhui, le géant du réseau social Tencent Holdings a l’intention de construire un parc « e-sport » basé sur les personnages populaires des anime et des jeux vidéo. Mais la tendance s’étend à d’autres secteurs que les parcs à thème : les centres commerciaux, les restaurants et d’autres industries sont en train d’accueillir ces technologies à bras ouverts.
Le groupe Alibaba a utilisé un jeu à réalité augmentée impliquant un chat pour attirer les consommateurs vers des destinations de shopping mais aussi pour les divertir le « jour des célibataires » (oui, cela existe en Chine). Ultraviolet, un restaurant à Shanghai, offre une expérience culinaire immersive avec sons et lumières pour 10.000 yuan (1.280€) le couvert. Le zoo de Guangzhou a ouvert une zone « réalité virtuelle » ce mois-ci qui permet aux visiteurs d’apprendre comment chassent les chauves-souris, mais aussi de prendre des selfies avec des pandas virtuels ou de tirer sur des T-Rex…
Bientôt les Chinois à Paris ?
Tandis que la Chine transite progressivement vers une économie tirée par la consommation intérieure, les villes qui cherchent à attirer un nombre exponentiel de touristes « accros à la technologie » n’ont pas d’autre choix que d’investir dans ces attractions de plus en plus avancées. Mais le public occidental est-il aussi friand de réalité virtuelle ?
« Ne sous-estimez pas la demande pour ces parcs à thèmes à réalité augmentée dans les villes chinoises », martèle Mr. Zhou de Nth Power. « Les endroits comme Hangzhou et Hainan – qui sont déjà des destinations touristiques – veulent tous cela ».
Alors, ils sont fous ces Chinois, ou bien ont-ils une longueur d’avance ?