Les bourses ont trébuché ce lundi et vendredi, avec pour raison principale les chiffres de l’emploi qui sont meilleurs que prévus aux États-Unis. À croire que la bourse n’aime pas les bonnes nouvelles! Mais c’est plus compliqué que cela…
Les arbres ne grimpent pas jusqu’au ciel. Ce vieil adage boursier, les investisseurs s’en sont souvenus vendredi et ce lundi. En effet, durant ces deux jours, les bourses mondiales ont été fortement chahutées. Le déclencheur étonne toujours le grand public, car la bourse a son propre raisonnement qui n’est pas celui de monsieur et madame tout-le-monde. En clair, la chute de Wall Street a démarré vendredi dernier parce que les chiffres de l’emploi américain sont meilleurs que prévus.
C’est complètement fou, mais c’est logique du point de vue de la bourse. En effet, les créations d’emploi aux États-Unis en janvier dernier ont dépassé les attentes des investisseurs avec carrément 200.000 emplois nets. Mais ce qui a surtout fait vaciller la bourse américaine, c’est la hausse des salaires sur un an de 2,9%. C’est la hausse salariale la plus élevée depuis 2009. Dit comme cela, il serait facile de dire que si la bourse chute après de si bons chiffres, c’est que les investisseurs sont des êtres malfaisants qui n’aiment que le chômage et les salaires bas.
En réalité, ce n’est pas du tout cela qui est en question. La bourse en effet est une machine à anticipation et dès lors que les salaires augmentent, que le taux d’emploi continue de s’améliorer, les investisseurs en déduisent que ce sont autant de facteurs qui vont renforcer l’inflation. Et si l’inflation repart à la hausse, les taux d’intérêt vont aussi mécaniquement augmenter, à court terme et à long terme. À long terme, c’est déjà le cas, et plus vite que ne le pensaient d’ailleurs les investisseurs; à court terme, c’est vrai que c’est une décision qui doit d’abord être prise par la Banque centrale, notamment américaine, et vu les bons chiffres de l’emploi, les investisseurs sont maintenant convaincus que la hausse des taux est imminente et qu’il y aura plusieurs hausses des taux en 2018.
« Si la bourse chute après les bons chiffres de l’emploi, c’est que les investisseurs sont des êtres malfaisants qui n’aiment que le chômage et les salaires bas? C’est plus compliqué que ça… »
Or, comme vous le savez, la hausse des taux n’est pas bonne, en principe, pour les actions, surtout si cette hausse est trop rapide. Vendredi et lundi dernier, les investisseurs ont donc vendu une partie de leurs actions pour mettre à l’abri leurs bénéfices engrangés depuis quelques mois. Et puis certains d’entre eux se sont même réfugiés dans le marché obligataire qui offre maintenant de meilleurs taux.
Ça, c’est pour les États-Unis. L’Europe, elle, a aussi été contaminée, mais manque de pot, la hausse de l’euro a empêché les bourses européennes de réaliser d’aussi bons scores que la bourse américaine lorsqu’elle était en hausse. En d’autres mots, les bourses européennes n’ont pas pu profiter de la hausse comme aux États-Unis, mais en revanche, la baisse de la bourse américaine les a immédiatement contaminées. En attendant, en bourse, personne ne semble de cette chute enregistrée vendredi et lundi dernier, parce que d’avis unanime, les actions étaient devenues beaucoup trop chères, une correction s’imposait.
Les plus optimistes se disent que d’ici quelques jours ou quelques semaines, ils verront plus clair et pourront entrer à bon prix, à bon compte, en bourse. Les plus pessimistes devront attendre de voir comment se comporter la bourse ce mardi et les jours suivants. Bref, il va y avoir de la volatilité ces jours-ci. La bourse n’est donc plus un chemin pavé de roses comme c’était le cas ces dernières années: le risque fait son grand retour.